La fin du PDG impérial ?

Publié le 28/01/2009 à 13:57

La fin du PDG impérial ?

Publié le 28/01/2009 à 13:57

Par lesaffaires.com
Les PDG tout-puissants ont de moins en moins la cote. La crise financière marquera-t-elle la fin de leur règne ?

Par un matin de novembre 2008, dans une prison de l'État de New York, Dennis Kozlowski parle timidement à la journaliste du réseau Fox Business assise devant lui. On peut lire le désespoir dans le regard de ce colosse, ancien PDG du conglomérat américain Tyco. Il croupira au moins huit ans en prison. Il y est déjà depuis 2006. Son crime : avoir volé près de 200 millions de dollars aux actionnaires de l'entreprise. En octobre dernier, la Cour a rejeté la demande d'appel de Dennis Kozlowski. Disons que le moment n'était pas bien choisi ; il le reconnaît lui-même et le dit à la journaliste venue le rencontrer en prison. " Nous sommes en plein désastre. Les PDG du monde financier sont montrés du doigt. Si la Bourse grimpait et si les épargnes des retraités ne chutaient pas de 30 ou 40 %, j'aurais une chance. Mais la façon dont les choses se passent et tous ces plans de sauvetage financés par les contribuables ne m'aident pas. "

Les PDG tout-puissants n'ont pas la cote ces temps-ci. Et nul besoin d'avoir commis un crime pour écoper. Le public et les investisseurs constatent que, dans la plupart des cas, l'empereur était nu. Ses belles performances étaient surtout sur papier, alors que les millions qu'il empochait, eux, étaient bien réels. Les Dick Fuld (Lehman Brothers), Charles Prince (Citigroup) et Stanley O'Neal (Merrill Lynch) de ce monde déposent aujourd'hui leur couronne. Au début des années 2000, la débâcle d'Enron et de WorldCom a porté un dur coup aux PDG impériaux ; la crise financière actuelle marquera-t-elle la fin de leur règne ?

" La perception du marché n'est pas très favorable à ce type de leaders, confirme Éric Brunelle, joint à son bureau de HEC Montréal, où il enseigne le management. Et la crise accentuera le phénomène. " Depuis quelques années, le modèle de gestionnaires à la Jack Welch - l'ancien PDG de General Electric - ou à la Bob Nardelli - l'ancien PDG de Home Depot qui tente aujourd'hui de jouer le sauveur auprès de Chrysler -, axé sur le prestige et un style autoritaire, et accompagné d'un ego et d'une rémunération énormes, est discrédité. " Des dirigeants qui gagnent des millions et qui n'écoutent personne, il y en a de moins en moins ", confirme Laurent Lapierre, titulaire de la Chaire de leadership Pierre-Péladeau de HEC Montréal. On passe d'un leadership autocratique à un leadership plus participatif, où l'écoute prédomine. " Prenez Robert Dutton (PDG de Rona). Il va encore dans son entrepôt, il écoute ses employés, il parle avec eux ", illustre Laurent Lapierre. Aujourd'hui, impossible de bien réussir en travaillant seul, dit-il. Et ce, quel que soit le domaine. " Regardez Barack Obama. Il y avait derrière sa campagne quelqu'un qui l'a organisée de façon magistrale. Son équipe savait que le vote populaire ne suffirait pas, qu'il fallait gagner plusieurs États clés. Obama l'a laissé faire, et tout a été mené parfaitement. C'est de cette façon qu'on doit gérer et exercer son leadership aujourd'hui. Avec une équipe de gens compétents qui sont libres d'agir et qui font ce qu'ils sont censés faire. "

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