(Photo: Sikorsky.com)

Après plusieurs mois de réflexion, le conglomérat industriel United Technologies (UTC) a annoncé lundi sa décision de se séparer de sa filiale Sikorsky qui fabrique des hélicoptères parmi lesquels le célèbre Marine One de la présidence américaine.

UTC, qui fabrique aussi les ascenseurs Otis et les moteurs d'avions Pratt and Whitney, a fait cette annonce au moment où se déroule le Salon aéronautique du Bourget, partageant ainsi la vedette avec le duo Boeing-Airbus qui s'affronte à coups de méga-commandes. 

Si la décision finale doit encore être approuvée par le conseil d'administration de UTC, une chose est certaine désormais: Sikorsky ne fera plus partie du groupe diversifié américain d'ici la fin de l'année et sera soit vendu soit deviendra une entité indépendante.

Ce n'est pas à proprement parler une surprise puisque UTC, qui se remet du départ abrupt de son PDG en novembre, avait préparé la communauté financière à cette éventualité dès mars en lançant une revue stratégique de son portefeuille. Toutes les options étaient sur la table, avait prévenu le conglomérat américain.

«Notre revue stratégique a confirmé que la sortie (du groupe) de l'activité de fabrication des hélicoptères est la meilleure voie pour United Technologies», a souligné lundi le nouveau directeur général Gregory Hayes. 

Il faut dire qu'UTC veut se concentrer sur la livraison de systèmes de haute technologie et des services à l'aéronautique et à l'industrie du bâtiment, des secteurs en plein boom alors que le militaire pâtit des coupes dans les budgets militaires en Occident. 

Sikorsky, racheté par un non-Américain? 

Sikorsky Aircraft, qui a réalisé 7,5 milliards de dollars de ventes en 2014 (+19% sur un an) mais dont le bénéfice opérationnel a été divisé par plus de deux, dispose d'une clientèle principalement militaire, en l’occurrence le Pentagone (ministère de la Défense américain).

Le fabricant des célèbres Black Hawk et Sea Hawk est par ailleurs confronté comme les autres acteurs du secteur à la hausse des coûts de développement des nouveaux appareils et de leur déploiement à grande échelle, selon les analystes.

UTC se désengageant, la question est désormais de savoir qui va mettre la main sur ces hélicoptères, dont l'un des modèles est Marine One, l'aéronef présidentiel américain?

Les pistes de reprise mènent vers des groupes américains (Boeing et Lockheed Martin) mais aussi vers l'avionneur européen Airbus. UTC aurait contacté les trois sociétés, d'après le Wall Street Journal. Contacté par l'AFP, Boeing s'est refusé à tout commentaire, tandis qu'UTC n'était pas joignable dans l'immédiat. 

L'hypothèse d'une reprise de Sikorsky par un groupe étranger semble semée d'embûches après le fiasco du projet VH-71 Kestrel développé par le constructeur européen Agusta Westland en partenariat avec l'américain Lockheed Martin.

L'hélicoptère VH-71 avait été choisi en 2005 pour le renouvellement de la flotte présidentielle américaine mais des retards, une explosion des coûts - plus de 13 milliards de dollars - et des problèmes d'ingénierie avaient conduit le Pentagone à annuler le contrat en 2009. 

L'épisode avait déclenché de vives critiques aux États-Unis contre les constructeurs étrangers et notamment européens dans le domaine de la défense. 

Finalement en mai 2014, l'US Navy, en charge du programme VXX (Presidential Helicopter Replacement Program), avait attribué le nouveau contrat de 1,24 milliard de dollars à Sikorsky pour produire une pré-série de 6 appareils S-92 modifiés, désignés «VH-92». 

En attendant l'annonce de la forme que va prendre la séparation avec Sikorsky, UTC s'attend à ce que cette dernière affecte sa rentabilité cette année. 

Sans Sikorsky, les revenus 2015 du conglomérat américain devraient être compris entre 58 et 59 milliards de dollars pour un bénéfice par action de 6,35 à 6,55 dollars. La croissance organique des ventes sera de l'ordre de 3%à 5%.