Comment ramener les passagers à bord

Publié le 07/03/2009 à 00:00

Comment ramener les passagers à bord

Publié le 07/03/2009 à 00:00

La semaine dernière, le président du plus important transporteur aérien à bas prix d'Europe, Ryanair, affirmait sérieusement envisager de faire payer aux passagers l'accès aux toilettes de ses avions.

Peu importe ce qu'il adviendra de cette idée - évoquée à la blague il y a encore quelques mois -, elle traduit la panique actuelle de l'industrie du transport aérien. La demande de sièges a chuté de 5,6 % en janvier par rapport à 2008, et la chute de la demande atteint 23,2 % dans le fret, selon le dernier rapport de l'Association du transport aérien international.

Résultat : on s'attend à des pertes monumentales de 35 milliards de dollars américains (G$ US) en 2009, sur des revenus de 536 G$ US en 2008, la première baisse de revenus depuis le déclin de 2001 et 2002.

Les deux pieds dans la récession

La situation exige de s'adapter rapidement. " Mais après avoir tant coupé et inventé de nouvelles façons de faire payer les passagers, d'aucuns se demandent ce que les transporteurs peuvent encore bien faire ", dit Jacques Roy, spécialiste de cette industrie à HEC Montréal.

C'est particulièrement vrai pour les transporteurs à bas coûts comme JetBlue Airways ou AirTran Airways, dont la structure de fonctionnement est, par définition, déjà bien plus légère que celle de la plupart des transporteurs traditionnels.

Les spécialistes s'accordent à dire que c'est probablement dans le raffinement de mesures déjà adoptées que les transporteurs parviendront à traverser la tempête.

Là où la clientèle est en baisse, les compagnies réduisent la taille des appareils ou diminuent la fréquence des liaisons. Air Canada a réussi à augmenter son coefficient d'occupation à 78,1 % en janvier, en très légère hausse par rapport à 77,9 % en janvier 2008. L'analyste Cameron Doerksen, de Partenaires Versant, précise que l'entreprise a réduit de 8,8 % sa capacité globale en janvier, dont 6 % sur les liaisons intérieures, 7,7 % sur les liaisons internationales, et pas moins de 15,8 % sur les trajets transfontaliers entre le Canada et les États-Unis.

Flexibilité

La où le marché le permet, l'offre de sièges est augmentée : Air France portera de trois à quatre le nombre de départs quotidiens de Montréal vers Paris à compter de l'été. " La clé du succès se trouve dans la flexibilité et la liberté qu'ont les entreprises d'apporter les changements voulus au moment opportun. Des changements dans le choix des appareils, dans les liaisons offertes, dans leur fréquence ", dit Erik Varwijk, vice-président exécutif, international et Pays Bas, d'Air France-KLM.

Jacques Roy estime que les transporteurs auraient encore avantage à améliorer leur système de gestion dynamique de la tarification, même si on s'attend à ce que la réduction combinée du carburant et de la demande de passagers entraîne une baisse notable des prix des billets.

Michael Burt, directeur associé, perspectives industrielles, du Conference Board du Canada, s'attend à une réduction de 7,5 % au Canada cette année. Les passagers profiteront aussi de l'élimination de frais annexes (surtaxe sur le carburant, frais pour un second bagage enregistré, café ou eau payants à bord, etc.).

De nouvelles mises à pied massives ne sont pas à l'ordre du jour. Le Conference Board s'attend tout au plus à la perte d'un millier d'emplois parmi les quelque 63 000 travailleurs de l'industrie au Canada. Les transporteurs opteront plutôt pour une réduction au minimum des heures supplémentaires.

78,1 %

Coefficient d'occupation d'Air Canada en janvier, en légère hausse par rapport à 77,9 % en janvier 2008.

martin.jolicoeur@transcontinental.ca

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