Innovation: gare au cynisme des consommateurs

Offert par Les Affaires


Édition du 28 Mars 2015

Innovation: gare au cynisme des consommateurs

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Édition du 28 Mars 2015

Par Pierre Théroux

Photo: Bloomberg

N'en déplaise aux fabricants des iWatch, SmartWatch et autres Google Glass, la plupart des consommateurs témoignent un cynisme croissant envers la quête persistante d'innovations qui selon eux évoluent trop rapidement ou principalement à des fins commerciales.

La population montre en effet une certaine lassitude et un doute grandissant quant aux véritables bénéfices des innovations récentes, indique le récent Baromètre de confiance d'Edelman, un sondage international que la firme de relations publiques réalise pour une 15e année.

«Il n'est plus possible de promouvoir une innovation uniquement en vantant les caractéristiques ou les spécifications d'un produit. Les consommateurs s'attendent à des changements ou des innovations ayant une influence positive sur leur qualité de vie. Les marques doivent donc faire des liens entre leurs produits et les défis et les craintes auxquels les consommateurs font face au quotidien», commente John Clinton, chef de la direction chez Edelman Canada et responsable, création et contenu pour l'Amérique du Nord.

Tout en reconnaissant que l'innovation est un élément crucial de la réussite des entreprises, une majorité de répondants canadiens (53 %) estime qu'elle arrive désormais trop rapidement, révèle le sondage. Cette course est aussi motivée par les mauvaises raisons : 80 % des répondants croient qu'elle est surtout dictée par des objectifs de croissance, et 75 % affirment que la cupidité ou l'argent sont les principaux moteurs de changement dans les entreprises.

Toutefois, seulement 15 % sont d'avis que les entreprises innovent pour améliorer la vie des gens ou pour rendre le monde meilleur (14 %). Cette pensée est toutefois davantage ressentie au Canada qu'ailleurs dans le monde où, en moyenne, une personne sur trois estime que l'innovation est animée par la volonté d'améliorer la vie des gens, et le quart considère qu'elle veut avant tout rendre le monde meilleur.

La confiance varie d'une innovation à l'autre. Elle est plus élevée dans les secteurs de la technologie et des services financiers, notamment pour les paiements électroniques et mobiles (57 %). Certaines innovations proposées dans les secteurs de l'énergie et de l'alimentation, comme la fracturation hydraulique (36 %) et les aliments génétiquement modifiés (23 %), sont toutefois accueillies plus froidement.

Ce sont néanmoins les entreprises du secteur des technologies, tant au Québec qu'au Canada et ailleurs dans le monde, qui inspirent la plus grande confiance. Une grande majorité des répondants canadiens (75 %) et québécois (73 %) ont cette industrie en haute estime. Suivent ensuite les secteurs des aliments et boissons, et du divertissement, tandis que les industries chimiques et pharmaceutiques ferment la marche.

Baisse de confiance à l'égard des entreprises et de leurs pdg

Le Baromètre d'Edelman indique aussi un important effritement de la confiance à l'égard des entreprises canadiennes qui affiche une baisse de 15 points, à 47 %, la plus forte parmi les 27 pays étudiés. «L'économie canadienne a montré des signes de faiblesse, particulièrement dans les secteurs de l'énergie ou de l'automobile, lequel a été obligé de faire des rappels de plusieurs modèles de voitures», explique M. Clinton. Le niveau de confiance à l'égard des entreprises québécoises est toutefois légèrement plus élevé, à 53 %.

La cote des chefs d'entreprises canadiennes est aussi en chute libre, alors que seulement 28 % des répondants les considèrent comme des porte-parole crédibles, comparativement à 40 % en 2009. «Les salaires et les bonis excessifs versés à certains pdg ne sont pas étrangers à ces résultats», souligne M. Clinton.

« La cote des chefs d'entreprise est en chute libre. 28% des répondants à un sondage les jugent crédibles »

La confiance à l'égard des médias a baissé de 11 points, à 47 %, soit le changement le plus important après celui des entreprises. Les ONG continuent de représenter l'institution qui suscite le plus de confiance au Canada à 67 %, soit 18 % de plus que le gouvernement, en deuxième place à 49 %.

Le Baromètre a été réalisé à la suite d'un sondage en ligne mené l'automne dernier auprès de 27 000 répondants, répartis dans 27 pays.

80 %: Huit répondants sur 10 au récent sondage du Baromètre de la confiance Edelman estiment que la course à l'innovation des entreprises est surtout dictée par des objectifs de croissance.

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