Comment protéger vos équipes dans des pays instables

Publié le 07/11/2009 à 00:00, mis à jour le 07/10/2013 à 13:23

Comment protéger vos équipes dans des pays instables

Publié le 07/11/2009 à 00:00, mis à jour le 07/10/2013 à 13:23

Par François Normand

La gestion du risque est au coeur d'une saine stratégie. Photo: Bloomberg.

New York, 11 septembre 2001. Malgré la consigne des services de sécurité du World Trade Center (WTC), les 3 000 employés de la banque d'affaires Morgan Stanley, l'un des principaux locataires du complexe, évacuent rapidement le bâtiment. En 45 minutes, ils sont sains et saufs dans les rues de Wall Street, avant que la seconde tour ne s'effondre et tue tous les malheureux qui s'y trouvent encore.

Coup de chance ? Non, le comportement de Morgan Stanley - devenu un cas d'école - est exemplaire d'une organisation qui a une stratégie de gestion du risque quand survient une crise. L'attentat contre le WTC, le 26 février 1993, qui avait causé la mort de 13 membres de son personnel, avait convaincu la banque de se doter d'un plan d'urgence.

Les entreprises qui font des affaires à l'étranger font elles aussi face à des risques terroristes ou liés à la sécurité. Ces deux risques sont différents : le risque terroriste est associé à des attaques perpétrées pour des motifs politiques, tandis que le risque de sécurité est lié à des actes criminels pour obtenir de l'argent.

Le risque terroriste

" Le terrorisme est un risque réel pour les entreprises. Il y a peut-être moins d'attentats depuis quelques années, mais le terrorisme n'a pas disparu ", assure David Gordon, directeur de la recherche chez Eurasia Group, une firme spécialisée dans les risques politiques.

Ancien vice-président du National Intelligence Council, une agence américaine qui fournit entre autres des analyses géopolitiques au président des États-Unis, M. Gordon affirme que les pays les plus dangereux sont ceux du Moyen-Orient, du golfe Persique, le Pakistan, certains pays du Sud-Est asiatique, sans oublier le Nord de l'Afrique.

La firme d'ingénierie SNC-Lavalin en sait quelque chose : en août 2008, 12 de ses employés sont morts dans une attaque à la bombe en Algérie.

La meilleure stratégie de gestion du risque est de s'informer systématiquement et, surtout, de se faire conseiller par des spécialistes sur le climat politique des pays dans lesquels on veut faire des affaires, que ce soit auprès des ministères des Affaires étrangères, des ambassades ou des chambres de commerce locales.

Les Occidentaux doivent surtout être très discrets, insiste David Gordon. " Il faut rester effacé, ne pas avoir l'air riche, sinon vous attirez l'attention, dit-il. Et plutôt que de loger dans un hôtel cinq étoiles, optez pour les établissements de milieu de gamme. "

Dans certains cas, il est préférable d'éviter certains pays si le risque de menace terroriste est trop élevé pour vos employés. C'est ce qu'a fait entre autres la firme d'ingénierie CIMA+ en Irak, dans les mois suivant la fin de la campagne militaire anglo-américaine, en 2003.

" Le pays était beaucoup trop dangereux pour notre équipe ", confie le président de l'entreprise, Kazimir Olechnowicz. CIMA+ aurait pu réaliser sur place la réfection d'une centrale électrique à Bagdad pour General Electric, mais la firme s'est limitée à assurer les services d'ingénierie. À distance.

Le risque de sécurité

Contrairement au risque terroriste, qui touche les entreprises et leurs employés, le risque de sécurité, lui, concerne surtout les dirigeants des organisations étrangères. " Si vous êtes un chef d'entreprise, et que vous êtes au Mexique ou au Brésil, vous pouvez être kidnappé ", dit Pierre Fournier, analyste en géopolitique à la Banque Nationale.

Selon David Gordon, certains pays sont à ce point devenus dangereux pour la sécurité des employés qu'il n'y a pratiquement plus de gens d'affaires étrangers, comme en Somalie, au Yemen ou au Congo.

Tout comme le risque terroriste, les spécialistes recommandent aux gens qui font des affaires dans ces pays d'être extrêmement prudents et de ne surtout pas attirer l'attention : les criminels s'attaquent aux riches, n'étalez pas trop votre niveau de vie et tentez de vous fondre à la population locale.

francois.normand@transcontinental.ca

À la une

Compétitivité: Biden pourrait aider nos entreprises

26/04/2024 | François Normand

ANALYSE. S'il est réélu, Biden veut porter le taux d'impôt des sociétés de 21 à 28%, alors qu'il est de 15% au Canada.

Et si les Américains changeaient d’avis?

26/04/2024 | John Plassard

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

L’inflation rebondit en mars aux États-Unis

Mis à jour le 26/04/2024 | AFP

L’inflation est repartie à la hausse en mars aux États-Unis, à 2,7% sur un an contre 2,5% en février.