Le jugeant discriminatoire, le Danemark a laissé tombé l’un des irritants majeurs du système «dual» allemand : la précocité dans les choix des différentes filières scolaires. «C’était injuste et ça créait des inégalités qui se répercutaient toute la vie», dit le spécialiste de la sociologie de l’éducation Martin D. Munk, professeur au Copenhagen Institute of Technology, affiliée à l’Université Aalborg. «Dès 11 ou 12 ans, un jeune dirigé vers les filières techniques se voyait déjà fermer les portes de l’université.»
Les jeunes danois ont désormais le même cursus scolaire jusqu’à l’âge de 16 ans avant de choisir une formation universitaire ou technique (vocational employment and training, VET), qui ressemble au modèle allemand avec une forte implication de l’entreprise privée.
Mais contrairement à ce qui se passe en Allemagne ou en Suisse, la première année de la formation se passe entièrement à l’école, explique le Dr Heike Solga, chercheure au Centre de recherche social de Berlin. La durée de la formation est aussi plus flexible: les élèves plus rapides peuvent la compléter en 3 ans, les plus lents, en cinq ans. «Ça varie avec la compétence de chaque élève. On peut ajuster et adapter la formation à chacun», dit-elle.
Après un an, les élèves postulent dans une entreprise pour la partie pratique de leur formation. Et à la différence de l’Allemagne ou de la Suisse, ceux qui n’obtiennent pas de place ne se retrouvent pas dans une voie «transitoire»: ils demeurent à l’école et y continuent leur apprentissage pratique... jusqu'à ce qu'ils trouvent un stage, ce que tous ne parviennent pas à faire. «Sans une entente de formation en entreprise, dit Martin D. Munk, il n'y a pas de diplôme.»
Près de 9000 jeunes danois seraient dans cette situation cette année.
En pleine récession, les places de stage en entreprise ont chuté de 24% lors des huit premiers mois de 2009 comparé à la même période en 2008. Le gouvernement a réagi en créant 5000 place d’apprentis en 2010 pour pallier à la défection des entreprises privées. Le taux de chômage des jeunes danois a aussi grimpé à 12,4% dans le dernier quart de 2009, contre 7,2% pour la même période l’année précédente.
En février, l’OCDE recommandait par ailleurs aux Danois d’augmenter le nombre de place de VET et de prendre des mesures pour faire diminuer le taux d’abandon dans ces programmes.
«Le Danemark a l'un des meilleurs systèmes d'éducation au monde, dit Martin D. Munk, mais pas le meilleur. Nous avoins encore des défis à relever, notamment avec ces jeunes, entre 15% et 20%, qui terminent leur formation sans diplôme.» Parmi eux, les enfants d'immigrants, surtout les garçons, sont largement sur-représentés.
