Stéphane Boisvert, président de la division Marché d'affaires de Bell Canada, veut créer un groupe d'étude qui proposera des solutions afin que le pays se place parmi les cinq plus innovants au monde.

En octobre dernier, M. Boisvert a organisé une réunion de gens d'affaires et d'universitaires sur le thème des " technologies pour accroître notre prospérité ". L'homme d'affaires répétera l'expérience l'automne prochain.

" Il faut sensibiliser les entreprises au rôle de l'éducation et à son impact sur le produit intérieur brut canadien. Le PIB est directement lié au niveau d'éducation des travailleurs ", dit-il.

En queue de peloton

Le niveau d'éducation insuffisant des entrepreneurs canadiens et le manque de concurrence qui prévaut dans plusieurs secteurs placent d'ailleurs le Canada en queue de peloton des pays industrialisés en matière d'innovation, affirme le Conference Board du Canada.

Dans un rapport publié récemment, le Canada se classe au 14e rang parmi 17 pays industrialisés pour sa capacité à innover. Selon les auteurs, l'économie canadienne souffre d'un déficit technologique, de propriété intellectuelle et d'exportation de biens et de services innovateurs qui lui valent la note la plus faible, un D.

Accélérer l'innovation

À cause du phénomène de l'impartition, les entreprises ont transféré des tâches simples à l'étranger. " Il ne faudrait pas que la prochaine vague d'impartition se fasse au détriment d'emplois plus sophistiqués ", explique Stéphane Boisvert.

Il incite aussi le gouvernement à prendre des mesures pour accélérer l'innovation à long terme au Canada, notamment en épargnant le secteur de l'éducation quand viendra le moment de réduire le déficit fédéral.

Des coûts de R-D trop élevés

Plusieurs observateurs croient eux aussi que les entreprises canadiennes doivent faire plus de place à l'innovation et à la concurrence, si elles veulent continuer à prospérer.

" Les pays qui réussissent sont ceux qui deviennent des leaders dans la création, le développement, la production et la distribution de leurs biens et services. Ce sont ces pays qui attirent et fidélisent l'investissement. En ce moment, tout le monde s'entend pour dire que le Canada souffre d'un déficit d'innovation qui nuit à la croissance de nombreuses communautés partout au pays ", dit Terence Matthews, porte-parole de l'Alliance canadienne de la haute technologie (CATA).

Selon un sondage de la CATA, 40 % de ses membres pensent déménager leurs activités de R-D ailleurs, estimant les coûts de la R-D au Canada trop élevés. L'alliance demande au gouvernement fédéral d'accroître la disponibilité de financement pour les entreprises en prédémarrage, et de réduire le fardeau fiscal de celles qui innovent, et qui exportent.

Plus de place à l'innovation en entreprise

Les entreprises doivent également faire un effort, dit James Milway, directeur de l'Institut pour la compétitivité et la prospérité, un groupe ontarien de réflexion qui propose des solutions afin d'améliorer le sort des entreprises canadiennes.

" Le gouvernement peut réduire le degré de taxation, mais les entreprises doivent aller frapper plus souvent à la porte des universités, dit-il. Proportionnellement, le Canada compte plus de scientifiques que les États-Unis. Ce sont nos entrepreneurs qui doivent être mieux formés face à l'innovation. "