L'avenir d'Alstom, une histoire à rebondissements

Publié le 27/04/2014 à 12:15

L'avenir d'Alstom, une histoire à rebondissements

Publié le 27/04/2014 à 12:15

Par AFP

Le gouvernement français a reporté sine die, dimanche, toute rencontre avec le Pdg de l'américain General Electric, candidat au rachat de la branche énergie du fleuron industriel français Alstom, au vu de l'intérêt manifesté par l'allemand Siemens, exigeant de prendre le temps nécessaire à l'examen de ce dossier stratégique.

Le gouvernement français souhaite "disposer du temps nécessaire à un examen sérieux des propositions" sur la table, a annoncé Bercy, en conséquence le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg a reporté son entrevue avec Jeffrey Immelt, évoquée depuis vendredi.

"Compte tenu des enjeux stratégiques pour l'industrie et l'économie française, le gouvernement n'acceptera pas qu'une décision soit prise, quelle qu'elle soit, dans la précipitation et sans l'instruction conjointe avec les intérêts de la nation des choix alternatifs", a affirmé le ministère.

Le gouvernement français "est prêt à examiner" les projets de GE et Siemens, "deux investisseurs importants" en France, "avec le souci de préserver les intérêts de la base industrielle de la France et à y participer financièrement", a-t-il dit.

Une source proche du dossier avait auparavant indiqué que le Premier ministre Manuel Valls lui non plus ne verrait pas le Pdg de GE ce dimanche.

Ces discussions devaient porter sur le projet du mastodonte GE (305 000 salariés dans le monde et 146 milliards de dollars de chiffre d'affaires), de racheter les actifs d'Alstom dans l'énergie. Ces divisions "Power" et "Grid", spécialisées dans les équipements pour centrales thermiques, les lignes à haute tension ou encore les énergies renouvelables, représentent plus de 70% de l'activité d'Alstom et un chiffre d'affaires de 14 milliards d'euros.

Les négociations seraient déjà bien avancées avec le groupe français dirigé par Patrick Kron, pour une transaction estimée par la presse à quelque 10 milliards d'euros, qui ne concernerait pas la branche transport, fabriquant les trains à grande vitesse (TGV), source de fierté hexagonale. Le groupe diversifié Bouygues, premier actionnaire d'Alstom avec 29,4%, serait favorable à l'opération.

 

Siemens en trouble-fête

Mais l'allemand Siemens est venu jouer les trouble-fête : dimanche matin, il a annoncé dans un bref communiqué avoir fait part à Alstom "de sa disposition à échanger sur les questions stratégiques soulevées par une coopération future".

Selon Le Figaro, Siemens aurait proposé à Alstom, par écrit dimanche matin, de reprendre l'activité énergie convoitée par GE contre une somme en numéraire, à laquelle s'ajouterait "la moitié de sa branche transports".

Ce rebondissement, qui avait filtré dès samedi de source proche du dossier, a surpris les analystes, car lors du sauvetage d'Alstom en 2003-2004 alors au bord de la faillite, l'Etat français s'était opposé à un rachat par Siemens.

Siemens craint visiblement de se retrouver face à un très puissant concurrent, qui plus est sur ses terres européennes, en cas de rapprochement entre GE et Alstom dans le domaine de l'énergie, une de ses sources majeures de revenus et de bénéfices.

Mais le PDG d'Alstom est viscéralement opposé à tout rapprochement avec le groupe allemand.

Or, bien que l'Etat ne soit plus actionnaire de l'entreprise depuis 2006, le gouvernement français s'est invité avec force dans le dossier. Dès vendredi, M. Montebourg a reçu Clara Gaymard, la dirigeante de GE en France, selon des sources proches.

Car le gouvernement entend être "particulièrement ferme sur ses exigences de maintien et de créations d'emplois, d'investissements et de recherche-developpement en France, ainsi que le maintien des centres de décision en France", a martelé Bercy dimanche. Il sera "extrêmement vigilant, s'agissant du maintien de l'excellence et de l'indépendance de la filière nucléaire française".

De son côté Alstom devait convoquer un conseil d'administration extraordinaire en fin de journée, selon la presse, ce que le groupe n'a pas confirmé.

Pour l'heure son PDG, Patrick Kron, s'est contenté d'indiquer aux organisations syndicales que le groupe était en discussions "pour une opération industrielle", suscitant l'inquiétude des syndicats.

Dimanche matin dans l'émission conjointe I-Télé-Europe1-Le Monde Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force ouvrière, a estimé que l'Etat pourrait entrer temporairement au capital de l'industriel pour "peser sur le dossier", dans la mesure où Alstom est "sur des secteurs stratégiques".

L'annonce de GE est "rapide, avec un déroulé qui avait l'air rapide" et avec Siemens qui "rentre dans la course, il y a une dimension européenne dans le dossier": il faut donc que ces deux offres "soient bien étudiées en termes de centre de décision, en terme d'emplois, d'activité", a insisté M. Mailly, craignant un effet sur l'emploi.

Présent dans une vingtaine de villes de l'Hexagone, dont trois principaux sites de production (Belfort, qui abrite son siège européen, Buc, Le Creusot) General Electric France emploie 11.000 salariés en France, contre 18.000 pour Alstom.

"GE est très respecté en termes de politique sociale" avait affirmé samedi à l'AFP une source proche du dossier, estimant que "c'est dans l'ADN de GE" - qui coopère avec Snecma (Safran) dans les moteurs d'avion -, "d'être un partenaire industriel" de la France.

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