Le monde de Clotaire Rapaille

Publié le 01/05/2009 à 00:00

Le monde de Clotaire Rapaille

Publié le 01/05/2009 à 00:00

Comment la crise influencera-t-elle la consommation ?

Une crise éveille les consciences. Elle pousse les consommateurs à développer une nouvelle forme d'intelligence en matière de consommation. Ils deviennent plus vigilants et considèrent une multitude de facettes, ce qu'ils ne faisaient pas nécessairement en période de prospérité : la provenance des produits, leur qualité, la nécessité et l'impact de leurs achats sur leur économie régionale ou nationale... Cela aura un effet positif sur la consommation locale.

Les grandes entreprises qui prennent contact avec vous tiennent-elles compte des nouvelles perceptions et des changements de comportement des consommateurs ?

Elles n'ont pas le choix. Ne pas être à l'écoute des nouvelles perceptions est la pire des stratégies. Regardez GM, il a continué à vendre des véhicules utilitaires sport et des 4 x 4 pendant que les gens demandaient des voitures plus petites et moins énergivores.

Que dites-vous aux multinationales qui font appel à vos services ?

Je leur conseille de se servir de la crise comme d'un levier économique. C'est un moment privilégié pour tisser des liens étroits avec les consommateurs. Les entreprises qui parviennent à apporter des solutions aux consommateurs dont le pouvoir d'achat est limité marqueront des points.

Qu'entendez-vous par "apporter des solutions aux consommateurs" ?

Les entreprises que la crise renforcera sont celles qui sauront aider les gens. Si je vous sauve, vous serez naturellement reconnaissant. Et lorsque je parle d'aide, je ne parle pas d'offrir des rabais sur les produits ou les services. Les considérations financières ont de l'importance à court terme, mais elles ne fidélisent pas. Prenons l'exemple des grandes surfaces : si elles se contentent de se livrer une guerre de prix, elles perdront leur clientèle dès qu'un concurrent offrira de meilleurs rabais. Par contre, celle qui dira à ses clients : "Vous n'avez que 100 dollars à dépenser chez nous ? Voici comment vous devriez le dépenser pour en avoir pour votre argent" en sortira gagnante.

Les entreprises sont-elles réfractaires à vos conseils ?

Cela dépend de leur culture. Sans généraliser, on peut dire que les Américains comprennent assez bien. Sur le plan culturel, ils sont davantage orientés vers les solutions immédiates qui peuvent les sortir du pétrin. En France, c'est différent. On impute la responsabilité de la crise au gouvernement. On croit donc que c'est au gouvernement de réagir. Du coup, les entreprises mettent plus de temps à développer des plans d'action pour faire face à la crise.

Et au Québec ?

La réaction est très intéressante. Elle est le reflet d'une culture qui a souffert. Généralement, en période de crise, les Québécois ont tendance à se replier sur eux-mêmes, comme si lors d'une tempête, ils préféraient lâcher le gouvernail en se disant : "Le temps arrangera les choses ; la crise finira bien par passer". Résultat : on ne dynamise pas l'économie.

Sommes-nous arrivés à un point tournant dans l'histoire économique mondiale ?

Oui, nous assistons à la fin d'une époque. À l'heure actuelle, les modèles économiques nous viennent principalement d'Amérique du Nord. Cela va changer. Les nouveaux modèles viendront maintenant d'autres régions comme Dubai, Macao et Singapour. Ces Cités-États ont su développer des économies à partir de concepts originaux qui les rendent uniques. Singapour, qui est dépourvu de ressources naturelles, s'est imposée sur la scène mondiale en élaborant une économie qui repose sur l'exportation, le tourisme et le monde financier. Sans calquer ces modèles, les grandes économies devront s'en inspirer.

ulysse.bergeron@transcontinental.ca

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