Le directeur général des Éditions du Septentrion, Gilles Herman, soutient que les tablettes numériques offrent un potentiel pour son secteur.

L'Association nationale des éditeurs de livres (ANEL), dont vous êtes membre, a conçu une plateforme numérique qui prépare l'industrie québécoise de l'édition à l'arrivée des tablettes numériques, comme l'iPad d'Apple. Y a-t-il encore un avenir pour le livre imprimé ?

L'arrivée des tablettes numériques ne signifie pas la mort du livre imprimé. Toutefois, il se peut qu'un pan de l'édition bascule vers le numérique : ces livres pourront alors être imprimés sur demande. L'accès à la tablette de lecture est encore coûteux, tandis qu'un livre de poche est bon marché. Je crois bien plus à un élargissement de notre marché. On n'a jamais écouté autant de musique que depuis l'arrivée des fichiers MP3; espérons que la littérature connaîtra un phénomène semblable. Cela dit, les habitudes de lecture sur les appareils numériques viendront probablement d'abord des journaux et des magazines en ligne.

Le livre électronique peut-il prospérer en dehors des plateformes des géants américains Apple et Amazon (avec le Kindle) ?

Il le peut sur la plateforme de notre association, ANEL-Demarque ! Apple peut reproduire le succès qu'il a connu dans le domaine de la musique et devenir un des pôles de distribution du livre numérique, tout comme Amazon et Barnes & Noble. Il n'en reste pas moins que les marchés anglophone et francophone ont une philosophie et une structure différentes. Les détaillants anglo-saxons comme Amazon considèrent le livre au même titre que tout autre produit et cherchent à imposer leurs pratiques aux éditeurs. Je crois que la plateforme qui s'imposera sera universelle, et qu'elle ne placera pas les éditeurs dans un carcan.

À quand les premiers livres numériques dotés de fonctions multimédias et interactives ?

Dès qu'il y aura un appareil intéressant et un marché qui soutiendra les coûts de son développement. Cela se fera petit à petit, et de temps à autre un produit phare apparaîtra, conçu par un éditeur international. Certains créneaux évolueront probablement plus rapidement : guides de voyage, livres de recettes, etc. Pour la littérature, il ne faut pas tomber dans le piège du cédérom qu'on ne visionnait qu'une seule fois et qu'on oubliait. Qu'il soit sur papier ou en format numérique, le texte reste le contenu principal.