La plateforme américaine et le gouvernement québécois ont officialisé ce mardi leur entente fiscale. Dès octobre prochain, Airbnb collectera automatiquement la taxe d'hébergement dans nos régions touristiques. Ainsi, Québec veut encadrer l'économie collaborative, rassurer l'industrie hôtelière et ajouter une source de financement à son tourisme.
C'était dans l'air du temps. Québec et Airbnb l'ont annoncé aujourd'hui: le gouvernement et la plateforme ont finalisé le tout premier accord de remise d’impôt au Canada. Ce qui veut dire que le site percevra au nom de ses utilisateurs la taxe sur l’hébergement (TSH) et la reversera à Revenu Québec .
«S’agissant de la première entente fiscale de ce genre au pays, cette annonce marque une étape déterminante», a déclaré Alex Dagg, gestionnaire de la politique publique pour Airbnb au Canada. À compter du 1er octobre 2017, les réservations effectuées dans les 22 régions touristiques du Québec comprendront automatiquement la taxe de 3,5%, dès la première nuitée et pour les séjours de 31 jours ou moins. L'entreprise américaine l'acheminera ensuite au fisc tous les 3 mois.
L’entente «se veut une réponse aux préoccupations véhiculées notamment par l’industrie touristique et contribuera à assurer une saine concurrence dans le secteur. Il s’avère impératif de se mettre au diapason de l’économie collaborative. Notre gouvernement a d’ailleurs l’intention de préciser certains éléments en proposant, dès cet automne, des modifications à l’encadrement actuel», a précisé Julie Boulet, ministre du Tourisme.
Structurer l'économie collaborative
Parallèlement, les autres plateformes collaboratives transactionnelles du secteur de l'hébergement pourront également percevoir la TSH, a indiqué le ministère des Finances dans un bulletin d'information.
Par ailleurs, tel qu'il a été annoncé dans le dernier discours sur le budget du ministre des Finances, Revenu Québec est à mettre en place une équipe composée de 25 inspecteurs, laquelle aura pour mandat de sensibiliser les locateurs et d'assurer le respect des lois et règlements en vigueur.
Dans son dernier budget, le gouvernement Couillard avait décidé de mandater Revenu Québec pour créer une équipe de 25 inspecteurs dédiée à l’hébergement touristique via Airbnb. Une décision mal perçue par les utilisateurs du site («harcèlement fiscal») mais réjouissant certains copropriétaires, de la Tour des Canadiens pour ne citer qu'eux.
De grandes villes touristiques telles que Paris et Barcelone ont d'ailleurs multiplié les initiatives pour lutter contre les «locations illégales» qui se développent au détriment du secteur hôtelier, favoriseraient la spéculation immobilière, videraient certains quartiers de leurs habitants.
«En permettant notamment la perception de la taxe sur l'hébergement directement à la source, cette entente met l'accent sur l'importance de l'équité fiscale et de la saine concurrence entre les locateurs. Pour notre gouvernement, il est essentiel que le commerce électronique et les nouvelles technologies s'intègrent dans les structures fiscales afin de s'assurer que tous paient leur juste part du financement des services publics. Nous voulons ainsi participer à la structuration de l'économie collaborative, plutôt que la freiner», a assuré la ministre Boulet.
Cela peu surtout aider la province à tirer profit des retombées économiques du partage de résidence.
Financer les associations touristiques
La demande pour des alternatives à l'hôtel telles qu'Airbnb n'est pas sur le point de ralentir. La société d'analyse de données AirDNA prévoit que le chiffre d'affaires global de toutes les propriétés répertoriées sur Airbnb dépassera les 40 milliards $US rien qu'2017.
Selon Québec, la TSH permet depuis 20 ans aux régions touristiques d’avoir accès à une source de financement public pour la promotion et le développement.
D’un peu plus de 64 millions de dollars en 2016‑2017, cette taxe représente plus de 50% du budget des associations touristiques régionales.
En date du 1er juillet 2017, on comptait 22300 hôtes actifs sur Airbnb dans la province de Québec. dont plus ont loué leur unité d'hébergement 30 nuitées ou moins au cours de l'année.
Au Québec, les gains annuels d'un hôte typique par l'intermédiaire d'Airbnb sont de 2 600 $.
Si elle avait été d’application dès 2016, la «Taxe Airbnb» aurait rapporté 3,7 millions $ à la province.
