Le gouvernement vient en aide aux producteurs de porcs en détresse: 34,7 millions $ leur seront avancés d'ici à la fin de juillet, tandis qu'une aide psychologique leur sera prodiguée.

Ces virements d'argent étaient déjà prévus pour plus tard dans l'année, au milieu de l'été et au cours de l'automne, mais ils sont devancés, parce que les producteurs ont de sérieux problèmes de liquidités, après plusieurs années de difficultés dans ce marché.

Même si le prix de leurs bêtes est enfin à la hausse depuis le début de l'année, ils sont frappés de plein fouet par l'augmentation du cours du grain qui sert à les nourrir.

Actuellement, un producteur sur cinq est en arrérages dans le remboursement de ses dettes, soit environ 200 producteurs, selon la Financière agricole, l'organisme qui assure la production des exploitants agricoles. C'est la Financière qui versera les avances d'indemnités, dès les prochains jours, les producteurs sont donc invités à faire leur demande.

Avec cette avance d'argent, le ministre de l'Agriculture, Pierre Corbeil, veut éviter un "effet boule de neige": des "échos" laissent croire en effet que beaucoup de producteurs sont prêts à tout abandonner, influencés par leurs pairs.

"On veut que les gens prennent des décisions réfléchies, éclairées, plutôt que des décisions précipitées et émotives, a-t-il expliqué en conférence de presse mardi matin au ministère. On veut casser cette espèce d'effet d'entraînement, qui va porter atteinte à tous les efforts qui ont été conjugués au cours des dernières années (...). C'est important, le porc, au Québec."

Il invite d'ailleurs le gouvernement fédéral à emboîter le pas et contribuer à son tour à l'assistance du secteur.

Pour cette annonce, le ministre était flanqué du président de la Fédération des producteurs de porcs du Québec, Jean-Guy Vincent, et du patron de la Financère agricole, Jacques Brind'Amour.

"Les producteurs sont 'challengés' depuis les quatre dernières années, avec la grippe H1N1, la montée du dollar, du prix du grain, a commenté M. Vincent. Ça devient essoufflant."

Selon lui, cette annonce est "bénéfique" pour les producteurs, mais "ce n'est pas fini", ce n'est que le commencement, puisque d'autres gestes doivent être posés pour aider les producteurs.

Le ministre en est conscient et en a fait part quand il a été interrogé à savoir s'il n'y a pas lieu de revoir le modèle industriel de la production porcine au Québec.

"Ça fera partie de l'évaluation de l'ensemble de l'oeuvre, a avancé prudemment M. Corbeil. On aimerait ça arriver avec la pilule magique, un remède instantané, mais il y a des problématiques qui sont complexes."

Il affirme d'ailleurs travailler sur une approche globale: un groupe de travail se penchera sur l'aide psychologique à apporter aux producteurs en difficulté.

Il est prêt à défendre devant la population ce nouveau soutien financier à cette industrie en rappelant qu'elle est la deuxième plus importante dans le secteur bio-alimentaire, après la production laitière.

"Ce sont des gens qui occupent le territoire dans l'ensemble du Québec. Si je dis aux Québécois de mettre le Québec dans leur assiette, il faut que je m'assure qu'il y ait (des produits québécois) sur les tablettes et dans les paniers d'épicerie. Ça commence par la production."