C'est également le désert en matière de financement public. Depuis 2003, le gouvernement du Québec s'est retiré massivement du capital de risque. La Stratégie biopharmaceutique québécoise annoncée en octobre 2009, qui bénéficiera de près de 123 M $ sur trois ans, suscite beaucoup d'espoir, mais elle ne s'est pas encore concrétisée. " Le nouveau fonds AmorChem, qui dispose de plus de 40 M $ à investir dans le prédémarrage d'entreprise, un des maillons faibles de la chaîne, se fait toujours attendre ", souligne M. Godbout.
Avantage concurrentiel
Malgré ces difficultés, tout n'est pas perdu pour le secteur des biopharmas québécoises. Avec 145 entreprises recensées par le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, le Québec occupe le quatrième rang de cette industrie en Amérique du Nord.
Toutefois, cet avantage concurrentiel menace de s'effriter face au dynamisme de certains pays, comme l'Allemagne et l'Australie, qui se sont dotés de politiques fiscales très alléchantes pour attirer les petites sociétés innovatrices, observe M. Rosconi. Pour rester dans la course, il suggère au gouvernement du Québec de faire pression sur les grandes sociétés pharmaceutiques. " Le Québec achète pour près de 2,7 milliards de dollars chaque année en médicaments. Il doit utiliser ce levier pour inciter les grandes entreprises du secteur à investir une partie de ces retombées dans les petites boîtes de biotechs au Québec ", estime-t-il.
Renforcer le secteur québécois des biopharmaceutiques est une question de survie dans la perspective de l'arrivée prochaine des pays émergents dans cette industrie. Demain, les concurrents ne seront plus Vancouver et Toronto, mais Bangalore et Shanghai. GlaxoSmithKline, entre autres, a annoncé son intention de cibler les nouvelles classes moyennes en Asie et au Moyen-Orient. Le Québec doit donc fourbir ses armes s'il ne veut pas manquer le prochain train.