IA: quel type de société allons-nous bâtir?

Offert par Les Affaires


Édition du 24 Novembre 2018

IA: quel type de société allons-nous bâtir?

Offert par Les Affaires


Édition du 24 Novembre 2018

Par Les Affaires

[Photo: 123RF]

Courrier des lecteurs — L'intelligence artificielle (IA) n'est plus de la science-fiction dans le domaine de la santé : elle fait partie du quotidien dans nos établissements au Québec. L'analyse des données provenant des dossiers cliniques des patients, des technologies médicales et des objets de santé connectés est de plus en plus souvent utilisée par les médecins et les professionnels pour traiter les maladies et améliorer la santé de la population. La prise de décision médicale et professionnelle bénéficie de plus en plus des algorithmes spécialisés.

Cette influence grandissante de l'IA ne se limite pas au secteur des soins. Elle représente de nouvelles méthodes de recherche et d'éducation pour les étudiants et les professionnels, incluant les patients et la population. C'est pour cette raison que le CHUM et l'Université de Montréal ont créé l'École de l'intelligence en santé. L'IA est aussi utilisée pour gérer les bâtiments hospitaliers, les équipements et les fournitures afin d'optimiser l'utilisation des ressources.

Nous estimons aujourd'hui que 40 % des activités de notre nouvel hôpital, le CHUM, qui est informatisé et automatisé dans de nombreux secteurs, utilisent une forme plus ou moins développée d'intelligence artificielle dans ses activités quotidiennes. Ce chiffre devrait atteindre 100 % dans trois ans. De façon plus générale, la progression de l'IA dans le domaine de la santé et de l'éducation dans les cinq prochaines années représentera un marché de plusieurs milliards de dollars et son champ d'application sera mondial. C'est pourquoi notre établissement établit de nombreux partenariats au Québec et dans le monde pour s'inscrire activement dans cette démarche et faire partie de la solution au bénéfice de la population.

Risque de rejet lié à la résistance humaine

Toutefois, cette transformation majeure ne va pas se réaliser sans heurts ni risques d'échec, en raison des changements majeurs qui vont toucher aussi bien l'individu que la société. L'enjeu principal pour l'implantation de l'IA est le risque de rejet qui est lié à la résistance humaine basée sur les peurs de nature éthique et sociale. Si cette inquiétude concerne tous les secteurs de notre société, c'est encore plus le cas dans ceux de la santé et de l'éducation qui touchent directement l'humain dans son intégrité actuelle et future.

Sur le plan de l'évolution de l'être humain, la combinaison de la génétique et de l'IA pourrait modifier des aspects essentiels de notre humanité en associant une vision de perfection génétique et un renforcement de l'intelligence humaine par l'intelligence artificielle. Le secteur de la santé a le devoir de s'impliquer dans ces choix et leurs conséquences au bénéfice de la population. C'est pour cette raison que nous participons activement à ces réflexions et partages de connaissances avec notre université, l'Université de Montréal et d'autres établissements universitaires dans le monde.

Le rôle des professionnels de santé deviendra essentiel dans un monde où les considérations éthiques varient beaucoup d'un pays à l'autre. Dans les domaines social et économique, quel type de société allons-nous bâtir et quelle y sera la place des humains ? Dans une période de remise en question de nos systèmes de santé et du rôle des hôpitaux, l'introduction rapidement croissante de l'IA va bouleverser le paysage professionnel, aussi bien dans la prise en charge des maladies que dans la promotion de la santé.

La transformation des métiers actuels, la création de nouvelles professions induites par l'IA vont entraîner une modification profonde de nos modèles organisationnels. La gestion de ces changements mérite toute notre attention et des mesures précises d'accompagnement doivent être prises à tous les échelons de notre société. En ce qui concerne notre secteur, nous devons travailler plus vite pour bien définir les besoins et pour former les acteurs dans tous les services de notre hôpital.

Pour cela, nous devons intégrer ces nouvelles données et porter une attention grandissante à nos programmes de formation, initiale et continue, et introduire de nouvelles méthodes personnalisées de gestion du changement.

Si nous voulons que le Québec réussisse la révolution de l'IA, nous devons unir nos forces pour qu'elle apporte de la richesse individuelle et collective au service de l'humain.

Dr Fabrice Brunet, PDG du CHUM

***

La rubrique Forum permet d'exprimer les différentes opinions de la communauté d'affaires du Québec et n'engagent que leurs auteurs; Les personnes souhaitant soumettre une lettre d'opinion pour publication dans cette rubrique sont invités à soumettre leur texte à courrierlesaffaires@tc.tc

À la une

Compétitivité: Biden pourrait aider nos entreprises

ANALYSE. S'il est réélu, Biden veut porter le taux d'impôt des sociétés de 21 à 28%, alors qu'il est de 15% au Canada.

Et si les Américains changeaient d’avis?

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

L’inflation rebondit en mars aux États-Unis

Mis à jour à 13:47 | AFP

L’inflation est repartie à la hausse en mars aux États-Unis, à 2,7% sur un an contre 2,5% en février.