Analyse: la concurrence transforme la Bourse canadienne

Publié le 23/04/2009 à 00:00

Analyse: la concurrence transforme la Bourse canadienne

Publié le 23/04/2009 à 00:00

Pendant qu'une consolidation s'annonce en matière de réglementation, de nouveaux acteurs se pressent à la porte pour obtenir leur part de ce qui, hier encore, était la chasse gardée de quelques grandes Bourses à l'échelle du pays.

C'est ainsi que, le 7 novembre dernier, la très attendue Alpha Trading Systems a été lancée. Cette nouvelle plateforme boursière, ou système de négociation parallèle, se présente comme une solution de rechange à la plateforme du groupe TMX pour l'échange d'actions. Lieu de négociation uniquement virtuel, Alpha permet d'échanger par voie électronique les titres des principales sociétés canadiennes inscrites à la Bourse de Toronto.

Fruit d'un partenariat entre sept grandes maisons de courtage (dont celles des principales banques canadiennes), Alpha entend concurrencer le Groupe TMX, qui exploite la Bourse de Toronto et qui possède aussi l'ancienne Bourse de Montréal, spécialisée dans les produits dérivés depuis 1999.

" Alpha a été lancée afi n d'offrir des réductions de coûts considérables à tous les vendeurs et acheteurs du marché ", affi rme Jos Schmitt, pdg d'Alpha.

Pour sa première année d'existence, Alpha ambitionne d'attirer 20 % du volume des échanges d'actions au Canada grâce à une tarification plus simple et moins chère que celle du Groupe TMX, lequel a cependant réagi en abaissant ses frais de transaction.

D'ici deux ou trois ans, c'est pas moins du tiers des transactions qui pourrait passer par Alpha, selon Gerry Throop, vice-président et directeur général, actions institutionnelles mondiales, de la Financière Banque Nationale : " Jusqu'ici, Alpha a réussi à accaparer une bonne partie des échanges d'actions sur le marché canadien, ce qui permet de penser qu'elle pourrait bientôt occuper une place importante ", note-t-il.¸

Alpha est considérée comme la rivale la plus sérieuse du Groupe TMX, mais elle n'est pas la seule. D'autres systèmes de négociation parallèle, comme Pure Trading, Omega et Chi-X Canada, sont aussi apparus depuis quelques années. Le coût d'une transaction, voire le cours d'un titre, peuvent y être plus attrayants, auquel cas les investisseurs auront le choix de contourner le système d'échange du Groupe TMX.

Le TMX sous pression

Depuis la conclusion de l'entente visant à réorganiser le monde boursier canadien, en 1999, les plateformes boursières se sont multipliées pendant que les Bourses " classiques " de l'Alberta, de Montréal, de Winnipeg et de Vancouver étaient tour à tour absorbées par des marchés boursiers plus grands.

Sans que ces systèmes parallèles obtiennent beaucoup de volume jusqu'ici, il reste que l'époque récente où la Bourse de Toronto jouissait d'un monopole dans l'échange des actions des grandes sociétés du pays est révolue.

Et alors qu'il paraissait quasi inattaquable, le Groupe TMX a tout à coup été exposé à la concurrence la plus vive. C'est en partie la crainte que la concurrence ne dévore ses revenus qui a entraîné le titre de l'entreprise à la baisse au cours de la dernière année.

Mais les analystes ne donnent pas le TMX pour mort. Pour autant qu'il sache s'adapter, certains prévoient même qu'il pourrait fi nir par profi ter de la libéralisation en cours pour devenir plus fort.

" À court terme, je dirais que l'horizon est plutôt sombre pour le TMX, car ses revenus risquent de baisser encore en 2009. À long terme, par contre, je dirais que l'entreprise est très solide ", avance John Aiken, analyste chez Dundee.

De fait, si la proportion des échanges que gère TMX est appelée à baisser, les revenus qu'elle tire des inscriptions et des frais de données (notamment pour obtenir le cours d'un titre en temps réel) sont en revanche beaucoup plus sûrs, selon M. Aiken.

" La domination du Groupe TMX en ce qui a trait aux appels publics à l'épargne devrait être beaucoup plus durable que celle qu'il avait sur les transactions, et la société a bien réagi en haussant les frais d'inscription et de données ", mentionne-t-il.

Autrement dit, les plateformes peuvent bien se multiplier, le jour où elles auront un indice faisant une concurrence sérieuse au TSX du Groupe TMX semble lointain. Les sociétés d'envergure veulent encore être cotées à la Bourse canadienne de référence, même si cela leur coûte plus cher.

Possible croissance du volume de transactions

Un autre facteur avec lequel il faut compter est l'arrivée de nouveaux courtiers dans la foulée de la multiplication des systèmes de négociation parallèle. Si les plateformes d'échange évoluent, le profi l des investisseurs qui les utilisent est lui aussi en mutation.

" Certaines personnes ont l'habitude de voir l'arrivée de la concurrence comme une guerre pour un seul territoire, alors qu'il est aussi possible que tous les acteurs profi tent d'une hausse du volume des échanges ", suggère Ian Bandeen, pdg de CNSX, la société qui exploite Pure Trading.

En s'implantant dans le marché canadien, des plateformes comme Chi-X amènent des négociateurs très actifs de partout dans le monde, et donc une augmentation du trafi c, fait-il observer.

Peter Haynes, analyste chez TD Newcrest, table sur une croissance de 15 à 25 % du volume des transactions en raison de l'arrivée de cette catégorie de négociateurs dans le marché. La technologie est aussi à l'origine d'une nouvelle tendance, celle des négociateurs algorithmiques : ce sont des ordinateurs qui effectuent des transactions en fonction de paramètres mathématiques.

Signe de ces changements : alors que la valeur des échanges est en constante diminution, le nombre des transactions ne cesse d'augmenter, ce qui est plus payant pour les Bourses. " Pour beaucoup de courtiers, l'année 2008 n'a pas été si mauvaise, puisque le volume des échanges a aussi été élevé pendant les mois de forte baisse du TSX ", remarque M. Throop.

À plus long terme, de nouveaux produits fi nanciers comme les options représentent une autre occasion de croissance, bien que des difficultés importantes, notamment en ce qui a trait à la formation des courtiers, freinent leur essor au pays : " La demande de produits dérivés est encore très faible, mais elle pourrait devenir payante à l'avenir ", dit M. Aiken.

Une évolution mondiale

L'évolution que connaît le monde boursier canadien n'est pas unique. En fait, le Canada accuse un retard par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde, aux États-Unis et dans certains pays d'Europe, où une ouverture semblable des marchés s'est produite.

Aux États-Unis, on dénombre pas moins d'une dizaine de systèmes de négociation parallèle, et une entreprise peut choisir de s'inscrire à la Bourse de New York ou au Nasdaq pour lever des capitaux.

En Europe, la Société Générale vient de lancer Alpha x Europe, un système d'exécution en interne des ordres de Bourse de ses clients. Elle avait déjà participé, avec huit autres grandes banques, à la création de Turquoise, un système de négociation parallèle qui concurrence le London Stock Exchange et NYSE-Euronext. La plupart des experts croient que le marché canadien est assez grand pour que plus d'une plateforme boursière s'y enracine. Quant à savoir combien survivront, c'est une autre question : " Je ne suis pas certain qu'il y ait de la place pour beaucoup plus que deux ou trois exploitants à long terme ", dit Sylvain Perreault, vice-président, opérations, de Valeurs mobilières Desjardins.

Les coûts de branchement aux diverses plateformes requièrent des investissements considérables qui ne pourront pas toujours être assumés par les maisons de courtage, selon lui. D'ailleurs, à court terme, une analyse de la Banque TD révèle que la libéralisation a exercé une pression à la baisse sur le prix des transactions, mais a engendré une hausse globale des frais de données, contrairement à ce qui était attendu.

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