Comment amorcer un virage vers la biomasse forestière résiduelle?

Publié le 07/07/2022 à 18:02

Comment amorcer un virage vers la biomasse forestière résiduelle?

Publié le 07/07/2022 à 18:02

Par La Presse Canadienne

L'industrie de la BFR récupère en forêt les résidus issus des activités forestières existantes ou valorise les résidus issus de l’usine pour produire du biocombustible. (Photo: 123RF)

Le Conseil régional de l’environnement du Bas-Saint-Laurent (CREBSL) vient de publier une boîte à outils pour démystifier le chauffage à la biomasse forestière résiduelle (BFR) locale auprès des gestionnaires de bâtiment des industries, commerces et institutions (ICI). Jamal Kazi, chargé de projet au CREBSL, explique que le principal défi à l’essor de la filière de BFR est de sortir du cercle vicieux dans lequel la demande attend l’offre, et vice-versa.

La région du Bas-Saint-Laurent possède une usine de granules de bois [1] à Lac-au-Saumon. Un deuxième projet est aussi en train de se développer à Cacouna. Pourtant, bien que cette offre soit disponible dans la région, son marché est surtout tourné vers les marchés extérieurs. La demande locale au Bas-Saint-Laurent s’approvisionne surtout du Nouveau-Brunswick.

«L’offre n’est pas trop manifeste parce qu’on ne sait pas trop si la demande est là et se tourne surtout vers des marchés extérieurs. Puis, il n’y a pas beaucoup de demandes pour le chauffage à la biomasse parce qu’on ne sait pas trop s’il y a une offre suffisante et constante en biocombustibles», explique Jamal Kazi.

Démystifier la biomasse

La boîte à outils a ainsi le but de démystifier la BFR auprès des gestionnaires de bâtiment pour générer la demande et ainsi briser le cercle vicieux qui freine le développement de la filière: «dans la région, il y a une offre qui ne connaît pas trop la demande et surtout une demande qui ne connaît pas trop l’offre. Ce qu’on cherche à faire avec cette boîte à outils, c’est démontrer l’intérêt qui y a à faire la transition. D’une part, les gisements sont là, la matière est là, donc on peut en toute confiance - si on gère un bâtiment - envisager la transition pour quitter le mazout ou le propane vers cette biomasse-là et ainsi générer la demande à laquelle l’offre pourra répondre», souligne le chargé de projet.

La BFR n’abat pas d’arbres, mais récupère en forêt les résidus issus des activités forestières existantes ou valorise les résidus issus de l’usine pour produire du biocombustible. Ces résidus peuvent prendre la forme de plaquettes, de granules ou de bûches de bois densifiées utilisées pour le chauffage.

La biomasse a connu un essor en Europe et, bien que les équipementiers viennent d’Europe, ils ont leur pied à terre au Canada et au Québec, indique monsieur Kazi. Il mentionne que la technologie est là, que les équipements et l’expertise existent. Les programmes de subvention à la conversion qui sont aussi là pour durer dans le temps. La transition est ainsi tout à fait à la portée des gestionnaires de bâtiment.

Le chargé de projet précise qu’un des avantages d’adopter un chauffage à la biomasse est qu’il permet notamment d’offrir une autonomie énergétique en cas de panne de courant dans un contexte où les épisodes de verglas peuvent être de plus en plus fréquents. «Il suffirait d’avoir une petite génératrice pour faire fonctionner les systèmes d’alimentation en carburant, ce qui est intéressant par exemple pour les bâtiments communautaires de village», précise-t-il.

La boîte à outils répond ainsi à plusieurs questionnements entourant le développement de la filière et donne plusieurs astuces pour faciliter la transition. Par exemple, il est recommandé de faire une évaluation écoénergétique du bâtiment et d’optimiser le bilan énergétique du bâtiment avant d’acquérir un équipement de chauffage à la BFR. Cela permet notamment de s’assurer d’acquérir un appareil qui a la puissance requise.

La transition, c’est pour qui?

Le virage vers la BFR pourrait être amorcé dans le réseau de la santé, le réseau de l’éducation et les résidences. L’idée est de cibler les utilisateurs d’un système de chauffage au mazout. Ainsi, les églises, ou même la cathédrale de Rimouski, pourraient adopter un système de BFR.

De manière générale, pour que la transition à la BFR soit intéressante, elle doit être envisagée en circuit court à l’échelle d’une région administrative ou de quelques MRC dans un environnement où il est possible d’obtenir des résidus forestiers.

«C’est sûr que plus on va en circuit court, mieux c’est, surtout avec le prix du carburant. On n’a pas encore des camions de livraison qui roulent à la biomasse! Le coût de transport va vite s’additionner. Par exemple, envoyer des plaquettes ou des granules du Bas-Saint-Laurent vers Montréal à une échelle importante - à moins d’opter pour du rail ou du cabotage [2], qui n’est pas encore une pratique établie au Québec - ce n’est probablement pas intéressant», explique monsieur Kazi.

Les prochaines étapes du projet sont d’aller à la rencontre des ICI, afin de faire connaître la boîte à outils, ainsi que d’offrir un accompagnement et de l’information concernant les premières étapes de la transition.

 

Par Catherine Belleau-Arsenault, Initiative de journalisme local, Le Mouton noir

 

[1] Les granules de bois sont utilisées pour le chauffage à la biomasse forestière résiduelle. L’entreprise est GDS.

[2] Le cabotage désigne un genre de navigation maritime qui consiste à se déplacer de port en port en restant à proximité des côtes.

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