" Nous voulons un rendement de 30 %, un siège au conseil et des actions privilégiées "

Publié le 18/09/2010 à 00:00, mis à jour le 21/09/2010 à 15:19

" Nous voulons un rendement de 30 %, un siège au conseil et des actions privilégiées "

Publié le 18/09/2010 à 00:00, mis à jour le 21/09/2010 à 15:19

Par Diane Bérard

Le prince Mohammed bin Zayed Al Nahyan veut faire d'Abou Dhabi la Mecque des énergies renouvelables. Masdar concrétise son rêve : une ville verte de 6 km2 en plein désert. On y trouve une université, des résidences, des entreprises, des centres de recherche ainsi que le siège social de Masdar Clean Tech Fund.

C'est là que travaille David Bonn, le seul Canadien à l'emploi de cette firme de capital de risque qui en est à sa seconde ronde d'investissement. La première, de 250 millions de dollars américains (M$ US), avait servi à une douzaine d'investissements. La seconde est établie à 265 M$ US, mais pourrait grimper à 500 M$ US. Nous avons interviewé David Bonn, un ingénieur industriel, lors de son passage à Montréal. Il y a rencontré des sociétés québécoises à la recherche de financement.

Diane Bérard - Vous êtes le seul Canadien à travailler au Masdar Clean Tech Fund, à Abou Dhabi. Comment avez-vous décroché cet emploi ?

David Bonn - J'ai frappé sans arrêt à la porte jusqu'à ce qu'elle s'ouvre ! J'ai fait jouer mon réseau, développé pendant mes études de MBA à Queen's University, et compté sur mes qualités personnelles. Travailler à l'étranger, surtout dans un pays émergent, exige du courage et de la patience.

D.B. - Comment expliquez-vous qu'il n'y ait pas d'autres Canadiens à vos côtés ?

D.B. - Les Canadiens voyagent beaucoup. Mais ils se montrent réticents lorsqu'il est question de s'établir à l'étranger. Est-ce parce que le Canada est un pays où il fait trop bon vivre ? Je ne crois pas, sinon comment expliquer que tant d'Australiens travaillent aux Émirats ? Je penche plutôt pour la théorie d'un professeur de Queen's selon laquelle les Canadiens manquent de confiance en eux. Ils ne se voient pas sur l'échiquier international.

D.B. - Comment pourrait-on remédier à la situation ?

D.B. - Une partie de la solution se trouve dans les universités. Celles-ci peuvent aider les étudiants à apprivoiser l'international grâce aux programmes coopératifs et à des stages. Le reste dépend des qualités de l'individu : ouverture d'esprit, curiosité, capacité d'écoute et d'adaptation. Vous l'avez ou non.

D.B. - Travailler dans un pays émergent exige-t-il des talents particuliers ?

D.B. - Il faut écouter plus que parler ! C'est ainsi qu'on développe son intelligence politique. Un bon sens politique est toujours utile, mais quand vous travaillez dans un endroit comme Abou Dhabi, cela devient une condition à votre bonheur et à votre avancement.

D.B. - Combien d'étapes avez-vous franchies avant d'obtenir le " oui " final ?

D.B. - Plusieurs ! D'abord, j'ai envoyé mon CV par Internet à Alex O'Cinneide, le gestionnaire de Masdar Clean Tech Fund. Puis, j'ai réussi à m'entretenir avec lui au téléphone et à décrocher une rencontre face-à-face à Abou Dhabi. J'ai sauté dans l'avion sans me poser de question. La rencontre a duré 30 secondes, le temps qu'il me donne un document de 40 pages ! " C'est le plan d'affaires d'une société spécialisée dans l'énergie produite à partir de déchets. Ne me rappelez pas avant de l'avoir épluché et d'être prêt à me faire une recommandation d'investissement. " Je lui ai envoyé mon analyse, et trois semaines plus tard, on m'a invité à une autre entrevue d'une durée de 20 minutes. Quelques semaines plus tard, on m'a fait une offre et, le 2 novembre 2008, je suis entré en fonction, six mois après le début de mes démarches.

D.B. - Votre quotidien ressemble-t-il à votre rêve ?

D.B. - C'est un emploi exigeant. Disons que j'ai déjà été plus en forme ! Par contre, sur le plan professionnel, tout roule. Recruté comme analyste financier, on m'a promu associé. Je m'occupe désormais des dossiers du début à la fin. C'est exactement ce dont je rêvais.

D.B. - Quels sont les critères de votre fonds pour accepter une technologie ?

D.B. - Nous n'investissons pas dans des technologies, mais bien dans des entreprises. Ce qui exclut tout projet dont la R-D n'est pas terminée. Nous assumons le risque de commercialisation, mais jamais le risque de R-D. Nous visons des sociétés en bonne santé financière qui n'ont pas besoin de nous pour survivre et qui comptent des clients. Nous considérons aussi les facteurs réglementaires qui peuvent faciliter l'adoption de la technologie, la rendre plus concurrentielle. Cette technologie doit avoir un impact important dans son domaine. Par exemple : améliorer l'efficacité des panneaux solaires et l'autonomie d'une voiture électrique. Et si la technologie ne vient pas changer les règles du jeu, il faut qu'elle soit en avance de deux à trois ans sur celles des concurrents et que la direction de l'entreprise soit exceptionnelle.

D.B. - Avez-vous établi un territoire spécifique pour vos investissements ?

D.B. - Non, le monde est notre terrain de jeu. Nous ne cherchons pas nécessairement des entreprises qui font des affaires à l'international. Elles peuvent s'en tenir à un marché régional, à condition de remplir toutes les autres conditions.

D.B. - Avez-vous investi dans des sociétés canadiennes ?

D.B. - Pas encore. Cependant, je fais une affaire personnelle d'ajouter une société canadienne à notre portfolio.

D.B. - Qu'exigez-vous en échange de votre investissement et combien de temps dure votre partenariat ?

D.B. - Un taux de rendement interne de 30 %, un siège au conseil d'administration et des actions privilégiées. Nos partenariats durent entre trois et cinq ans.

D.B. - Combien de temps faut-il avant d'obtenir une réponse ?

D.B. - Entre 12 et 16 semaines. Vous recevrez soit un chèque, soit un refus.

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