C'est un conseil que le lieutenant-général à la retraite Roméo Dallaire prie aux jeunes leaders de ne pas prendre à la légère.
Voir au-delà des limites
« Il n'y a pas de limites à ce que l'humain peut accomplir ». M. Dallaire sait très bien le pouvoir que peuvent avoir ces paroles inspirantes. Pris au milieu d'un génocide au Rwanda en 1993-1994 qui a fait plus de 3,9 millions de réfugiés et déplacés, et près de 1 million de morts, le lieutenant-général Dallaire s'est retrouvé avec seulement 400 casques bleus et 30 000 personnes à protéger. « J'ai désobéi aux ordres en demeurant en poste au moment où on m'ordonnait de partir, mais je devais protéger ces vies. Je devais agir. »
« Un bon leadership conduira toujours à de meilleurs résultats que ce que la science de la gestion prédit », explique M. Dallaire. De son constat, il cite l'exemple du nouveau président américain, Barack Obama. Issu d'une minorité visible, dit-il, le premier président noir des États-Unis a prouvé qu'on est capable d'évoluer et de changer nos vieilles mentalités.
Prendre ses responsabilités
Que ce soit durant des moments de crise financière, de conflits organisationnels ou de guerre dans le cas du Rwanda, M. Dallaire soutient que le rôle des leaders est de s'assumer comme dirigeant et d'accepter la responsabilité des résultats qui découlent de leurs décisions. Nous sommes tous imputables de nos actions, estime M. Dallaire.
Ne pas avoir peur
Dans un même ordre d'idées, celui qui a mené une des missions les plus difficiles de l'histoire des casques bleus croit que les leaders de demain ne doivent pas avoir peur d'exprimer leur opinion haut et fort. Les générations futures doivent se mobiliser pour des causes, ajoute-t-il.
M. Dallaire insiste également pour que les leaders ne refilent pas un problème auquel ils sont confrontés à leurs employés pour s'en laver les mains. « Ils doivent plutôt aller sur le terrain avec eux et faire face au problème. »
Être en mode anticipation
Finalement, le militaire retraité recommande de toujours être en mode anticipation, plutôt qu'en mode réaction, que ce soit en temps de crise ou non. « Il faut arrêter de réagir, mais plutôt d'anticiper pour prévenir ». Une triste réalité que M. Dallaire a vécue au Rwanda alors qu'il demandait 200 millions de dollars aux Nations Unies pour poursuivre sa mission. Il s'est fait refuser le montant, mais une fois le conflit « réglé », plus de deux milliards de dollars en aide humanitaire ont été déployés au Rwanda. « Pourquoi avons-nous attendu qu'il y ait des centaines de milliers de morts pour réagir », demande-t-il.
L'ex-lieutenant-général rappelle aussi qu'il faut absolument rester humain. « Rappelez-vous qu'un leader doit toujours faire preuve d'humanisme. C'est ça le leadership, c'est d'être humain avec les autres.» Un leader inspirant qui a d'ailleurs beaucoup d'espoirs en les générations futures.
Le lieutenant-général à la retraite était au Cinéma Impérial le 28 janvier 2009 pour s'adresser aux nouveaux leaders dans le cadre d'une conférence sur le leadership en temps de crise, organisée par RSM Richter Chamberland, la Banque HSBC Canada ainsi que BCF.
