G-20 : Sarkozy ajoute de la pression

Publié le 01/04/2009 à 00:00

G-20 : Sarkozy ajoute de la pression

Publié le 01/04/2009 à 00:00

Par La Presse Canadienne
Interrogé sur l'éventualité de son départ avant la fin des discussions, il a répondu que "la politique de la chaise vide marquerait un échec qui serait celui du sommet". "Je ne veux pas croire qu'on arrivera à cela", a-t-il commenté, menaçant implicitement les autres participants afin de les pousser à la négociation.

"Aujourd'hui, aucun accord n'est stabilisé", a-t-il observé. Mais pour la France, comme pour l'Allemagne, "le compte n'y était pas" dans l'ébauche de compromis final telle qu'elle était présentée mardi soir par les négociateurs chargés de préparer la réunion, a-t-il prévenu. "Le G-20 commencera ce soir (...) Je sais d'expérience qu'il va falloir se battre jusqu'à la dernière minute."

Pour donner plus de poids à son point de vue, le président français a aussi mis en avant ses alliés, dont la chancelière allemande Angela Merkel, avec qui il s'est dit "exactement sur la même longueur d'onde". "Nous ne devons pas esquiver et faire des compromis fragiles sur la constitution des marchés financiers du futur", a confirmé Angela Merkel avant de quitter Berlin. Les deux dirigeants devaient se retrouver à Londres dans l'après-midi, juste avant le dîner qui lancera le sommet.

Le président français a aussi enregistré le soutien du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, passé déjeuner à l'Elysée sur la route de Londres. Il s'est également entendu au téléphone avec le premier ministre britannique Gordon Brown pour demander "plus de régulation financière" et une "attitude très ferme sur les paradis fiscaux".

Le chef de l'Etat, qui a proposé le premier la tenue d'un sommet du G-20 pour refonder le capitalisme, se doit d'obtenir des résultats concrets, d'autant plus que les conclusions adoptées à Washington portaient essentiellement sur des grands principes et n'étaient pas à la hauteur du nouveau "Bretton Woods" un temps évoqué par Nicolas Sarkozy. Un succès à Londres lui permettrait aussi de relativiser le désaveu de sa politique de lutte contre la crise en France, où 59 pour cent des sondés estiment que son action "va plutôt dans la mauvaise direction" depuis six mois.

Détaillant sa position, Nicolas Sarkozy a martelé qu'il voulait "des faits", en particulier sur la régulation des marchés financiers, "le coeur du débat qui va nous occuper". Il a surtout évoqué la rémunération des traders, les fonds spéculatifs, dont il serait "inimaginable qu'ils ne soient pas contrôlés" et la question des paradis fiscaux.

Après avoir poussé avec Berlin pour montrer du doigt les pays qui ne respectent pas les règles internationales en matière d'échange d'informations fiscales, Paris veut "une ou plusieurs listes de places financières qui ne coopèrent pas au regard des critères de l'OCDE", l'Organisation de coopération et de développement économiques, et demande aux Etats d'en tirer "les conséquences". Il souhaite ainsi que "les banques du monde entier refusent de travailler avec ces places non coopératives".

Sur cette question, la Chine figure au rang des "moins enthousiastes", a relevé Nicolas Sarkozy, notant aussi une évolution des pays anglo-saxons. Mais "il serait parfaitement inacceptable et incompréhensible (...) que des décisions concrètes ne soient pas mises en oeuvre dans les jours ou les quelques semaines qui suivront le G-20".

"Si on ne remet pas un peu de morale, de réglementation, d'ordre dans un système financier totalement dérégulé qui marche sur la tête, on n'a aucune chance de rétablir la confiance, et donc la situation économique", a-t-il dit pour résumer sa position.

Outre le renforcement de la régulation, Nicolas Sarkozy souhaite que le sommet réaffirme la "nécessité d'une relance mondiale" et qu'il décide d'un nouveau soutien aux pays les plus pauvres. Ces derniers "ne doivent pas être ceux qui paient en plus l'addition la plus lourde", a-t-il estimé. Dans un hommage rare à son prédécesseur, il a d'ailleurs qualifié l'appel de Jacques Chirac à des mesures pour ces pays de "déclaration de très grand bon sens".

"J'espère qu'on verra ce soir et demain que la France, l'Allemagne, l'Europe sont capables de se faire entendre sur le théâtre du monde", a conclu M. Sarkozy.

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