«Non seulement l’entreprise est en mode de survie, elle ne se donne pas les moyens de se positionner pour l’avenir», pense le professeur Luc Bouthillier.

AbitibiBowater a annoncé hier qu’elle demandait des autorités régulatrices un délai supplémentaire pour restructurer la dette qui arrive à terme en 2009 et 2010. Les agences Standards & Poors et Fitch ratings ont rabaissé la notation de l’entreprise à la note la plus faible possible.

Pour Luc Bouthillier, si les banques et investisseurs n’ont pas soutenu les propositions de restructuration d’AbitibiBowater, c’est qu’elles n’ont pas confiance dans l’entreprise. Parce que sa stratégie ne correspond pas aux pratiques d’avant-garde dans le secteur des bois et forêts.

«Partout dans le monde, on constate un rapprochement entre les producteurs de pâtes et papiers et le secteur de l’énergie. C’est ce qui permet à ces producteurs de se procurer de l’énergie à un prix compétitif», explique Luc Bouthillier.

Or, dans le cas d’AbitibiBowater, les actifs hydro-électriques ont été vendus pour lever des liquidités.

De plus, la compagnie était sévèrement décotée, tout financement qui lui serait apporté s’accompagnerait, pour les banques, de provisions pour d’éventuelles pertes. «Dans la conjoncture, c’est un luxe que les banquiers ne peuvent se payer», ajoute le professeur.

Dans ce contexte, Luc Bouthillier pense que la survie d’AbitibiBowater se joue dans les prochaines semaines. Il se dit inquiet pour l’entreprise et pour les régions québécoises qui en dépendent.

Au Québec, AbitibiBowater emploie environ 8700 personnes et, les retombées indirectes de ses activités se traduisent par un total de 20 000 emplois. Les régions de Saguenay et du Lac St Jean seraient les plus affectées par une éventuelle mise en faillite de l’entreprise.