Analyse : un effort de 22 milliards chez TransCanada

Publié le 08/07/2009 à 00:00

Analyse : un effort de 22 milliards chez TransCanada

Publié le 08/07/2009 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

Au total, ce sont 22 G$ que TransCanada investit pour assurer sa croissance à long terme, diversifier ses sources de revenus et se donner les moyens d'augmenter éventuellement son dividende.

À court terme toutefois, ses investissements coûtent cher et réduiront de 0,10 à 0,15 $ son bénéfice par action en 2009 et 2010.

Pour financer ses multiples projets de pipelines, de centrales électriques et nucléaires et d'éoliennes, tout en maintenant sa cote de crédit de qualité, TransCanada a émis pour 5,6 G$ d'actions depuis deux ans. Ces émissions en série, réalisées à des cours toujours plus faibles, ont augmenté de plus de 25 % le nombre d'actions en circulation, ce qui réduit d'autant son bénéfice par action, dit Andrew Fairbanks, analyste chez Merrill Lynch.

En d'autres mots, les actionnaires doivent sans cesse partager les bénéfices et les dividendes futurs avec de plus en plus d'investisseurs. C'est ce qu'on appelle la dilution.

" TransCanada montre encore une fois qu'elle est prête à renoncer à l'appréciation à court terme de son action pour améliorer sa capacité de croître à long terme ", explique Pierre Lacroix, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins.

" L'aspect positif est que toutes ces émissions financent des projets précis qui devraient accélérer la croissance du bénéfice après 2010 ", souligne Steve Belisle, analyste chez Investissements Standard Life.

Un achat si l'action faiblit davantage

À court terme, son titre pourrait faiblir parce que le marché doit absorber l'augmentation du nombre d'actions en circulation.

La chute de 50 % des prix de l'électricité en Alberta depuis un an, qui nuira au bénéfice de TransCanada en 2009, est aussi une source d'inquiétude, dit M. Belisle.

Plusieurs financiers jugent toutefois que la baisse de son cours serait une occasion d'acheter le titre, afin de profiter de la croissance plus rapide du bénéfice et de ses dividendes, prévue surtout après 2012.

Le pipeline Keystone, un projet clé

La dernière émission d'actions de TransCanada servira à acheter la participation de 20 % de l'américaine ConocoPhillips dans le projet de pipeline de pétrole Keystone.

TransCanada a déjà investi 3 G$ dans la construction du futur pipeline, qui coûtera 13 G$ au total. Ce pipeline, dont la première phase sera terminée en 2010, transportera du pétrole lourd de l'Alberta jusqu'aux raffineries du Texas.

" Avec Keystone, TransCanada s'assure d'être un fournisseur stratégique de pétrole aux États-Unis et diversifie sa clientèle. Cette nouvelle source de revenus remplacera la décroissance des revenus de son principal pipeline de gaz naturel ", dit Frank Settino, de Gestion globale d'actifs CIBC.

Des flux de trésorerie stables

Malgré sa croissance, TransCanada n'a pas perdu la stabilité propre à l'industrie des services publics, dit Linda Ezergailis, analyste chez TD Newcrest.

Trois quarts du bénéfice d'exploitation de l'entreprise provient d'activités dont les tarifs sont réglementés ou dont les revenus font l'objet de contrats à long terme.

Par exemple, le pipeline Keystone a déjà vendu 83 % de sa capacité de transport de pétrole pour 18 ans, dit Sam Kanes, de Scotia Capitaux.

" Les flux de trésorerie que lui procurent ses pipelines et centrales actuels et ceux que lui procureront ses projets futurs devraient faire croître son bénéfice à un rythme annuel de 7 % entre 2008 et 2013 ", juge Mme Ezergailis.

En 2013, TransCanada dégagera des flux de trésorerie excédentaires de plus de 2 G$, après avoir versé ses dividendes, prévoit pour sa part Carl Kirst, analyste chez BMO Marchés des capitaux.

" TransCanada est un moyen attrayant de profiter de la demande croissante d'énergie à long terme, sans être exposé aux prix de l'énergie ", affirme M. Kirst.

Potentiel

>Investit dans sa croissance à long terme.

>Le pipeline Keystone sera rentable à partir de 2011.

Risques

>Quatre émissions depuis 2007 diluent son bénéfice par action.

 

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