Année charnière pour Æterna Zentaris

Publié le 23/07/2011 à 00:00

Année charnière pour Æterna Zentaris

Publié le 23/07/2011 à 00:00

Æterna Zentaris voit peut-être la lumière au bout du tunnel. La société de biotechnologie de Québec (TSX, AEZ), dont le titre a été malmené par les investisseurs au cours des dernières années - d'un sommet de 11,35 $, le 21 mai 2004, il a fléchi à environ 2,20 $ - attend les résultats de son étude de phase III sur le Perifosine d'ici la fin de l'année ou le début de 2012, au plus tard. Ce médicament est destiné à prolonger la vie des personnes souffrant d'un cancer colorectal avancé.

"Nous sommes les plus avancés dans le monde pour le traitement du cancer du côlon, l'un des plus meurtriers", affirme Dennis Turpin, vice-président et chef de la direction financière d'Æterna Zentaris.

L'étude de phase III est la dernière étape avant la commercialisation. Les chances de succès à ce stade sont de 50 à 60 %, selon l'entreprise. Mais si l'optimisme règne, c'est que les résultats des études de phase II, menées avec un placebo (une rareté en oncologie, dit-on chez Æterna), ont donné des résultats encourageants. Les patients souffrant d'un cancer colorectal avec métastases et réfractaire aux traitements habituels ont pu survivre 15 mois en moyenne en prenant une combinaison de Perifosine et d'agents de chimiothérapie, par rapport à 6,6 mois chez ceux qui ont reçu un placebo.

Les études de phase III s'effectuent sur 430 patients plutôt que 35 comme en phase II. Selon l'entente conclue avec la Food and Drug Administration des États-Unis, le Perifosine sera homologué si la médiane de survie générale est améliorée d'au moins deux mois.

Æterna, qui avait une protection de base jusqu'en 2013 sur le Perifosine, vient d'obtenir un brevet européen jusqu'en 2023 pour l'exclusivité du médicament en combinaison avec des agents de chimiothérapie (fluorouracil et capecitabine), que ce soit pour le cancer du côlon ou d'autres indications comme le cancer gastrique ou le cancer du sein. Des brevets similaires ont été obtenus ailleurs, notamment en Chine, en Australie et au Mexique. La société s'attend au même octroi au Canada et aux États-Unis, notamment.

Investissement risqué

Des analystes consultés par Les Affaires et qui ne veulent pas être nommés recommandent de garder les actions d'Æterna. Ils considèrent toutefois l'investissement comme risqué et notent qu'Æterna recevrait environ 10 % des ventes éventuelles de Perifosine aux États-Unis, selon les termes de son partenariat avec Keryx Biopharmaceuticals. La société américaine possède les droits exclusifs pour la vente du médicament aux États-Unis, au Canada et au Mexique. Une entente similaire a été conclue avec Yacult Onsha pour le Japon, mais Æterna conserve ses droits de vente en ce qui a trait au marché européen. De plus, elle peut tirer des revenus de la fabrication du médicament pour ses partenaires. Au chapitre des points positifs : Æterna Zentaris a conclu une entente qui, en cas de réussite aux États-Unis, lui permettra d'homologuer son produit en Europe sans devoir mener d'autres études. Partenaires Versant recommande le titre et a un cours cible d'un an de 4 $ US (Nasdaq, AEZS).

"Si le médicament obtenait un grand succès comme l'Avastin [un autre médicament contre le cancer du côlon], on pourrait atteindre des ventes d'un milliard de dollars par année dans le monde", estime M. Turpin.

La biotech de Québec a également dans son pipeline d'autres produits prometteurs. Elle achèvera cet été l'étude de phase III d'un test diagnostique de la déficience en hormone de croissance et espère déposer une demande de commercialisation d'ici la fin de l'année. Le marché pour le AEZS-130 est évalué à 50 000 tests par année. Les revenus potentiels ne sont pas chiffrés pour le moment.

Aeterna Zentaris demandera une étude d'enregistrement en cancer de l'endomètre d'ici à la fin de 2011 avec l'AEZS-108, pour lequel il y a également cette année une mise à jour des études de phase I et II sur le cancer de la prostate et des ovaires.

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