Ralentissement de la croissance économique, chute des investissements, hausse de l'inflation... L'Inde s'essouffle, ce qui n'augure rien de bon pour les entreprises canadiennes.
Au premier trimestre de 2012, le PIB réel de l'Inde a progressé de 5,3 %, soit son pire résultat depuis 2003. La contre-performance de la troisième économie asiatique survient, alors que la Chine, le Brésil, l'Europe et les États-Unis éprouvent aussi des difficultés.
Le ralentissement indien est un enjeu de taille pour les exportateurs canadiens. En 2011, nos expéditions de marchandises vers ce pays se sont élevées à 2,6 milliards de dollars canadiens, soit un peu moins que les exportations canadiennes en France (3 G$ CA). «Le ralentissement en Inde a moins de répercussions sur le Canada que la crise européenne ou la faible croissance aux États-Unis, mais il a néanmoins un impact», dit Jean-Michel Laurin, vice-président, affaires mondiales, chez les Manufacturiers et exportateurs du Canada.
D'autant que les exportations canadiennes en Inde sont sur leur lancée. De 2007 à 2011, on parle d'un bond de 46 %.
Le Canada y expédie surtout des légumes, des engrais, du papier journal, des avions et des diamants (l'Inde est un important pays tailleur de cette pierre précieuse). Parmi les quelques entreprises canadiennes établies en Inde figure le détaillant de chaussures Aldo, qui y exploite une vingtaine de magasins.
Une situation politique explosive
Plusieurs raisons expliquent les problèmes économiques du pays, selon Serge Granger, spécialiste de l'Inde à l'Université de Sherbrooke. Tout d'abord, la poussée de l'inflation, qui atteint 10,2 %. «Ce niveau n'a rien pour stimuler les investissements dans le pays», dit-il. Au premier trimestre de 2012, ils ont progressé de 9,8 %, ce qui représente toute une dégringolade par rapport au deuxième trimestre de 2011, à 20,8 %. La banque centrale de l'Inde a réduit son taux directeur, mais il reste néanmoins élevé, à 8 %. (Au Canada, celui de la banque centrale s'établit à 1 %, pour une inflation à 2 % en avril.)
La situation politique en Inde est aussi explosive, souligne Serge Granger. «Le gouvernement minoritaire de centre gauche pourrait bientôt tomber, ce qui annonce de l'instabilité politique.» Au pouvoir depuis 2009, l'Indian National Congress a mis depuis quelque temps un frein aux réformes pour libéraliser l'économie, et ce, pour augmenter les dépenses allouées aux programmes sociaux.
