Comment les communautés du Québec peuvent-elles participer à la modernisation et au développement de son économie, et en profiter ?

Le plus important, c'est de faire le constat que nous faisons partie d'une économie d'envergure mondiale. Il faut que nous, les municipalités, développions des communautés attractives et dynamiques, pour assurer la relève de nos organisations et de nos entreprises. Dans le Bas-Saint-Laurent, 20 000 emplois seront à pourvoir d'ici quatre ou cinq ans. Où va-t-on aller chercher ce monde-là ?

En quoi est-ce la responsabilité des municipalités ?

Ce défi d'attirer une jeune relève, ce n'est pas le gouvernement provincial qui va le relever. Il ne dira pas : «Vous, allez vous installer à Rimouski ; vous, à Sept-Îles...» Les villes doivent faire preuve de leadership pour créer des niches chez elles. Les grandes réussites des dernières années proviennent surtout des municipalités. Portland, en Oregon, s'est donné une vision de développement concernant l'économie verte. Barcelone, auparavant une économie industrielle traditionnelle, totalement dévitalisée, a bâti une renaissance sur le design... Ce n'est pas parce que les égouts fonctionnent bien ou que les rues sont bien nettoyées que les familles viendront s'installer à Rimouski ! Mon job, c'est peut-être, par exemple, de soutenir financièrement un centre de recherche de la Technopole maritime du Québec.

Avez-vous les moyens de vos ambitions ?

Maintenant, les municipalités font du développement économique. Elles s'occupent de problèmes d'itinérance, de logements sociaux, de gangs de rue, de violence... Au début des années 1980, 80 % du budget était destiné aux services aux immeubles : égouts, rues... Aujourd'hui, presque la moitié est investie dans des services à la personne. Mais les revenus se limitent toujours à la taxe foncière ! À un moment donné, il faut diversifier nos sources de financement. Dans l'énergie éolienne, nous avons manqué une occasion. Hydro-Québec a signé des contrats avec des entreprises de l'extérieur, en donnant un peu d'actions à des municipalités. Les communautés auraient pu mieux utiliser ce potentiel pour diversifier leurs revenus, par des redevances ou carrément en exploitant elles-mêmes des parcs éoliens.

Nom : Éric Forest

Âge : 59 ans

Fonctions : Président de l'Union des municipalités du Québec et maire de Rimouski

La ville qu'il dirige, la métropole de l'Est du Québec, fait l'envie des autres communautés de moins de 50 000 habitants pour ses nombreux emplois scientifiques et en haute technologie.