Ce constat décevant ne signifie pas pour autant que la récession américaine durera éternellement. Certains indicateurs économiques devancent les périodes de reprise alors que d'autres ne repartent à la hausse qu'une fois la reprise fermement enclenchée.
Les indices de confiance des ménages n'ont annoncé aucun retournement jusqu'à présent. Historiquement toutefois, la composante anticipation de l'économie, par opposition à l'indice total de la confiance des ménages, tend à rebondir avant une reprise. Ce fut le cas dans chacune des récessions depuis 1978, année où on a commencé à recueillir les données sur la confiance.
De fait, un renversement de cette composante semble paver la voie d'une reprise de l'économie en général. Au cours des quatre dernières récessions depuis 1980, le rebond moyen de la composante anticipation de l'économie des indices de confiance a effectivement annoncé une reprise. En moyenne, la composante anticipation du sondage du Conference Board a rebondi de 16 points deux mois avant les dates officielles de reprise décrétées par le National Bureau of Economic Research (NBER).
Un rebond boursier de 24 % depuis le creux
En faisant le même exercice pour l'indice S&P 500, nous observons que le marché boursier a précédé les reprises d'environ trois mois (un peu plus depuis la récession de 1980).
En outre, l'indicateur précurseur de l'économie, autre variable économique réagissant habituellement avant les reprises, devance effectivement l'économie, mais les délais varient depuis la récession de 1980 de un à trois mois. En ce sens, le signal envoyé par l'indicateur précurseur n'est pas uniforme et les délais peuvent varier d'une récession à l'autre.
À l'heure actuelle, les investisseurs commencent à déceler certaines occasions sur le marché boursier. Le rebond de 24 % de l'indice S&P 500 depuis le creux et semble assez convaincant pour signaler une reprise de l'économie américaine. Toutefois, il existe un risque qu'il soit éphémère (bear market rally).
Puisque la confiance des ménages n'a pas encore réagi et que la croissance de l'indicateur avancé demeure peu convaincante, les feux de signalisation de la reprise ne sont pas encore totalement synchronisés et la Bourse est malheureusement seule à envoyer un début de signal de reprise.
Cela dit, nous réitérons notre scénario et sommes d'avis que les différents indicateurs annonçant habituellement une reprise économique donneront un tel signal en deuxième moitié d'année 2009. D'ici là, nous suivrons avec une grande attention le comportement de la Bourse, de la confiance des ménages et de l'indicateur avancé de l'activité réelle.
L'auteur est économiste en chef adjoint à la Financière Banque Nationale