Quiconque discute avec des gens du milieu est au courant : François Duffar entretenait une vision différente quant à l'avenir de Cossette. Au sein de la direction de la firme, les divergences ne datent pas d’hier.
«Depuis longtemps, il faisait part d’orientations différentes de celles que prenait Cossette», confie une personne près du dossier, précisant que depuis l’inscription de Cossette en bourse, en 1999, le publicitaire estimait que la qualité de la démarche créative perdait du terrain au profit des rendements financiers.
Au cours des années, un fossé s’est peu à peu creusé entre certains dirigeants de l’entreprise. Les désaccords se sont intensifiés au point où François Duffar se retire au printemps 2008, après 35 ans au sein de l'entreprise. Il reste alors membre du comité exécutif, mais n'assure plus de tâches exécutives. Il quitte légalement la firme le 1er juin 2009.
Au fil des années, François Duffar a occupé les postes de directeur général (Montréal), de vice-président exécutif national, ainsi que de vice-président exécutif et chef de l'exploitation. Il a également ouvert Cossette Montréal et participé à la création des bureaux de Toronto, de Vancouver, d’Halifax, de New York et de Londres.
Dès qu’il « est parti, des gens sont venus le voir en lui disant: « Tu ne peux pas quitter une compagnie du Québec inc aussi importante que Cossette sans faire quelque chose », raconte cette même source.
Ainsi, quelques semaines après son départ, François Duffar prépare tranquillement, mais sûrement, son retour. Première étape : former un noyau de personnalités influentes issues des secteurs de la publicité, des communications et des affaires. Des noms importants répondent à l’appel : Jean Monty (président de Libermont et ancien pdg de BCE), Georges Morin (ex-vp chez Cossette qui a remis sa démission le 18 juillet dernier) ainsi que Daniel Bernard (président de la société d’investissement Provestis) se joignent à l’initiative.
Deuxième étape : enregistrer l’entreprise. François Duffar crée alors Cosmos Capital, l’entreprise qui a soumis la proposition d’acquisition au CA de Cossette au nom du Groupe Cosmos qui regroupe pour sa part les investisseurs mentionnés ci-haut. Notons également qu’un fonds international de capital-investissement privé de « plusieurs milliards de dollars» fait partie du groupe.
Le reste de l’histoire est connu. Lundi, la nouvelle entreprise sortait de l’ombre en déposant une proposition d'acquisition au conseil d’administration de Cossette. En soirée, après une réunion spéciale, celui-ci annonçait la création d’un comité – composé de Jean Lavigueur, Robert Beauregard, Raymond Boucher et Paule Gauthier – pour examiner les différentes options stratégiques offertes.
