Réforme de la construction: les relations restent tendues entre Québec et les syndicats

Publié le 05/10/2023 à 18:18

Réforme de la construction: les relations restent tendues entre Québec et les syndicats

Publié le 05/10/2023 à 18:18

Par Dominique Talbot

Le ministre du Travail, Jean Boulet, veut utiliser sa réforme pour poursuivre son engagement d’augmenter le nombre de femmes, de membres des Premières Nations, d’immigrants et de minorités visibles sur les chantiers de la province. (Photo: 123RF)

Réforme de la construction
Les relations restent tendues entre Québec et les syndicats
La réforme de l’industrie de la construction se fera «toujours dans la concertation, mais pas dans l’unanimité», a averti jeudi le ministre du Travail, Jean Boulet au cours d’un événement à Québec réunissant des entreprises du milieu de la construction. 
«Le changement est bénéfique et ça fait partie de l’évolution de tous les métiers», a exprimé le ministre en entrevue avec Les Affaires. Et même si la gronde des associations syndicales ne faiblit pas à propos de sa réforme à venir, Jean Boulet insiste pour dire que des changements sont devenus impératifs «en raison de la pénurie de main-d’œuvre et des besoins de la société». «Mon intention est toujours de déposer un projet de loi avant la fin de cette session parlementaire», a-t-il ajouté. 
Rappelons que la semaine dernière, la FTQ-Construction, qui représente plus de 90 000 travailleurs et travailleuses de l’industrie, a quitté les consultations menées par le ministre, critiquant Québec de faire «cavalier seul» et de ne pas écouter les représentants syndicaux. L’organisation syndicale est particulièrement mécontente de la volonté de Québec de réduire le nombre d’heures de formation pour certains métiers. 
Questionnée par Les Affaires à savoir si l’organisation prévoyait retourner à ces consultations, une porte-parole d’Éric Boisjoly, directeur général de la FTQ-Construction, a répondu par message texte que pour l’instant, l’organisation allait «continuer à travailler pour s’assurer que la main-d’œuvre de l’industrie soit qualifiée et compétente. Et ce, avec les instances qui souhaitent l’écouter».
Elle a ajouté, au nom de M. Boisjoly, que «le gouvernement Legault nous a menti», refusant à plusieurs reprises par la suite de préciser la nature exacte de ces accusations.  
«Nous avons deux défis, dit pour sa part Jean Boulet. Nous avons besoin de plus de main-d’œuvre et de plus de productivité. À partir du moment où tout le monde est d’accord avec les objectifs, il faut trouver des moyens de les rencontrer. […] J’y vais de manière raisonnée, étape par étape.»
«Transformer la culture d’intimidation»
Pour augmenter la productivité dans l’industrie, Jean Boulet a déjà exprimé à de nombreuses reprises qu’il souhaitait voir une plus grande polyvalence entre les 25 métiers représentés. 
Le ministre dit avoir demandé à leurs différents comités «d’identifier des activités que l’on peut partager d’un métier à un autre. Ç’a été un peu asymétrique. Certains ont bien travaillé, d’autres avec qui ça n’a pas beaucoup avancé». À la fin, explique-t-il, «ils ont identifié 121 activités que l’on peut partager. Ça c’est pour la thématique polyvalence.»
Il souhaite ainsi voir des gains de productivité de 10% sur les chantiers de la province, avec cette plus grande flexibilité.
«Il faut réduire les délais. Conséquemment les coûts. Et avec la polyvalence, on [peut sauver] 10% des heures travaillées. En 2022, si on a travaillé 210 millions d’heures, c’est 21 millions d’heures qui auraient pu être consacrées à d’autres activités.»
Jean Boulet veut aussi utiliser sa réforme pour poursuivre son engagement d’augmenter le nombre de femmes, de membres des Premières Nations, d’immigrants et de minorités visibles sur les chantiers de la province. 
Alors que l’industrie souffre d’une importante pénurie de main-d’œuvre et qu’elles représentent la moitié de la population, seulement 3,4 % des emplois sont occupés par des femmes. Plus de 20% d’entre elles quittent leur emploi après un an, plus de 50% après 5 ans. 
«Les femmes quittent, entre autres, à cause des menaces, la discrimination, l’intimidation. Il faut transformer la culture d’intimidation en culture de prévention et de formation. Nous avons fait des pas en avant et je le sens», affirme Jean Boulet, qui souhaite que le nombre d’emplois occupés par des femmes augmente d’au moins 1% dans la prochaine année. 
Par contre, même si le Québec tire de la patte pour attirer des travailleurs étrangers sur les chantiers, le ministre ne veut pas se fixer de cibles dans cette catégorie. Seulement 927 travailleurs ont été admis entre 2019 et 2022, contre plus de 17 000 dans le reste du Canada. 
«Quand on se compare, on est loin, avoue le ministre. Je n’ai pas d’objectif chiffré. Mais je veux que l’on apprenne, tout le monde ensemble, à faire du recrutement international», ajoute-t-il, se contentant de dire qu’il souhaitait faire plus de recrutement à l’international dans le domaine de la construction. 

La réforme de l’industrie de la construction se fera «toujours dans la concertation, mais pas dans l’unanimité», a averti jeudi le ministre du Travail, Jean Boulet au cours d’un événement à Québec réunissant des entreprises du milieu de la construction. 

«Le changement est bénéfique et ça fait partie de l’évolution de tous les métiers», a exprimé le ministre en entrevue avec Les Affaires. Et même si la gronde des associations syndicales ne faiblit pas à propos de sa réforme à venir, Jean Boulet insiste pour dire que des changements sont devenus impératifs «en raison de la pénurie de main-d’œuvre et des besoins de la société». «Mon intention est toujours de déposer un projet de loi avant la fin de cette session parlementaire», a-t-il ajouté.

Rappelons que la semaine dernière, la FTQ-Construction, qui représente plus de 90 000 travailleurs et travailleuses de l’industrie, a quitté les consultations menées par le ministre, critiquant Québec de faire «cavalier seul» et de ne pas écouter les représentants syndicaux. L’organisation syndicale est particulièrement mécontente de la volonté de Québec de réduire le nombre d’heures de formation pour certains métiers. 

Questionnée par Les Affaires à savoir si l’organisation prévoyait retourner à ces consultations, une porte-parole d’Éric Boisjoly, directeur général de la FTQ-Construction, a répondu par message texte que pour l’instant, l’organisation allait «continuer à travailler pour s’assurer que la main-d’œuvre de l’industrie soit qualifiée et compétente. Et ce, avec les instances qui souhaitent l’écouter».

Elle a ajouté, au nom de M. Boisjoly, que «le gouvernement Legault nous a menti», refusant à plusieurs reprises par la suite de préciser la nature exacte de ces accusations.

«Nous avons deux défis, dit pour sa part Jean Boulet. Nous avons besoin de plus de main-d’œuvre et de plus de productivité. À partir du moment où tout le monde est d’accord avec les objectifs, il faut trouver des moyens de les rencontrer. […] J’y vais de manière raisonnée, étape par étape.»

 

«Transformer la culture d’intimidation»

Pour augmenter la productivité dans l’industrie, Jean Boulet a déjà exprimé à de nombreuses reprises qu’il souhaitait voir une plus grande polyvalence entre les 25 métiers représentés. 

Le ministre dit avoir demandé à leurs différents comités «d’identifier des activités que l’on peut partager d’un métier à un autre. Ç’a été un peu asymétrique. Certains ont bien travaillé, d’autres avec qui ça n’a pas beaucoup avancé». À la fin, explique-t-il, «ils ont identifié 121 activités que l’on peut partager. Ça c’est pour la thématique polyvalence.»

Il souhaite ainsi voir des gains de productivité de 10% sur les chantiers de la province, avec cette plus grande flexibilité.

«Il faut réduire les délais. Conséquemment les coûts. Et avec la polyvalence, on [peut sauver] 10% des heures travaillées. En 2022, si on a travaillé 210 millions d’heures, c’est 21 millions d’heures qui auraient pu être consacrées à d’autres activités.»

Jean Boulet veut aussi utiliser sa réforme pour poursuivre son engagement d’augmenter le nombre de femmes, de membres des Premières Nations, d’immigrants et de minorités visibles sur les chantiers de la province. 

Alors que l’industrie souffre d’une importante pénurie de main-d’œuvre et qu’elles représentent la moitié de la population, seulement 3,4 % des emplois sont occupés par des femmes. Plus de 20% d’entre elles quittent leur emploi après un an, plus de 50% après 5 ans. 

«Les femmes quittent, entre autres, à cause des menaces, la discrimination, l’intimidation. Il faut transformer la culture d’intimidation en culture de prévention et de formation. Nous avons fait des pas en avant et je le sens», affirme Jean Boulet, qui souhaite que le nombre d’emplois occupés par des femmes augmente d’au moins 1% dans la prochaine année. 

Par contre, même si le Québec tire de la patte pour attirer des travailleurs étrangers sur les chantiers, le ministre ne veut pas se fixer de cibles dans cette catégorie. Seulement 927 travailleurs ont été admis entre 2019 et 2022, contre plus de 17 000 dans le reste du Canada. 

«Quand on se compare, on est loin, avoue le ministre. Je n’ai pas d’objectif chiffré. Mais je veux que l’on apprenne, tout le monde ensemble, à faire du recrutement international», ajoute-t-il, se contentant de dire qu’il souhaitait faire plus de recrutement à l’international dans le domaine de la construction.

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