À la conquête des capitales de la mode

Publié le 10/03/2012 à 00:00

À la conquête des capitales de la mode

Publié le 10/03/2012 à 00:00

Quand elle a fondé Joanel, Johanne Boivin n'avait que 10 000 $ en poche, mais une vision bien définie : créer et commercialiser ses propres collections de sacs à main. Son entreprise, qui vient de fêter ses 20 ans, est devenue un des leaders canadiens de son secteur. Seule actionnaire, Johanne Boivin se définit comme «la Lise Watier des cuirs», car celle-ci est pour elle un modèle de réussite et d'inspiration.

LES AFFAIRES - Avant de fonder Joanel, vous étiez directrice des achats pour une chaîne de chaussures. Pourquoi vous être lancée en affaires ?

JOHANNE BOIVIN - Lors de la récession du début des années 1990, j'ai vu beaucoup de mes collègues se faire congédier. Ça m'a fait réfléchir. J'ai voulu prendre mon destin en main. Et puis, j'ai toujours eu l'âme d'une entrepreneure. À 7 ans, j'achetais de longues réglisses, je les taillais en morceaux et je les revendais. À 19 ans, j'ai ouvert une école de danse. Quand je l'ai vendue, dix ans plus tard, elle comptait une douzaine d'employés. L'envie de me lancer en affaires de nouveau ne m'a jamais quittée.

L.A. - Vous n'avez pas choisi le chemin le plus facile en décidant de vendre vos propres créations...

J.B. - Quand j'étais directrice des achats, je décrivais aux fournisseurs les sacs à main que je recherchais. J'étais si précise dans mes demandes qu'ils ont fini par cesser de me présenter leurs collections. Ils arrivaient avec des pages blanches ! Alors, quand j'ai fondé Joanel, il allait de soi que je vendrais mes créations. Les rôles d'artiste et de femme d'affaires sont pour moi indissociables.

L.A. - Quelle a été votre stratégie de démarrage ?

J.B. - J'ai visé le marché haut de gamme, par goût personnel, mais aussi parce que les produits de qualité supérieure sont fabriqués en petites quantités. Cela demande donc moins de capitaux. J'ai donné une consonance italienne à ma première marque, Ugo Santini, car à l'époque, la maroquinerie italienne avait une réputation d'excellence. Comme j'avais beaucoup de contacts dans le domaine de la chaussure et des accessoires, j'ai rapidement obtenu des commandes. Après trois ans, j'avais couvert tout le marché canadien du haut de gamme. Mais j'étais toujours déficitaire.

L.A. - Quelle décision avez-vous prise alors ?

J.B. - J'ai décidé de cibler le marché moyen de gamme avec une deuxième marque, Mouflon. Cela a propulsé l'entreprise ! Le déficit a été effacé en trois mois. Ensuite est venue la marque Joanel, qui se décline en quatre collections. Mais auparavant, il a fallu trouver un autre fournisseur. Je suis allée seule en Chine. J'ai visité des dizaines d'usines avant d'en trouver une qui faisait du bon travail. Quinze ans plus tard, ce fournisseur est toujours avec nous, de même que le tout premier, établi en Argentine.

L.A. - Envisagez-vous d'exporter vos produits ?

J.B. - Nous venons de faire nos premières livraisons à Atlanta et à Chicago et nous avons entrepris des démarches à New York et à Boston. Je fais aussi partie de WEConnect Canada, un organisme qui accrédite des entreprises détenues à au moins 51 % par des femmes et qui leur donne accès aux acheteurs des grandes entreprises. Par son intermédiaire, nous sommes en pourparlers avec une grande chaîne d'hôtels. Le Cirque du Soleil et le club de golf Le Mirage de Céline Dion et René Angélil, qui sont nos clients, nous font de belles cartes de visite. Dans trois ans, Joanel sera implantée un peu partout aux États-Unis.

L.A. - Comment comptez-vous y parvenir ?

J.B. - Premièrement, Joanel crée des modèles originaux. Ensuite, nous prévoyons ouvrir un magasin phare à Montréal et, éventuellement, dans des capitales de la mode, comme New York, Los Angeles, Hong Kong. Enfin, nous misons sur une nouvelle gamme de sacs intelligents développés avec le centre collégial de transfert technologique de Saint-Hyacinthe. Ils seront lancés l'automne prochain... mais je n'en dirai pas plus.

CV

Nom : Johanne Boivin

Titre : Présidente et designer

Âge : 53 ans

Entreprise : Joanel

Produits : Sacs à main et accessoires de mode et de maroquinerie

Fondation : 1991

Siège social : Laval

Nombre d'employés : 25

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