Comment Cascades navigue d'une crise à l'autre sans couler

Publié le 07/03/2009 à 00:00

Comment Cascades navigue d'une crise à l'autre sans couler

Publié le 07/03/2009 à 00:00

Par Marc Gosselin

Il ne se passe pas une semaine dans l'actualité économique sans qu'un acteur de l'industrie forestière n'annonce des réductions de production ou des fermetures d'installations.

Malgré ce contexte défavorable, Cascades continue de tirer son épingle du jeu.

Le géant québécois qui fabrique, transforme et commercialise des emballages et des papiers minces vient d'afficher un bénéfice net de 17 millions de dollars pour le dernier trimestre de 2008, terminé le 31 décembre.

Ces résultats ne sont pas le fruit du hasard. Cascades navigue d'une crise à l'autre depuis plus de cinq ans et a su s'adapter afin de demeurer concurrentielle.

Conférencier invité à l'événement Une crise pour mieux rebondir, organisé dans le cadre des Matins-conseils Les Affaires, le président et chef de la direction de Cascades, Alain Lemaire, a expliqué comment son entreprise fait face à l'interminable crise de l'industrie forestière.

Une crise en trois temps

Selon M. Lemaire, cette crise se divise en trois périodes : 2003-2004, 2005-2006 et 2007-2008.

" Dès 2003, nous devions composer avec une forte fluctuation des devises, l'augmentation des coûts de l'énergie et de la fibre ainsi qu'une diminution de nos ventes. À cela s'ajoutaient la mondialisation des acheteurs et une consolidation de notre industrie ", a-t-il expliqué à l'auditoire.

Au deuxième temps de la crise forestière, en 2005-2006, l'Asie est devenue un important concurrent des entreprises de l'industrie forestière.

Par exemple, à cette époque, une caisse de serviettes en papier fabriquées en Chine était vendue 23 $ aux distributeurs du Québec, alors que l'équivalent chez Cascades coûtait 27 $, a précisé Alain Lemaire.

" Nous avons assisté à une démobilisation de notre clientèle, à l'émergence de demandes d'offres mondiales, par exemple de la part de multinationales de l'alimentation. Il y a eu des diminutions de prix et de clientèle ", a souligné le dirigeant.

Les tendances constatées en 2005-2006 se sont amplifiées en 2007-2008. La forte poussée du dollar canadien ainsi que l'importante croissance des coûts du pétrole et du transport ont forcé les " troupes à diminuer les coûts de production ".

Le président et chef de la direction de Cascades a adressé les conseils suivants aux entrepreneurs, qui font face à une crise de l'ampleur de celle qu'il a affrontée.

1Contrôler ce qui peut l'être

" Nous ne pouvons pas agir sur la valeur du dollar canadien ni sur la croissance de l'économie mondiale. Par contre, nous sommes des meneurs en développement durable et en innovation.

" Nous avons donc choisi de miser sur nos employés et de faire valoir nos bons coups, comme les éco- certifications. Par exemple, nous avons revu notre logistique d'entreprise et de transport, ce qui a entraîné des réductions de coûts ", a souligné M. Lemaire.

2Continuer d'investir en R-D

Cascades est le seul acteur du domaine forestier à exploiter un centre de R-D " qui s'autofinance ", a rappelé Alain Lemaire.

L'entreprise a investi plus de 10 millions de dollars dans la fabrication d'une caisse cartonnée sans cire qui pourra être utilisée dans le domaine de l'alimentation. Ce produit sera disponible dès cette année. Les caisses actuelles, recouvertes d'une couche de cire, ne sont pas recyclables.

Cascades met également au point un verre à café fait de fibres recyclées. Ce contenant sera aussi lancé cette année, a annoncé le président et chef de la direction.

3 Réorganiser ses activités

Cascades n'est pas passée au travers de la crise sans heurts. Elle a fermé le tiers de ses usines, les faisant passer de 150 à 100 depuis 2005.

De 15 000, le nombre d'employés a été réduit à 13 000. Cascades a vendu des actifs et en a acheté d'autres, par exemple Norampac, en 2006.

Des conventions collectives ont été réouvertes pour assurer la survie d'usines.

" Ce n'était jamais arrivé dans l'histoire de Cascades. Nous avons choisi la voie de la transparence dans nos relations avec nos employés. Nous avons beaucoup travaillé, depuis deux ans, pour diffuser à l'interne la vision et la stratégie de l'entreprise.

" Et moi qui connais peu le Web, je tiens maintenant un blogue ", a ajouté Alain Lemaine, avec une pointe d'humour.

MISER SUR SES EMPLOYÉS ET SUR SA PRODUCTIVITÉ POUR GARDER LA TÊTE HORS DE L'EAU

Plutôt que de pratiquer un style de gestion vertical et d'imposer les idées des gestionnaires de Cascades, Alain Lemaire mise sur ses employés pour voir émerger de bonnes trouvailles qui seront éventuellement mises en marché.

Il y a deux ans, le fabricant de carton et de papiers minces a créé un comité des " bonnes idées ". Résultat : les employés ont soumis 400 idées, dont quatre ont suivi l'ensemble du processus d'innovation.

" Sans les initiatives pour renforcer la motivation de nos employés et les efforts afin d'améliorer notre productivité, Cascades serait en difficulté aujourd'hui ", a avancé le président et chef de la direction.

Pas en mode d'acquisition

Questionné par les participants de l'événement Matins-conseils Les Affaires sur la situation financière de Cascades, M. Lemaire a indiqué que l'endettement de l'entreprise n'était pas à un niveau idéal.

" Nous ne sommes pas actuellement en mode d'acquisition ni même en mode de dépenses en capital ", a-t-il répondu.

En plus de miser sur l'innovation, Alain Lemaire recommande aux gestionnaires de s'entourer de gens " différents de nous, qui n'ont pas la même vision des choses, du développement de l'entreprise ".

LES MATINS-CONSEILS

Apprenez des dirigeants qui ont participé à l'événement Une crise pour mieux rebondir, dans le cadre des Matins-conseils Les Affaires.

Alain Lemaire, de Cascades

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