Beats, un pari a priori fou mais peut-être stratégique pour Apple

Publié le 09/05/2014 à 14:10

Beats, un pari a priori fou mais peut-être stratégique pour Apple

Publié le 09/05/2014 à 14:10

Par AFP

Tentative de repositionnement dans la musique et l'électronique en prêt-à-porter, ou geste désespéré d'un groupe plus capable d'innover ? Les analystes sont divisés sur l'achat potentiel par Apple du fabricant californien des écouteurs stéréo du rappeur Dr Dre, Beats Electronics.

L'acquisition, chiffrée par les médias à 3,2 milliards de dollars, serait la plus grosse de l'histoire d'Apple, dont les achats jusqu'ici ne dépassaient pas quelques centaines de millions de dollars.

"J'espère que c'est une pure rumeur, parce que c'est la pire acquisition que puisse faire Apple" et "de la folie totale", indique à l'AFP Trip Chowdhry, analyste chez Global Equities Research. "Ca pas de sens stratégique, ça n'a pas de sens sur le plan technologique, ça n'a pas de sens en termes d'innovation".

D'autres géants de la Silicon Valley font des emplettes surprenantes: Facebook vient de dépenser 2 milliards de dollars pour le casque de réalité virtuelle Oculus et Google investit dans les drones solaires, les robots ou les thermostats intelligents. Mais Apple historiquement ne rachète pas de produits, il crée les siens en interne.

L'ennui, c'est que sept ans après le premier iPhone et quatre ans après l'iPad, le prochain produit révolutionnaire du groupe à la pomme se fait toujours attendre.

"Tim Cook élude le fait qu'Apple a un niveau d'innovation zéro", déplore Trip Chowdhry.

"Je veux mon iWatch maintenant", dit l'analyste, en référence à la montre interactive espérée depuis plus d'un an et qui marquerait enfin l'entrée d'Apple sur le marché des accessoires électroniques prêt-à-porter, considéré comme le prochain chantier d'avenir après les smartphones et les tablettes mais où on voit davantage jusqu'ici les lunettes Google Glass.

 

Spotify en ligne de mire

Vu la centaine de milliards de dollars de liquidités d'Apple et son "besoin de flux de revenus réguliers plus solides" face aux ventes d'appareils qui dépendent des sorties de nouveaux produits, les analystes de RBC Capital Markets envisagent dans une note "plus de logique dans l'opération qu'il n'y paraît à première vue".

Au-delà des écouteurs de Dr Dre, Apple vise surtout selon eux le service de musique en ligne par abonnement "Beats Music" lancé en janvier aux Etats-Unis.

Apple est avec sa boutique en ligne iTunes une référence pour les téléchargements payants de musique. Mais le marché de la musique numérique se déplace vers un autre mode de consommation: au lieu de payer pour télécharger plusieurs albums par mois, on s'abonne à un service d'écoute de musique en ligne, explique Mark Mulligan, un spécialiste du secteur de la musique, sur son blog "Music Industry".

"Avec le déclin des ventes en téléchargement et la montée en puissance des abonnements, Apple (...) cherche ce qu'il peut faire pour rester pertinent dans le secteur de la musique numérique", estime l'analyste. "Beats est une solution du type: si vous ne pouvez pas faire mieux, achetez les."

Mark Mulligan voit une opportunité d'offres combinées avec l'iPhone qui aideraient les consommateurs à passer le pas de l'abonnement mensuel.

La banque Jefferies estime aussi que "Beats Music" compte environ 500.000 abonnés seulement, mais que le pré-charger sur l'iPhone (encore écoulé à près de 44 millions d'exemplaires dans le monde au premier trimestre) accélèrerait son adoption.

Certains analystes se demandent toutefois si le numéro un mondial de la musique en ligne Spotify n'aurait pas fait un meilleur candidat. Jefferies voit toutefois plutôt dans le groupe suédois "un bon complément aux actuelles offres numériques d'Amazon".

Gagner de nouvelles expertises

Certains experts voient aussi dans l'acquisition une manière de relancer les capacités d'innovation d'Apple.

Elle lui donnerait en effet accès à des designers et des ingénieurs susceptibles de l'aider à concevoir de nouveaux produits, notamment dans le domaine de l'électronique prête-à-porter.

RBC rappelle en particulier que le fondateur de Beats, Jimmy Lovine, "était l'un des premiers responsables du secteur à anticiper le déclin des téléchargements et à dire que les services de streaming par abonnement étaient l'avenir de la musique".

Il "pourrait aider à gérer la stratégie d'iTunes et dans la musique", estime la banque.

À la une

Logistique: sale temps pour les entreprises

03/05/2024 | François Normand

ANALYSE. Depuis 2020, les crises se multiplient, et les travailleurs du CN et du CPKC pourraient bientôt être en grève.

Les travailleurs du CN et du CPKC se donnent un mandat de grève

Un arrêt de travail au CN et au CPKC simultanément pourrait perturber les chaînes d’approvisionnement.

Bourse: Wall Street salue l’accalmie de l’emploi américain

Mis à jour le 03/05/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto prenait plus de 100 points à la fermeture.