Les PPP coûtent plus cher, selon le vérificateur général

Publié le 10/06/2010 à 09:31

Les PPP coûtent plus cher, selon le vérificateur général

Publié le 10/06/2010 à 09:31

Par lesaffaires.com

La modernisation des centres hospitaliers universitaires montréalais pourrait coûter plus cher en PPP qu'en mode traditionnel, suggère le vérificateur général Renaud Lachance.

Dans un nouveau rapport, M. Lachance conclut que les analyses de la valeur ajoutée des partenariats public-privé (PPP) pour les projets de Centre de recherche du CHUM et du Centre de santé McGill (CUSM) sont basées sur des hypothèses «inappropriées» ou «non fondée».

Par conséquent, «la preuve n'est pas faite que le mode PPP est plus économique que le mode traditionnel pour les projets examinés. Les études ne comportent pas les éléments suffisants pour conclure que le mode PPP coûte moins cher», a dit M. Lachance, mercredi, en entrevue à La Presse Canadienne.

Déposé mercredi à l'Assemblée nationale, le rapport du vérificateur a ajouté du carburant à l'opposition officielle qui lutte sans relâche contre la formule des PPP, introduite par l'ex-ministre Monique Jérôme-Forget.

«Les comparateurs publics utilisés ont été triturés, déformés, faussés pour donner les résultats que le gouvernement attendait. Le fiasco de l'îlot Voyageur a l'air de la petite bière à côté du fiasco qui est décrit par le Vérificateur général», a lancé avec sa verve coutumière le député péquiste de Richelieu, Sylvain Simard.

Selon le vérificateur, les avantages attribués au mode de réalisation en PPP pour le projet de Centre de recherche du CHUM résultent d'erreurs importantes d'analyse.

Plutôt qu'un écart de 33,8 millions en faveur du mode PPP, une évaluation sans faute aurait démontré que le mode traditionnel présentait un avantage économique d'au moins 10,4 millions.

Autant pour le projet du Centre de recherche du CHUM que pour le Centre universitaire de santé McGill, l'examen ne permet pas d'affirmer que le mode PPP est plus économique que le mode traditionnel réalisé par le secteur public, soulève le rapport.

Pour le vérificateur, les signatures des contrats de PPP pour les deux établissements ont été faites ou seront faites «sans avoir une vision des projets dans leur ensemble quant à leurs coûts globaux et aux budgets de fonctionnement qui seront nécessaires».

En ce qui a trait aux coûts d'immobilisation pour les deux projets, ils continuent de monter en flèche, dépassant maintenant d'au moins 108 millions les 5,2 milliards annoncés en mars 2009.

Cette estimation ne tient pas compte des révisions à venir pour le CHUM, l'hôpital Sainte-Justine, des composantes hors PPP du Centre de santé McGill et du retrait de l'hôpital neurologique de Montréal du site de la Montagne.

«Le projet des centres hospitaliers universitaires a été géré en amateur et c'est un gouffre historique qui ne cesse de se creuser. Est-ce que le premier ministre, ci-devant grand bâtisseur autoproclamé, va reconnaître sa responsabilité dans le plus grand dépassement en coûts de l'histoire du Québec?», s'est indigné le député Bernard Drainville, porte-parole de l'opposition en matière de santé.

Titulaire du dossier, la présidente du Conseil du trésor, Monique Gagnon-Tremblay, a choisi de ne pas se laisser distraire par les conclusions du vérificateur.

«Il n'y a rien, il n'y a vraiment aucun fait nouveau mis au jour par le vérificateur général. Par rapport au rapport qu'il a fait il y a sept mois, il reprend sensiblement les mêmes arguments», a-t-elle déclaré.

À ses yeux, le mode PPP demeure un choix justifié, ne serait-ce que pour le partage des risques avec le secteur privé.

Le gouvernement «n'a pas fait des choix aléatoires ou non fondés, mais a fait les bons choix. Et, même si la valeur ajoutée était moindre, à ce moment-là, il a démontré qu'il y a toujours des avantages à recourir au PPP parce qu'on pouvait partager les risques, il y a un transfert de risque», a-t-elle fait valoir.

 

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