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Le fromage des fabricants de pizzas surgelées coûte jusqu’à 30% moins cher que celui des restaurateurs. Cette iniquité désavantage fortement les restaurateurs, selon l’Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires (CRFA) qui critique au passage le travail de règlementation des prix de la Commission canadienne du lait (CCL).

Les politiques de fixation du prix du lait n’est pas un sujet très glamour. Le CRFA veut toutefois attirer l’attention du public sur ce sujet «incompris» dans une opération de relation publique organisée alors que le prix du lait de transformation augmente de 1,5% aujourd'hui. C’est ce lait qui est utilisé dans la conception de yaourt et de fromage.

Si l’augmentation du lait de transformation entraîne l’augmentation des coûts des produits laitiers tant pour les consommateurs et pour les restaurateurs, les fabricants de pizzas surgelées, eux, ne sont pas soumis aux mêmes augmentations, dénonce Justin Taylor, vice-président, Main-d’œuvre et Approvisionnement, du CRFA.

«Pour permettre aux fabricants de pizzas surgelées d’affronter la concurrence des fabricants américains, les prix du lait de transformation qu’ils achètent sont arrimés à celui des États-Unis, explique-t-il. Or, les restaurateurs qui vendent des pizzas se trouvent désavantagés par rapport à ces entreprises. Pourtant, il y a beaucoup plus d’emplois qui sont créés dans les restaurants que dans les usines de pizzas surgelées.»

Non seulement le prix du lait de transformation est plus élevé de 30%, mais la TPS et la TVQ ne s’appliquent pas aux pizzas surgelées. Résultats : les pizzas surgelées gagnent la guerre des prix offerts aux consommateurs. Selon le mémoire que l’association a déposé devant la CCL, les ventes de pizzas surgelées ont augmenté de 9% en 2008, contre une stagnation des revenus des restaurants la même année.

Le CRFA ne se contente pas que de critiquer l’avantage accordé au fabricant agroalimentaire. Elle demande également une révision des prix du lait de transformation. Selon eux, le coût de cette denrée a augmenté de 60% depuis 1994, contre une augmentation des coûts de production de 6%.

Gilles Froment, directeur principal, Politiques et Affaires corporatives, à la CCL reconnaît que le prix du lait de transformation est moins cher pour les fabricants de pizzas surgelés en raison des politiques tarifaires adoptées depuis 1995. Il remet toutefois en question les critiques sur les augmentations du prix du lait.

«On peut faire dire ce qu’on veut à certains chiffres, répond-il. La façon de calculer les coûts de production ont changé depuis 1994 et nous ne croyons pas que le CRFA en a pris compte, répond M. Froment. De notre côté, nous constatons qu’entre 1996 et 2009, les revenus des producteurs de lait ont augmenté de 26% alors que l’indice du prix à la consommation a progressé de 28%.»

Le mandat de la CCL est de permettre aux producteurs laitiers d’obtenir une «rétribution juste» pour leur travail. Pour ce faire, elle adopte un prix plancher pour le lait de transformation. Si cette décision est facultative, elle est généralement adoptée sans contestation par toutes les provinces, affirme M. Froment.

La CCL se dit prêt à discuter des difficultés que rencontrent les restaurateurs en vue d’établir une stratégie, mais elle refuse de le faire au détriment de ses membres.

M. Taylor, quant à lui, se plaint de ne pas avoir d’influence sur la décision de la CCL.

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