Le lab: «Tomber en amour avec une idée est un piège» - Charles Brun, entrepreneur en série


Édition du 14 Décembre 2013

Le lab: «Tomber en amour avec une idée est un piège» - Charles Brun, entrepreneur en série


Édition du 14 Décembre 2013

Par Olivier Schmouker

Il arrive que nous ayons une idée, une idée géniale, une idée sublime. Nous nous mettons à la chérir, pour ne pas dire l'adorer. Et il devient dès lors impossible de la renier : quiconque se met à dire du mal d'elle se transforme à nos yeux en ennemi.

Et pourtant, cette idée-là valait-elle tant d'amour passionné ? Non, bien sûr. Pour vous en convaincre, il suffit de revenir en arrière : songez à une idée «géniale» que vous aviez il y a 5 ans, ou même 10 ans, et demandez-vous si vous la trouvez maintenant tout aussi «géniale». Vous voyez...

«Tomber en amour avec une idée est un piège dans lequel nous tombons tous. Un piège qui nous empêche de vraiment innover. Car si l'on veut créer, il faut savoir changer son fusil d'épaule», m'a expliqué Charles Brun. Cet entrepreneur en série de 27 ans a cofondé en 2004 les boutiques gastronomiques montréalaises Juliette & Chocolat. Et au début de cette année, il a lancé Now In Store, une boîte à outils qui permet de composer des catalogues virtuels de produits artisanaux, et qui était destinée, au départ, à devenir tout autre chose.

À la fin de 2010, il a aidé une amie à monter sa boutique en ligne de bijoux artisanaux. Cela lui a fait réaliser à quel point les artisans ne savaient pas se vendre en ligne, faute de connaître les dernières avancées technologiques. Il lui est alors venu l'idée de créer un site permettant aux artisans de se doter d'une vitrine au sein d'un vaste marché virtuel de produits artisanaux et de renvoyer leurs clients vers des sites de vente en ligne comme Etsy.com.

Charles Brun en a parlé à des amis, Kwaku Zigah et Adrien Niblock. Ensemble, ils ont créé ce site au début de 2013. Les artisans leur fournissaient des photos et des informations sur leurs oeuvres, et eux se chargeaient de construire des catalogues virtuels. L'engouement a été immédiat, grâce au seul bouche-à-oreille : en trois mois, plus de 3 000 artisans - bijoutiers, céramistes, fabricants de savons biologiques, etc. - s'étaient inscrits sur le site Web.

«Nous réalisions le catalogue du Best of the week et démarchions chaque semaine quelque 200 boutiques pour les convaincre de présenter ces oeuvres sur leurs rayons. Des boutiques tout d'abord de Montréal, puis de Toronto et de Brooklyn. Nous touchions un pourcentage à chaque vente», m'a-t-il dit.

Mais rapidement, Charles Brun a noté que ça ne fonctionnait pas. «Nous perdions chaque semaine plus d'artisans que nous n'en gagnions», m'a-t-il indiqué, en ajoutant que les efforts de démarchage auprès des boutiques étaient «démesurés».

Fallait-il baisser les bras ? «Kwaku s'est dit que nous pourrions confier certaines de nos tâches aux utilisateurs. Que nous pourrions, entre autres, leur laisser faire eux-mêmes leurs catalogues virtuels, en les laissant les personnaliser à leur guise», m'a-t-il confié. Résultat : Now In Store a aussitôt dégagé plus de revenus avec son logiciel d'édition de catalogues virtuels qu'avec son pourcentage sur les ventes ; et les artisans affluent, semaine après semaine.

L'explication de ce succès est simple. Les artisans ont vu qu'ils pouvaient adapter leur catalogue à chaque boutique, ce qui maximisait leurs chances de plaire. Et ils ont commencé à s'en servir pour démarcher des particuliers. «Jamais je n'aurais pensé à ça !» a lancé Charles Brun, admiratif.

«J'en tire la leçon qu'il ne faut jamais rester braqué sur son idée. Au départ, je voulais aider les artisans à se vendre en ligne, mais c'était l'inverse qu'il fallait faire, à savoir les aider à se vendre hors ligne», a-t-il reconnu.

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