Dons politiques : les pdg boudent Ottawa

Publié le 22/09/2011 à 06:02, mis à jour le 22/09/2011 à 11:00

Dons politiques : les pdg boudent Ottawa

Publié le 22/09/2011 à 06:02, mis à jour le 22/09/2011 à 11:00

Par Stéphane Rolland

EXCLUSIF. La fièvre électorale n’a pas atteint les pdg des grandes sociétés québécoises lors des élections fédérales du printemps dernier, selon une recherche exclusive réalisée par LesAffaires.com. Seulement trois dirigeants sur un échantillon de 95 ont contribué à la caisse d’un parti fédéral en vue des élections du 2 mai.

Au cours des six premiers mois de l’année, cinq dirigeants ont contribué à la caisse d’un parti, selon les rapports trimestriels des partis politiques fédéraux. Larry Rossy, pdg de Dollarama, et Joseph Iannicelli, pdg sortant de la Financière Standard Life, ont cependant attendu trois jours après la date du scrutin pour verser leur contribution au Parti libéral du Canada (PLC), qui a subi aux urnes une débâcle historique. Des dons précédents le jour du vote, deux vont au Parti conservateur (PC) et l’autre au PLC.

La récolte demeure modeste pour l’exercice 2010 au fédéral. Six dirigeants ont contribué, deux au PC et quatre au PLC.

Beaucoup moins qu’à Québec

À titre de comparaison, 21 pdg ont contribué à la caisse d’un parti provincial en 2010 alors qu’aucune élection n’était anticipée. Autrement dit, 22 % des membres de notre échantillon ont contribué à un parti provincial, contre seulement 6 % pour un parti fédéral en 2010.

«C’est étonnant, commente Jean-Herman Guay, professeur en science politique à l’Université de Sherbrooke. Les compétences provinciales comme la santé, l’éducation et les infrastructures touchent davantage les citoyens en général. On pourrait s’attendre à ce qu’il y ait plus de contribution au provincial, mais si peu pour le fédéral, c’est étonnant.»

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Les gens d’affaires auraient traditionnellement «peu d’atomes crochus» avec le Nouveau Parti Démocratique (NPD) et le Bloc québécois, les deux partis les plus populaires dans la belle province. Les gens d’affaires ont peut-être constaté que leurs favoris avaient peu de chances, estime le professeur.

La classe d’affaires s’est trouvée devant un favori en perte de vitesse et un inconnu à la mauvaise réputation, croit Réjean Pelletier, professeur en science politique de l’Université Laval. «Le PLC est traditionnellement le parti des affaires au Québec, explique-t-il. Il était toutefois dans une bien mauvaise posture. Le PC, quant à lui, a toujours mauvaise presse au Québec. Je crois que c’est encore tabou de s’afficher conservateur.»

Les membres de la direction de Cascades reçoivent beaucoup moins de sollicitations de députés fédéraux, raconte Hubert Bolduc, vice-président, communications et affaires publiques chez Cascades. «Nous en recevons une ou deux par année alors qu’il y en a plusieurs au provincial. La politique québécoise est plus proche des gens et, à l’exception de certaines sociétés, elle influence davantage leur environnement d’affaires.»

Qui donne à qui?

Parmi les donateurs conservateurs, Paul Desmarais Jr. (Power Corporation) est le plus généreux. M. Desmarais a versé le maximum permis, soit 1 100 $ en 2010 et 2011. Pierre Beaudoin (Bombardier) et Eric Richer-La Flèche (Metro) ont aussi encouragé le parti au pouvoir.

Pour les donateurs libéraux, on compte notamment Richard Garneau (AbitibiBowater) et Louis Audet (Cogeco).

L’échantillon comprend les pdg du classement LesAffaires des 50 plus importantes capitalisations boursières québécoises. Nous y avons ajouté les entreprises québécoises non cotées en Bourse qui se trouvent au top 100 du palmarès Les Affaires des plus importants employeurs de la province.

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