" Nous travaillons avec le gouvernement chinois pour élaborer une organisation semblable à celle de Statistique Canada. "

Publié le 01/01/2009 à 00:00

" Nous travaillons avec le gouvernement chinois pour élaborer une organisation semblable à celle de Statistique Canada. "

Publié le 01/01/2009 à 00:00

Vous changez la façon de faire de Statistique Canada. Pourquoi ?

La société canadienne évolue. Comme le rôle de Statistique Canada est de recueillir et d'analyser les données pour dresser le portrait le plus juste de notre société, il faut donc corriger le tir en fonction de changements et de nouvelles réalités tels que la mondialisation et l'intérêt croissant de la population pour les questions environnementales. Depuis mon arrivée, je m'efforce de mettre en place des programmes qui permettront à l'organisation de suivre ces changements. Par ailleurs, je tiens à préciser qu'il ne s'agit pas d'une rupture par rapport à ce qui s'y faisait auparavant (N.D.L.R. : Ivan Peter Fellegi, son prédécesseur, a occupé ce poste pendant plus de 22 ans).

Pouvez-vous nous donner un exemple de changement ?

Prenons un exemple qui pourrait vous intéresser, soit le secteur de l'économie. L'impact de la mondialisation sur nos marchés est bel et bien réel, et touche l'ensemble de la société. Cela pousse Statistique Canada à collecter davantage de données sur les importations et les exportations, un pan névralgique de notre économie. Notre but est d'informer le plus souvent possible la population sur ces dossiers. De plus, nous élaborons un programme afin de recueillir plus de données sur le commerce des services, un secteur qui croît depuis plusieurs années.

Comment mesurer un monde qui se transforme de plus en plus vite ?

Là se trouve le défi. Statistique Canada doit être plus souple. Pour ce faire, nous devons nous poser une question : "Comment pouvons-nous recueillir les données le plus efficacement possible ?" Selon moi, une partie de la réponse réside dans la collaboration des différents organismes et ministères. Nous pouvons partager nos informations ; nous envisageons de le faire davantage. Une autre partie de la solution consiste à obtenir plusieurs informations sur des sujets divers lors d'un même questionnaire, afin d'optimiser notre travail.

Les gens d'affaires ont besoin d'informations sur les réalités internes des pays avec lesquels ils négocient. Statistique Canada peut-elle aider à cet égard ?

Selon la loi qui nous encadre, nous nous occupons uniquement des statistiques canadiennes. Par contre, nous nous penchons de près sur les relations qui lient le Canada à d'autres pays. Évidemment, nous suivons les nouvelles tendances. Par exemple, la Chine est aujourd'hui le deuxième pays en importance sur le plan des échanges commerciaux canadiens. Du coup, nous documentons nos échanges et nous nous attardons davantage à ce pays. Même chose pour des pays émergents comme le Brésil et la Russie qui auront un impact au cours des prochaines années. Cependant, je le répète, nous documentons notre relation avec ces pays, et non pas ce qui se passe à l'intérieur de leurs frontières.

Justement, comment parvenir à obtenir des statistiques fiables sur ce qui se passe dans les pays émergents ?

Il y a de plus en plus de statistiques mondiales fiables disponibles, je vous l'assure. Des organismes comme l'ONU et le FMI font des études de phénomènes et de réalités mondiales. Et des pays émergents mettent sur pied des organisations nationales comme la nôtre. La Chine est l'un de ceux-là. Depuis plusieurs années, nous travaillons de près avec le gouvernement chinois pour élaborer et pour mettre en place une structure et une organisation semblables à celles de Statistique Canada. Une fois le processus terminé, la Chine détiendra les outils nécessaires pour recueillir et documenter encore mieux ce qui se déroule sur son territoire.

On fait dire ce qu'on veut aux chiffres... Qu'en pensez-vous ?

Sincèrement, je ne crois pas que ce soit vrai. Il y a des phénomènes quantifiables et réels : une baisse de croissance du PIB, une période d'inflation, une baisse du taux de chômage. Ce sont des faits tangibles. Évidemment, ces chiffres peuvent être repris par des groupes qui ont des intérêts différents. Là où l'interprétation entre en ligne de compte, c'est davantage dans les propos utilisés pour expliquer un phénomène. Quels facteurs ont favorisé une période d'inflation, par exemple ? Pour notre part, nos objectifs sont clairement apolitiques. Nous ne faisons que recueillir, analyser et communiquer les données.

En tant qu'économiste, quelle lecture faites-vous de la crise économique actuelle ?

L'économie canadienne est faible. Certains secteurs sont plus touchés que d'autres, comme les manufacturiers. Je ne suis pas du genre à faire des prévisions, mais, selon nos analyses, la situation canadienne est bien différente de celle des États-Unis. Le Canada avait un excédent budgétaire, tandis que les États-Unis n'en avaient pas ; notre marché de l'emploi est fort. Ce sont autant de facteurs qui indiquent que la crise ne devrait pas frapper aussi fort ici... Mais il ne faut pas jouer à l'autruche pour autant : l'économie canadienne n'est plus aussi vigoureuse qu'avant.

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