Les nouvelles cartes graphiques LUMA de Matrox Video. (Photo: Matrox Video)

TECHNO SANS ANGLES MORTS décortique les technologies du moment, rencontre les cerveaux derrière ces innovations et explore les outils numériques offerts aux entreprises du Québec. Cette rubrique permet de comprendre les tendances d’aujourd’hui afin d’être prêt pour celles de demain.

TECHNO SANS ANGLES MORTS. L’entreprise montréalaise Matrox Video s’est réinventée à plusieurs reprises depuis sa création il y a plus de 45 ans. L’arrivée de ses cartes graphiques LUMA marque sa prochaine transformation.

Si vous avez déjà vu un grand mur de moniteurs formant un écran géant, dans un centre d’achat, par exemple, il y a de bonnes chances pour que la technologie utilisée provienne de Matrox Video, une entreprise montréalaise qui compte près de 548 employés à travers le monde et dont le campus principal est visible depuis l’autoroute 40 à Dorval.

Matrox Video, que plusieurs ont connu par ses cartes graphiques destinées au grand public dans les années 90, un marché qu’elle a délaissé depuis, fabrique des appareils et des logiciels spécialisés dans tout ce qui touche la vidéo. Ses encodeurs et décodeurs numériques servent par exemple à l’affichage dans les amphithéâtres sportifs, ou encore à la diffusion de conseils municipaux en direct ou même à l’archivage de vidéos d’endoscopies dans des hôpitaux.

Un marché en plein changement

Le cofondateur et PDG de Matrox Video Lorne Trottier. (Photo : Matrox Video)

Le marché que dessert Matrox Video est toutefois en train de changer, observe Lorne Trottier, cofondateur et PDG de l’entreprise à capital fermé. «Nous vendons beaucoup d’équipements très spécialisés, qui ne font qu’une seule chose. Mais maintenant, avec les processeurs et les cartes graphiques qui sont beaucoup plus performants qu’auparavant, il est possible d’utiliser des appareils plus génériques pour arriver au même résultat», explique-t-il.

Lorne Trottier n’a toutefois pas l’intention de se laisser dépasser par cette nouvelle tendance. «Le fait qu’on soit restés en affaires pendant plus de 45 ans et qu’on soit demeurés rentables pendant toute cette période démontre qu’on sait reconnaitre les changements technologiques et les exploiter pour notre bénéfice. Et c’est en plein ce qu’on est en train de vivre, une autre de ces transitions-là», note l’homme d’affaires.

Matrox s’associe à Intel pour les cartes LUMA

Le lancement en avril des nouvelles cartes graphiques LUMA marque le coup de départ de cette transition. Pour créer ces cartes, Matrox Video s’est associée à Intel, qui a récemment réintégré ce secteur dominé par NVIDIA et AMD. «Dès que nous avons annoncé notre retour dans ce marché, nous avons commencé à travailler avec Matrox», note Denis Gaudreault, directeur général d’Intel Canada. Intel fabrique ses propres cartes pour le grand public, les Intel ARC, mais les clients de Matrox ont des besoins différents de monsieur et madame Tout-le-Monde, d’où l’intérêt d’un tel partenariat.

Le directeur général d’Intel Canada Denis Gaudreault. (Photo: Intel)

Matrox Video ne fait d’ailleurs pas qu’apposer son logo sur les cartes d’Intel, comme c’est parfois le cas dans ce secteur. Leur design sans ventilateur convient par exemple mieux aux usages commerciaux, et leur cycle de vie de sept ans est aussi beaucoup plus long qu’avec un appareil grand public équivalent.

Celles-ci sont surtout dotées de leurs propres caractéristiques matérielles et logicielles, différentes des cartes d’Intel, notamment pour faciliter le déploiement d’affichages commerciaux. «Notre technologie permet par exemple d’afficher facilement une vidéo sur 64 écrans différents en même temps et que tout soit synchronisé. On a travaillé avec Intel pour l’implémenter dans les cartes», illustre Lorne Trottier.

La collaboration pourrait d’ailleurs être bénéfique pour les deux parties. «Certaines des caractéristiques de notre prochaine génération de cartes proviennent directement de ce partenariat», précise Denis Gaudreault.

Détail à noter : les travaux sur les cartes LUMA ont débuté avant la vente l’année dernière par Lorne Trottier de la division Matrox Imaging à la compagnie américaine Zebra Technologies (c’est d’ailleurs depuis cette vente que son entreprise se présente comme «Matrox Video», et non simplement Matrox). La transformation actuelle aurait donc eu lieu sans les 875 millions $US obtenus lors de la transaction, mais le cofondateur et PDG de Matrox Video estime que la vente lui donne les coudées franches pour cette nouvelle étape.

«Ça nous permet d’être plus agressifs dans nos investissements actuels, explique Lorne Trottier. C’est un virage qu’on avait commencé il y a deux ou trois ans, mais là, on pèse sur le gaz.»