Dans le Nord, les communautés d'abord

Publié le 27/10/2012 à 00:00, mis à jour le 25/10/2012 à 10:18

Dans le Nord, les communautés d'abord

Publié le 27/10/2012 à 00:00, mis à jour le 25/10/2012 à 10:18

Quand je suis allé pour la première fois à Fermont, il y a 35 ans, le maire de l'époque, Jean-Claude Ménard, m'avait dit : «Fermont sera devenue une vraie ville le jour où quelqu'un demandera à être enterré ici». Les installations étaient toutes neuves et il souhaitait que des gens choisissent de s'y établir de façon permanente, et non de venir y travailler pour ensuite redescendre vers le sud.

Depuis, la ville a grandi (elle comptait 4 000 habitants au début des années 1980), avant d'être éprouvée par des crises économiques successives. Sa population a fondu de moitié. Le regain d'intérêt pour les ressources du Nord lui fait du bien, et près de 3 000 personnes y vivent maintenant.

Mais il n'y a toujours pas de cimetière à Fermont.

La mairesse d'aujourd'hui, Lise Pelletier, commencerait plutôt par une garderie digne de ce nom : quelque 160 enfants attendent toujours une place, dans cette ville qui attire beaucoup de jeunes familles.

Elle attire aussi les visiteurs intéressés par son élan renouvelé, comme la trentaine d'entrepreneurs de notre Mission Grand Nord, organisée par Les Affaires. Pendant trois jours, ils en ont profité pour échanger des cartes de visite et pour sonder les besoins du milieu, bien sûr, mais aussi pour s'informer de la vie au jour le jour.

À Fermont, ils ont rencontré une mairesse déterminée qui se démène aussi pour obtenir les fonds nécessaires à la construction d'une nouvelle usine de filtration, d'un centre communautaire et d'autres infrastructures de base. Elle rêve aussi de commerces de proximité à l'image de ceux qu'on voit ailleurs au Québec, pour renforcer sa communauté.

De Kuujjuaq à Sept-Îles, tous les dirigeants que nous avons côtoyés pendant notre périple avaient ce mot à la bouche : communauté. C'est probablement un des enjeux mal compris des grands projets en chantier dans le Nord. Les ressources naturelles sont dans la mire. Les richesses humaines devraient l'être tout autant, pensent-ils.

Le développement en accordéon

C'est pourquoi ils partent en bataille contre le développement en accordéon, qui se gonfle et se ratatine au gré des cycles économiques. Un peu comme à Fermont, mais à une autre échelle, la population de Sept-Îles est passée de 40 000 à 20 000 résidents en dix ans, des années 1970 aux années 1980. La réduction des activités de la compagnie Iron Ore a fait terriblement mal.

Aujourd'hui, Sept-Îles a relevé la tête, et les logements jadis placardés ont retrouvé preneur. Il en manque. On cherche continuellement à ouvrir de nouvelles rues dans cet environnement où le sous-sol ne convient pas toujours. Mais il faut aller de l'avant.

L'ancien maire de Kuujjuaq, Johnny Adams, plaide aussi pour l'amélioration des conditions de vie de ses concitoyens, tout en demeurant prudent face à l'idée d'une arrivée massive de travailleurs du Sud attirés par le Grand Nord. Oui, le développement est prometteur et il faut du renfort, en évitant toutefois que le débarquement des pelles mécaniques n'abîme la fragile culture inuite. Les gens, là-bas, n'ont rien contre la modernité. Ils doivent seulement apprendre à la gérer.

La vie peut être rude. Le territoire est immense. Sur des centaines de kilomètres, on ne distingue rien d'autre que du roc, des arbres, des lacs et des rivières. Puis surgit au loin, vu du haut des airs, un village si isolé qu'on a peine à imaginer le quotidien de ces gens, comme ceux de Tasiujaq (notre photo), à l'embouchure de la rivière aux Feuilles, dans la baie d'Ungava.

Mais quand nous atterrirons plus tard à Kangiqsujuaq pour le ravitaillement de l'avion en carburant, les deux jeunes filles au comptoir de l'aérogare prendront nos téléphones portables pour y inscrire l'invraisemblable mot de passe donnant accès au service Wi-Fi... avec l'air de nous demander si nous doutions qu'on puisse se raccorder à un réseau dans cet environnement que nos préjugés de citadins auraient qualifié de complètement perdu. Quand même, arrivez en ville, les touristes !

Si nous avions volé en sens inverse à partir de Montréal, nous serions arrivés en Floride. Il est grand, le Québec. Il reste encore beaucoup à découvrir, au premier chef, les gens. Les communautés d'abord, ensuite le développement. C'est l'incontournable condition.

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

À la une

Wall Street indécise, termine proche de l'équilibre

Mis à jour à 17:01 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto a terminé dans le vert.

Bourse: les gagnants et les perdants du 7 mai

Mis à jour il y a 14 minutes | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.

À surveiller: Canadian Tire, 5N Plus et TC Énergie

Que faire avec les titres de Canadian Tire, 5N Plus et TC Énergie? Voici des recommandations d'analystes.