Tero veut révolutionner la gestion des déchets alimentaires

Publié le 25/10/2019 à 12:04

Tero veut révolutionner la gestion des déchets alimentaires

Publié le 25/10/2019 à 12:04

Par Denis Lalonde
Les cofondatrices de Tero, Elizabeth Coulombe et Valérie Laliberté

Les cofondatrices de Tero, Elizabeth Coulombe et Valérie Laliberté (Photo: courtoisie)

Transformer les déchets alimentaires en fertilisant pour plantes, pelouses et potagers? C’est le projet qui a permis à Tero, une start-up de Québec, de pulvériser son objectif de socio-financement il y a quelques jours.

Les cofondatrices de la société, Élizabeth Coulombe et Valérie Laliberté, ont lancé le 15 octobre une campagne sur la plateforme Kickstarter avec l’objectif de récolter 70 000$ en un peu plus d’un mois. Or, à ce jour, la campagne a permis de récolter un montant de plus de 1,63 million de dollars. 

«Lorsque la campagne a démarré, l’objectif a été atteint en à peine 10 minutes et nous avons terminé la première journée au-dessus du million de dollars. On n’y croyait pas! On rêvait d’atteindre le million de dollars sur toute la durée de la campagne», raconte Élizabeth Coulombe, présidente de la start-up.

La dirigeante confesse que d’avoir récolté autant d’argent peut aussi faire peur, mais que Tero se «retroussera les manches pour livrer ce qui est promis aux clients». Concrètement, tous les appareils devant être livrés en août 2020 ont été vendus, si bien que l’entreprise a ouvert des commandes supplémentaires pour livraison en décembre 2020.

 

Le résultat d’un projet universitaire

Mme Coulombe, 26 ans, et sa partenaire Valérie Laliberté, 28 ans, ont fait connaissance sur les bancs de l’Université Laval en 2014 au baccalauréat en design de produits.

L’appareil Tero est le résultat de leur projet de fin d’études, alors que les étudiantes voulaient trouver une solution pour rendre le compost accessible à tous les ménages. «Les gens s’intéressent au compostage, mais ne savent pas toujours comment s’y prendre. Lorsqu’ils n’ont pas accès à une cour, c’est encore plus problématique. On a voulu trouver une solution pour faire du compostage de manière beaucoup plus simple et qui répondait vraiment aux besoins des gens», dit Mme Coulombe.

Pour y parvenir, les deux acolytes ont consulté une centaine de citoyens pour avoir leur opinion sur ce qu’ils voulaient avoir comme solution de compostage. «Par la suite, nous avons participé à plusieurs expositions et les gens nous demandaient où ils pouvaient acheter l’appareil, alors que tout ce qu’on avait, c’était une maquette, une idée et un concept. En voyant l’intérêt des gens, on a décidé de se lancer», raconte la dirigeante. 

Le résultat des travaux est un petit électroménager possédant un contenant amovible de 4,5 litres qui se pose sur un comptoir de cuisine et qui peut transformer les résidus alimentaires en fertilisant, en un cycle d’environ trois heures.

Le tero peut notamment accueillir les restes de légumes et de fruits, les petits os de poulet et de poisson, les coquilles d’œufs et le marc de café. Les os de bœuf et de veau ne pourront y être déposés, car ils sont trop durs et pourraient endommager l’appareil. 

La dirigeante explique que contrairement au bac à compost, qui utilise des micro-organismes pour transformer les aliments, le Tero déshydrate et broie les résidus alimentaires. La chaleur utilisée pour la déshydratation permet aussi de stériliser le fertilisant, permettant son entreposage dans un contenant hermétique pendant plusieurs mois.

«Le fertilisant accumulé durant l’hiver pourra être conservé jusqu’au printemps, lorsque le sol aura eu le temps de dégeler», illustre Mme Coulombe.

 

Un appareil conçu au Québec

La présidente de Tero soutient que le montant obtenu permettra à la start-up de se trouver un local et de procéder à quelques embauches du côté des communications et du marketing, et servira évidemment à assurer les paiements pour la fabrication des composantes de l’appareil.

«Nous voulons que toutes les pièces stratégiques de l’appareil soient conçues au Québec. Cela va nous permettre de travailler directement avec nos fournisseurs et de garder le contrôle de la qualité à proximité», soutient Elizabeth Coulombe, ajoutant qu’il reste de petits détails à régler avant de finaliser la version commercialisable de l’appareil, surtout du côté de son design, bien que la société possède déjà des prototypes fonctionnels. Le prix de détail du Tero est pour le moment fixé à 450 dollars plus taxes.

Questionnée à savoir si le succès de la campagne de socio-financement avait suscité l’intérêt de distributeurs comme Rona, Home Depot, des centres de jardinage ou des boutiques spécialisées, Mme Coulombe affirme qu’aucune entente n’a encore été signée. «Pour le moment, on se concentre sur la campagne de socio-financement», dit-elle.

 

Deux années de sacrifices

Si la cofondatrice s’estime chanceuse de pouvoir réaliser son rêve en cofondant une entreprise, elle précise que les résultats obtenus depuis le début de la campagne de socio-financement ne sont pas les fruits du hasard.

«Nous avons obtenu environ 250 000 dollars en subventions, prix et bourses au cours des deux dernières années. Nous avons décidé de tout investir dans le développement du produit, sans nous verser de salaire. Ce n’est pas facile de travailler à plein temps là-dessus sans se verser de salaire, mais on savait que c’était un coup à donner pour être récompensées pour notre travail plus tard. On a des parents et amis très compréhensifs qui nous ont aidé aussi», dit-elle.

L’objectif des deux dirigeantes était de développer une version commercialisable du produit le plus rapidement possible, ce qui a été fait en collaboration avec le Centre de recherche industriel du Québec (CRIQ) pour le choix des pièces et des matériaux utilisés, avec Creaform Ingénierie pour la conception du produit et avec le centre de développement de bioproduits Biopterre.

 

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