Qui protègera les consommateurs contre les banques ?

Publié le 19/07/2010 à 10:57

Qui protègera les consommateurs contre les banques ?

Publié le 19/07/2010 à 10:57

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. Ce n'est pas tout de voter une loi. Il faut surtout que celle-ci soit soit mise en vigueur avec détermination et rigueur.

Le président Barack Obama et le Congrès viennent de s'entendre sur la réforme financière tant attendue et on peut leur dire bravo, malgré les limites de celle-ci.

Les banques ont perdu des plumes, mais il y a fort à parier que la prochaine crise amènera encore une fois le gouvernement américain à sauver les « too big to fail », aux dépens des contribuables.

Or un enjeu majeur se joue actuellement sur le futur de l'Agence de protection des consommateurs créée dans le cadre de la réforme financière votée par le Congrès.

Qui dirigera l'Agence ?

La question de l'heure à Washington sur le futur de la réforme financière est de savoir qui dirigera la future Agence.

Selon le HuffingtonPost, Tim Geithner, secrétaire au Trésor de Barack Obama, s'oppose vigoureusement à la nomination d'Elizabeth Warren à la tête de l'Agence. Pourtant, Barack Obama a plusieurs fois fait l'éloge de cette professeur de droit de Harvard, qui s'est déjà attaquée avec vigueur à la défense des consommateurs floués par les conditions attachées aux cartes de crédit par les banques. C'est elle qui a été la principale avocate de l'idée de créer une telle agence.

Elizabeth Warren, qui est actuellement à la direction du panel qui surveille l'application du plan de sauvetage des banques, a publié des rapports qui n'ont pas plus à Geithner, un proche des banques, comme la majorité de ses prédécesseurs d'ailleurs.

Ce dernier voudrait plutôt un directeur plus souple et plus compréhensif. La raison principale de son opposition à la nomination de Warren vient de sa crainte que, sous Warren, l'Agence soit trop rigide face aux tactiques que les banques veulent continuer d'utiliser sur le dos des consommateurs et des petites entreprises pour se renflouer.

Il faut en effet se rappeler que les banques ont encore dans leurs actifs des milliers de milliards de dollars d'actif toxiques, ce qui explique qu'elles prêtent peu aux entreprises et qu'elles achètent beaucoup d'obligations du gouvernement américain, qui sont des valeurs sûres. Geithner craindrait qu'une mise en application rigide des pouvoirs de la future Agence par Elizabeth Warren n'entrave la recapitalisation des grandes banques.

Geithner proposerait de son côté deux candidats : 1. Michael S. Barr, un de ses assistants et protégé de Robert Rubin, ex-secretaire au Trésor sous Bill Clinton; Rubin, un allié des grandes banques, a travaillé à la fois pour Goldman Sachs et pour Citigroup; 2. Eugene Kimmelman, qui a été lobbyiste pour Consumer Union, mais qui ne connaîtrait rien en finance. Ces deux candidats sont acceptables par les banques, qui pourront faire leur éducation.

Décision stratégique

Une pétition vient d'être lancée en faveur d'Elizabeth Warren qui a aussi beaucoup d'appui au Congrès.

La décision que prendra la président Obama en dira long sur le sérieux avec laquelle il voudra que sa réforme financière soit mise en vigueur et appliquée.

Ce sera une décision cruciale, car on a vu dans le passé comment la Securities and Exchange Commission (SEC), le chien de garde de l'industrie des valeurs mobilières, s'est comportée, selon qu'elle était dirigée par une personne rigoureuse ou par un allié des banques. C'est sous des présidents sans colonne vertébrale que les pires abus ont été tolérés et que les pires fraudes ont été commises.

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