Scinder les grandes banques ?

Publié le 09/11/2009 à 09:46

Scinder les grandes banques ?

Publié le 09/11/2009 à 09:46

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. Qu'ont en commun Paul Volcker, Joseph Stiglitz et John Reed ?

Ils sont pour le démantèlement des grandes banques américaines. « Too big to fail » signifie « too big to exist. »

Autrement dit, si elles sont trop grosses pour qu’on ne puisse les laisser aller en faillite quand elles se misent en difficulté à cause des risques excessifs qu’elles ont pris et que le gouvernement doive les sauver pour éviter l'effondrement du système financier, alors elles ne devraient tout simplement pas exister.

Paul Volcker

Paul Volcker, qui fut président de la Réserve fédérale (avant Alan Greenspan) et qui est maintenant conseiller de Barack Obama ne s'en cache pas . Les grandes banques sont trop grosses. Il faut ramener une nouvelle forme de la loi Glass-Steagall.

Cette loi, qui avait été votée en 1933 à l'instigation du président Franklin D. Roosevelt, fut abrogée en 1999 par le président Bill Clinton sous la pression de membres du Congrès à la solde des barons de Wall Street.

Grâce à cette rupture avec l'ordre établi par Roosevelt, Citibank a pu se fusionner avec Travelers pour former Citigroup et les grandes banques d'affaires purent ajouter à leur activité d'intermédiation (cueillette de dépôts, émission de prêts et courtage en valeurs mobilières) l'investissement dans des valeurs mobilières pour elles-mêmes.

Elles devinrent des monstres ingérables pour la plupart avec les résultats que l’on sait. L'exception fut Goldman Sachs, qui sortit indemne de la crise grâce au bon soin de son ex-chef de la direction, Henry Paulson, secrétaire au Trésor (sous George W. Bush), qui s'assura que celle-ci ne perde pas un seul dollar dans la crise financière qui a coûté 700 milliards de dollars au gouvernement américain.

Josepth Stiglitz

Josepth Stiglitz, Prix Nobel d'économie, professeur à l'Université Columbia et ex-économiste en chef du Fonds monétaire inernational, plaide lui aussi pour le retour d'une loi qui empêcherait les grandes banques américaines de faire des transaction financières pour elles-mêmes et de faire aussi de l'intermédiation financière.

Comme elles sont énormes et qu'elles peuvent prendre des risques très importants dans les produits structurés (comme on l'a vu lors de la crise financière), elles prennent des risques indus. Il faut donc les en empêcher.

Récemment, Stiglitz est allé encore plus loin en affirmant que le gouvernement a erré en leur avançant des centaines de milliards de dollars. « Au lieu de cela, on aurait dû les nationaliser, dit-il. On pourrait leur dire quoi faire, soit prêter de l’argent pour aider l’économie à repartir. »

John Reed

Un autre grand personnage vient d’entrer dans la ronde. John Reed, qui était chef de la direction de la Citibank lors de sa fusion avec Travelers en 1999, vient de présenter ses excuses aux employés de cette banque. « Je m’excuse.  Ce sont des personnes que j’aime et dont je me préoccupe, a-t-il dit en parlant de ses ex-employés. Vous ne pouvez pas vous imaginer comment c’est difficile de voir ce qui est arrivé. »

Le rêve qu’il a partagé avec Sandy Weill, alors chef de la direction de Travelers, un immense conglomérat financier, était de créer la plus grande société financière au monde qui serait présente sur les cinq continents et dans tous les domaines de la finance.

John Reed vient de confier à un journaliste de Bloomberg que cette fusion n'a profité à personne (les clients, les employés, les actionnaires et les organismes de réglementation). Il y a eu deux années de synergies, a-t-il dit, mais ensuite, l'affaire est devenue ingouvernable.

Citigroup a dû recevoir une aide de 45 milliards du gouvernement et 300 milliards de garanties pour échapper à la faillite lors de la crise de l'été 2008.

John Reed a quitté le bateau deux ans après la fusion et trois autres chefs de la direction se sont succédés à la barre de la société après lui, soit Sandy Weill, l'avocat Chuck Prince (pour régler les problèmes réglementaires) et Vikram Pandit depuis décembre 2007. Comme il se doit, les trois premiers sont partis avec des dizaines de millions d’allocation de départ.

John Reed vient de confier à un journaliste de Bloomberg que Citigroup n'est pas gouvernable. La firme est tout simplement trop grande. Selon The Financial Times, il a conseillé à Vik Pandit de vendre des parties de Citigroup.

Washington résiste

À Washington, on résiste aux suggestions de Volker, Stiglitz et Reed.

Ben Bernanke veut plutôt accroître encore le pouvoir de son empire, la Réserve fédérale, à qui le gouvernement donnerait la responsabilité de surveiller la taille des banques. Ainsi, au lieu de ressusciter une nouvelle loi Glass-Steagall et de scinder les grandes banques, la Réserve fédérale leur fixerait des plafonds sur les produits structurés qu'elles pourrait détenir.

Cette approche est également privilégiée par la Maison Blanche, où Wall Street a encore beaucoup d’amis. Admettons aussi que cela serait très difficile à faire passer au Congrès, où bien des membres sont financés par Wall Street.

Avez-vous espoir que ça change ?

 

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