Au moins, l'effet huard se fait sentir dans les salles de bain

Publié le 30/04/2011 à 00:00

Au moins, l'effet huard se fait sentir dans les salles de bain

Publié le 30/04/2011 à 00:00

Nous sommes encore en train de nous faire avoir.

Une étude récente de la BMO signale que les consommateurs canadiens profitent peu de l'envolée du huard, qui vaut obstinément plus cher que le dollar américain. Il l'a dépassé il y a maintenant cinq mois et depuis l'automne 2009, il n'est jamais descendu sous les 97 cents US.

Autrement dit, la parité des deux devises n'est pas un phénomène passager. Or, loin de se réduire, l'écart des prix au détail n'a cessé de s'accroître, nous apprend Douglas Porter, économiste à la BMO. En 2009, les consommateurs canadiens payaient en moyenne 7 % de plus pour une gamme donnée de produits, la différence est aujourd'hui de 20 %.

Choquant ! D'autant plus qu'on nous sert les mêmes excuses : densité de la population, concurrence plus féroce au sud, alouette.

Heureusement, des brèches apparaissent. Les prix ont commencé à baisser dans certains secteurs.

" Nous sommes bien obligés de réduire nos prix ", dit Martin Deschênes, président et chef de la direction du Groupe Deschênes, le plus important grossiste de propriété canadienne en plomberie, chauffage et climatisation. En fait, note-t-il, tout ce qui n'est pas lié aux " commodités ", dont les cours se sont récemment envolés, devrait refléter la vigueur du dollar canadien. Les prix du pétrole ou du blé ont monté en flèche, mais pas ceux de la porcelaine. Il n'y a donc aucune raison que les lavabos et les cuvettes de toilettes fabriqués aux États-Unis coûtent plus cher.

" Les plombiers sont au courant des prix et ils nous appellent pour faire pression. Les gens qui vivent près de la frontière américaine partent magasiner aux États-Unis. Ça nous a conduits à contacter les manufacturiers pour leur dire que cette situation nous agaçait et qu'il était temps de baisser les prix. Ou bien de les maintenir au même niveau ici s'ils les augmentent chez eux. "

Ce sont des changements logiques et justifiés, pense Martin Deschênes. " C'est sûr que j'aimerais tout garder dans mes poches, mais la concurrence finirait par nous rattraper. J'ai donc intérêt à obtenir les meilleurs prix et à en faire profiter mes clients. " Résultat ? " En 2008, nous avons connu une déflation globale de 2 % sur nos prix mais les ventes ont quand même augmenté, parce que les commandes sont demeurées vigoureuses. "

D'accord, mais pourquoi ne voit-on pareil comportement dans des secteurs où les ajustements tardent à survenir, au grand déplaisir des consommateurs, comme l'industrie de l'électronique et celle de l'automobile ?

Le contexte est différent. En électronique, les grands fabricants vendent directement aux détaillants. Ce sont des marques fortes - Apple, Dell ou Sony - qui ont le pouvoir d'imposer leurs prix. Dans ce cas, l'absence d'intermédiaires nuit.

Même chose pour les constructeurs automobiles. Le rapport de forces n'est pas à l'avantage du concessionnaire, qui ne peut que transmettre les doléances des consommateurs irrités.

En avoir plus pour son argent

Pour le matériel de plomberie et de chauffage, cependant, les propriétaires et futurs propriétaires peuvent au moins espérer en avoir davantage pour leur argent. De plus, on estime que l'activité est appelée à ralentir dans l'industrie de la construction domiciliaire, notamment en raison de la hausse des taux hypothécaires.

Si c'était pareil partout... Dans les faits, le pouvoir d'achat des consommateurs est loin d'augmenter confirme l'étude de la BMO. La force du huard ne se traduit pas par des aubaines. En revanche, elle nuit grandement aux exportations, comme le montrait le dernier bilan commercial du Canada, lequel affichait un surplus anémique de 33 millions de dollars. Nous subissons les conséquences sans bénéficier des bons côtés.

Les prix demeureront plus élevés ici tant que les détaillants ne changeront pas les étiquettes, " et tant que les consommateurs accepteront de payer ", soulignait candidement Douglas Porter. C'est vrai que nous n'avons guère le choix, mais il faudrait bien faire passer le message d'une façon ou d'une autre pour rappeler que le gros bout du bâton se trouve maintenant de ce côté-ci de la frontière, et pour un bon moment.

DE MON BLOGUE

Indice des prix à la consommation

Inflation ou non inflation, telle est la question

En mars, l'indice des prix à la consommation a grimpé de plus de 1 %, ce qui porte la hausse à 3,3 % sur 12 mois. [...] La prospérité du Canada réside en bonne partie dans sa capacité à exporter. Si la Banque du Canada bouge trop vite, ou trop fort, alors que la Réserve fédérale américaine, elle, demeure sur les lignes de côté, le huard va s'envoler encore plus haut.

Vos réactions

" À quoi bon augmenter les taux pour diminuer l'inflation mondiale sur laquelle nous n'avons aucun impact alors que l'impact réel de cette hausse se verra sur la valeur du huard, qui risque de frôler les 1,25 $ US si on continue de creuser l'écart avec le taux américain. "

- Getalife

" C'est la maladie hollandaise qui se propage ici. Le pétrole est exploité le plus rapidement possible, ce qui crée une entrée massive de fonds qui fait monter le dollar. Si vous travaillez dans le domaine pétrolier, c'est fantastique pour vous, sinon vous avez choisi le mauvais domaine. "

- berixyz

" En fait, c'est plus le dollar américain qui se dévalue par rapport à tout. Dans ce cas, on doit laisser monter le dollar canadien et exporter davantage dans les autres pays. "

- igloo

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

rene.vezina@transcontinental.ca

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