Analyse : Aastra va à contre-courant

Publié le 22/05/2009 à 00:00

Analyse : Aastra va à contre-courant

Publié le 22/05/2009 à 00:00

L'entreprise de Concord, en Ontario, a surpris les analystes en dévoilant à son premier trimestre 2009 des hausses respectives de ses revenus et de son bénéfice net de 57 et de 68 %.

Aastra recueille la faveur de Bay Street, alors que six analystes recommandent d'acheter son titre et un, de le conserver, selon Bloomberg.

Selon l'analyste Michael Urlocker, de Genuity Capital, l'un des optimistes dont la cible d'un an est de 45 $, la recette du succès d'Aastra pourrait se résumer en quatre grands principes : " Acheter à bas prix. Réduire la R-D inutile. Générer de l'argent. Et répéter. "

Depuis plusieurs années, Aastra croît par acquisitions, réalisées à bas prix, de géants des télécommunications désireux de se départir de leurs filiales spécialisées dans les communications vocales, pour lesquelles ils ne voient plus d'avenir.

Coup sur coup, Aastra a acquis Meridian Centrex auprès de Nortel en 2001 (34 M$), Ascom en 2003 (41 M$), EADS Telecom en 2005 (96 M$), DeTeWe en 2005 (46 M$) et enfin, Ericsson Enterprise en avril 2008 (105 M$).

Une fois propriétaire, l'entreprise réduit la R-D à sa plus simple expression et gère la décroissance tout en encaissant les bénéfices.

Comme l'explique M. Urlocker, " Aastra est l'une des rares sociétés technologiques à reconnaître que son secteur est sans perspectives de croissance et à y investir en conséquence. "

Bien que le modèle d'entreprise d'Aastra présente des risques évidents (comme celui de payer trop cher une entreprise en déclin) et des limites (le secteur n'est pas voué à un grand avenir), la direction de l'entreprise est malgré tout parvenue à bien tirer son épingle du jeu jusqu'ici.

Dans la foulée de l'intégration d'Ericsson Enterprise, les marges bénéficiaires ont même crû de 3,6 points au dernier trimestre, pour atteindre 48 %.

Cela n'a pas échappé aux investisseurs qui ont fait exploser le titre de 154 % depuis le début de l'année. Depuis un an, le titre a progressé de 15,7 %, en dépit de la crise mondiale.

Encore du potentiel

Savoir si Aastra présente encore un potentiel de croissance est une question plus complexe. Pour les optimistes de Bay Street, les perspectives économiques assombries à court terme offrent une belle fenêtre d'achat sur un titre encore très prometteur.

Kris Thompson, de la Financière Banque Nationale, mentionne par exemple que l'acquisition des services aux entreprises d'Ericsson n'a probablement pas épuisé son potentiel. " Le titre d'Aastra peut encore s'apprécier si l'économie reprend de la vigueur dans la deuxième moitié de l'année et si les revenus ajustés en fonction du taux de change cessent de baisser pour se stabiliser ", écrit-il.

Chris Umiastowski, de TD Newcrest, fait pour sa part valoir qu'Aastra est protégée durant la crise par sa présence en Suisse et en Espagne, où le secteur des systèmes de téléphonie d'entreprises reste bon.

Un gestionnaire pessimiste

Pour Philippe Le Blanc, président et gestionnaire de portefeuilles de COTE 100, le succès du passé n'est pas garant de l'avenir. " Nous avons vendu récemment nos titres d'Aastra étant donné le risque associé à ses activités ", confie-t-il.

Le gestionnaire soutient que, même si Aastra est une société très bien gérée, le secteur cyclique dans lequel elle évolue et l'obligation qu'elle a de se renouveler sans cesse recèlent trop d'éléments inconnus.

Il ajoute qu'il n'est pas exceptionnel qu'Aastra se négocie à un ratio cours-bénéfice inférieur à un groupe de sociétés comparables, compte tenu de sa stratégie d'affaires. " Plus ces sociétés grandissent, plus leur croissance deviendra difficile. "

Potentiel

> Équipe de direction qui a fait ses preuves

> Hausse des revenus quand la récession se terminera

> De nouvelles acquisitions rentables

Risques

> Secteur en déclin

> Risque de payer trop cher une acquisition

Rendement

> 1 000 $ investi il y a trois ans valait 925 $ le 19 mai 2009.

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