Louis Têtu, cofondateur de Taleo et président de Coveo

Taleo, fondée à Québec en 1999 par Louis Têtu et Martin Ouellet, vient d'être achetée par le géant des logiciels Oracle, pour 1,9 milliard de dollars américains. Lesaffaires.com s'est entretenu avec l'entrepreneur en série Louis Têtu au sujet de cette transaction et de l'entrepreneuriat.

Lesaffaires.com–Quel effet cela vous fait-il de voir votre bébé, Taleo, aboutir chez Oracle?

Louis Têtu– C’est une belle validation. On a démarré Taleo par conviction, on la fait grandir à coup de passion, on y a mis le carburant nécessaire. Voir tout ça aboutir à une transaction de 2 milliards de dollars, cela valide nos convictions! On visait à faire la réingénierie des processus de gestion de talent. Non seulement on l’a fait, mais on est devenu le leader mondial! On a vu un processus d’affaires, une technologie et on n’a pas eu peur de remettre en question les conventions établies. Et cela a marché!

Lesaffaires.com–Comment réagissez-vous aux commentaires de gens qui s’attristeront de voir un fleuron québécois passer aux mains d’intérêts étrangers?

Louis Têtu– Ce n’est pas comme si on déménageait 350 jobs aux États-Unis! Au contraire, c’est Oracle qui débarque à Québec et qui va créer d’autres emplois. La transaction permet à des investisseurs comme moi et Charles Sirois, qui avons mis 1$ d’en récupérer 500$. Et nous, on ne s’en va pas d’ici! On importe du capital étranger qu’on va réinvestir ici. Si ce n’est pas ça faire rouler l’économie, je ne sais pas ce que c’est.

Lesaffaires.com–Croyez-vous qu’en technologie, le Canada soit encore dans le coup?

Louis Têtu– Oui, complètement. Il ne faut pas se décourager parce que RIM a de la misère et qu’il y a eu de la fraude chez Nortel. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Avec Taleo, on a pris des gens de Québec et on les a amené à concurrencer avec le reste du monde, et cela prouve que nous avons ici des talents formidables, que nous sommes capables de concevoir des technologies et que nous commençons à savoir comment les commercialiser.

Lesaffaires.com–À votre avis, la culture d’affaires au Canada est-elle favorable au succès?

Louis Têtu– Plus nous aurons des succès comme Taleo, plus cela stimulera le goût du risque, qui fait parfois défaut.

Lesaffaires.com– Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui veut lancer une entreprise dans le contexte économique actuel?

Ëtre assez réaliste et agile pour corriger le tir s’il le faut. Et persévérer.

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