«Le problème des grandes multinationales est qu'elles sont devenues trop structurées, trop bureaucratiques et qu'elles accordent trop d'importance au processus, ce qui les rend très lentes à répondre à un nouveau défi» - Rishikesha T. Krishnan, directeur

Le lien entre les investissements en recherche et développement d'une entreprise et sa capacité à lancer des produits innovateurs est ténu. Les investissements d'Apple en R-D, par exemple, étaient inférieurs à ceux de BlackBerry à l'époque où l'iPhone a détrôné le téléphone intelligent de la société canadienne. «La raison pour laquelle l'Ouest s'intéresse à l'innovation jugaad, c'est que l'approche traditionnelle de R-D ne fonctionne pas», tranche Navi Radjou, chroniqueur à la Harvard Business Review et auteur du livre Innovation Jugaad.

Bien que les investissements en R-D des multinationales soient immenses, peu d'entre elles transforment véritablement leur environnement par leurs innovations. Selon Navi Radjou, les structures et la spécialisation propres aux services de recherche des entreprises occidentales favorisent l'amélioration marginale des produits existants au détriment des innovations révolutionnaires.

Trop structurées

En tentant de perfectionner leurs processus de production, par la méthode Six Sigma par exemple, ces entreprises créent un environnement peu propice aux innovations spontanées. «Le problème des grandes multinationales est qu'elles sont devenues trop structurées, trop bureaucratiques et qu'elles accordent trop d'importance au processus, ce qui les rend très lentes à répondre à un nouveau défi, soutient Rishikesha T. Krishnan, directeur et professeur à l'Indian Institute of Management, à Indore. Pour ces entreprises, l'idée qu'on puisse être très créatif et qu'on puisse régler des problèmes en transgressant les règles est très attrayante.»

Dans les faits, l'innovation jugaad ne peut pas remplacer un service de R-D. En effet, il s'agit avant tout d'une attitude permettant de transformer les contraintes et l'incertitude en occasion. «Le jugaad, ce n'est pas seulement innover pour offrir des produits moins chers, c'est aussi un état d'esprit, une capacité d'être agile et de répondre aux besoins des consommateurs plus rapidement», soutient Navi Radjou.

Rishikesha T. Krishnan, pour sa part, est d'avis que l'innovation structurée est essentielle, mais que les entreprises doivent éviter de créer des structures étouffant l'improvisation. «Mon point de vue, c'est que les multinationales de l'Ouest doivent s'inspirer davantage de l'innovation jugaad et que les entreprises indiennes doivent atteindre un certain équilibre entre les deux approches, en implantant davantage d'innovation structurée

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