Montréal envisage le compostage et l'incinération

Publié le 04/11/2006 à 15:26

Montréal envisage le compostage et l'incinération

Publié le 04/11/2006 à 15:26

Par lesaffaires.com

Cherchant à réduire de façon importante la quantité de déchets destinés à être enfoui, la Ville de Montréal étudie plusieurs options, a appris le journal LES AFFAIRES. Pour ce faire, elle a mandaté la société de génie conseil Dessau-Soprin pour effectuer cette évaluation.

Au moment de mettre sous presse, le document, qui a coûté 45 000 $ à la ville, venait d'être présenté à la direction de l'environnement. La Ville doit trouver des solutions pour se conformer aux exigences du Plan métropolitain de gestion des matières résiduelles. Ce plan prévoit que chaque composante de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) dépose avant la fin 2007 un plan d'autonomie régional pour le traitement des déchets. Le statu quo est donc exclu.

"Environ 90 000 camions sortent de l'Île de Montréal chaque année pour expédier les ordures dans les sites d'enfouissement, souligne Jean-Pierre Panet, un des ingénieurs de la Ville ayant participé à une étude sur la question. Pourquoi ne pas essayer de produire de l'énergie et de créer des emplois avec ces matières ?"

Selon lui, 225 technologies d'élimination ont été explorées au cours des travaux. En bout de ligne, consultants et ingénieurs ont retenu six grandes familles de procédés pour réduire considérablement le volume des déchets avant leur enfouissement, tout en produisant de l'énergie. Actuellement, le site d'enfouissement de BFI Canada, à Lachenaie, est le seul situé à l'intérieur de la CMM à accueillir une portion significative des déchets montréalais, soit entre 25 et 30 %.

En 2004, l'entreprise a obtenu le droit de poursuivre l'enfouissement sur le site jusqu'en 2008, alors qu'elle demandait un permis pour continuer de le faire pendant une trentaine d'années. Les quatre autres sites qui desservent Montréal sont tous situés à l'extérieur de la CMM. Compostage et incinération Parmi les solutions, deux types de compostage sont envisagés. Les procédés classiques - aérobie - utilisent l'air pour décomposer les déchets.

Quant à la biométhanisation - ou compostage anaérobie -, elle permet de décomposer les matières sans oxygène. Du méthane est ainsi produit, qui peut être brûlé pour produire de l'énergie. Ces techniques ne concernent pas les matières putrescibles non animales, qui auront fait l'objet d'une collecte séparée. La Ville étudie aussi plusieurs procédés d'incinération avec production d'énergie thermique, dont la combustion des déchets sur lit fluidisé. Cette technique prévoit le soufflage à haute température des déchets, préalablement déposés sur un lit de sable. Les ordures brûlent alors en suspension dans l'air et le sable brûlant. "On obtient ainsi une matière qui a les deux tiers de la valeur énergétique du charbon, tout en étant beaucoup plus propre", explique M. Panet.

Un autre procédé d'incinération, la gazéification, consiste à chauffer les déchets avec un jet d'air contrôlé, à une température d'environ 800ºC. Les molécules des déchets sont alors brisées, ce qui produit de l'hydrogène et du méthane, qui peuvent ensuite être récupérés pour produire de l'énergie. La société québécoise Enerkem a d'ailleurs une usine pilote à Sherbrooke et en construira une plus importante de l'autre côté de l'Atlantique, à Londres.

La pyrolyse - la décomposition par la chaleur sans oxygène - est aussi envisagée. Ce procédé produit non seulement un gaz combustible, mais également de l'alcool et un résidu charbonneux, qui peuvent être brûlés pour produire de l'énergie. Finalement, les ingénieurs retiennent l'option du traitement des déchets au plasma, des gaz qui, chauffés à plus de 2 000º C, conduisent l'électricité et brûlent les ordures à très haute température. La Ville d'Ottawa fait actuellement construire un projet pilote par une entreprise de la région, Plasco Energy Group, pour mettre cette technologie à l'essai.

D'une pierre quatre coups

Toutes ces techniques d'incinération produisent non seulement de l'énergie lors de la combustion, mais également des gaz qui peuvent être brûlés ou acheminés dans une usine ou dans le réseau de gaz urbain. En vertu des plans de gestion des matières résiduelles, les municipalités régionales de comté pourraient limiter," de façon draconienne et à relativement court terme, l'élimination des matières résiduelles en provenance de la CMM". C'est pourquoi la Communauté métropolitaine de Montréal vient de commander une autre étude, applicable à l'ensemble des municipalités membres, sur la base des travaux de la Ville de Montréal.

Deux contrats, d'une valeur totale de près de 200 000 $, ont été accordés à SNC-Lavalin et au Centre interuniversitaire de recherche sur le cycle de vie des produits, procédés et services de l'École polytechnique pour sa réalisation. À la Ville, M. Panet insiste : la métropole veut une vraie solution de masse, et non un projet pilote, comme à Ottawa." On ne veut pas que Montréal soit un laboratoire, investir des centaines de millions de dollars dans le vide", dit-il. L'étude mise sur une usine d'une capacité d'au moins 100 000 tonnes. Idéalement, selon M. Panet, il faudrait pouvoir traiter jusqu'à 400 000 tonnes."

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