Les conservateurs misent sur Erin O'Toole

Publié le 24/08/2020 à 09:21

Les conservateurs misent sur Erin O'Toole

Publié le 24/08/2020 à 09:21

Par AFP

Erin O'Toole, le nouveau chef du Parti conservateur (Photo: Getty Images)

Les conservateurs canadiens ont élu dimanche leur nouveau chef: Erin O’Toole, un ex-ministre qui devra rapidement mettre son parti en ordre de bataille face à Justin Trudeau, menacé d’une élection anticipée dès l’automne après un nouveau scandale.

À l’issue d’une longue campagne largement virtuelle, pandémie oblige, M. O’Toole, député de 47 ans, ex-ministre des Anciens combattants et lui-même vétéran de l’armée de l’air, s’est imposé au troisième tour. Quelque 175 000 bulletins de vote avaient été envoyés par la poste par les membres du parti, un record.

Trois autres candidats briguaient la succession du chef sortant, Andrew Scheer. Peter MacKay, 54 ans, ancien ministre du gouvernement de Stephen Harper (Affaires étrangères, Défense, puis Justice), grand favori de la course qui a terminé deuxième. Deux avocats peu connus du grand public, dont la première femme noire à briguer la direction des conservateurs, Leslyn Lewis, étaient également en lice.  

Dans son discours, le nouveau patron des conservateurs a promis d’unir le parti, divisé après une campagne parfois acrimonieuse. Il s’est également engagé à attaquer bille en tête M. Trudeau, dont le gouvernement libéral est empêtré dans un nouveau scandale éthique à propos de l’attribution d’un important contrat gouvernemental à un organisme de charité ayant rémunéré des membres de sa famille.

« Nous devons continuer à souligner la corruption et les défaillances des Libéraux », qui disposent d’une majorité relative à la Chambre des communes, a déclaré M. O’Toole, réputé modéré. « Mais nous devons aussi montrer aux Canadiens notre vision pour un Canada plus fort, plus prospère et plus uni ».

« Nous avons besoin d’un dirigeant qui donne la priorité aux Canadiens, qui défende le Canada et nos intérêts dans un monde difficile où nous avons perdu le respect de nos amis et de nos alliés », a-t-il lancé. « Le monde a besoin de plus de Canada et de moins de Justin Trudeau ».

L’annonce officielle de sa victoire est intervenue plus de six heures après l’horaire prévu, une machine à comptabiliser les bulletins de vote en ayant déchiré plusieurs milliers.

M. O’Toole, qui se présente comme un « vrai bleu », la couleur des conservateurs, a fait de l’économie et de l’emploi sa priorité, lors d’une campagne qui s’est déroulée dans une relative indifférence médiatique. Et comme ses trois rivaux, il s’est engagé à abolir la taxe carbone mise en place par M. Trudeau, tout en promettant un plan environnemental qui avait fait défaut aux conservateurs lors des législatives en 2019.

Vers des élections anticipées ?

Le nouveau chef veut par ailleurs lever les restrictions sur les armes à feu récemment imposées par le gouvernement libéral et limiter davantage les investissements chinois au Canada.

Le nouveau leader succède au chef sortant Andrew Scheer, qui avait dû tirer les conséquences de son échec à battre Justin Trudeau à l’automne 2019. 

Dans son discours d’adieu, M. Scheer s’est félicité de laisser à son successeur un parti en « grande forme », passé sous sa houlette de 99 à 121 députés.

M. O’Toole n’aura pas beaucoup de temps pour prendre ses marques à la tête du parti: un premier défi l’attend dans un mois avec une difficile décision à prendre sur le déclenchement éventuel d’élections anticipées.

L’occasion interviendra le 23 septembre lorsque Justin Trudeau présentera un « ambitieux » programme de relance d’une économie laminée par la pandémie, lors d’un débat qui sera suivi d’un vote de confiance de tous les dangers pour son gouvernement minoritaire.

Pour faire tomber le gouvernement, les conservateurs, qui réclame le départ de M. Trudeau depuis qu’a éclaté ce nouveau scandale, auraient toutefois besoin du soutien d’au moins deux autres formations d’opposition. Sur les 338 sièges de députés aux Communes, le parti conservateur en compte 121, contre 155 aux Libéraux.

Même si la popularité de M. Trudeau a reculé ces dernières semaines en raison du nouveau scandale éthique, les Libéraux, qui ont dépensé des dizaines de milliards de dollars pour aider les Canadiens à traverser la pandémie, gardent entre 5 et 6 points d’avance dans les intentions de vote. 

De quoi faire réfléchir des conservateurs qui pourraient attendre le printemps avant de tenter de provoquer des élections anticipées, selon de nombreux analystes politiques canadiens.

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