Les fondations doivent verdir leurs placements, plaide Karel Mayrand

Publié le 15/11/2021 à 15:46

Les fondations doivent verdir leurs placements, plaide Karel Mayrand

Publié le 15/11/2021 à 15:46

Par La Presse Canadienne

La fondation s’est donné l’objectif de réduire l’empreinte carbone de son portefeuille de 45% d’ici 2030(Photo: 123RF)

Montréal — Les fondations philanthropiques ont un rôle à jouer dans la lutte au changement climatique et leur portefeuille de placements est l’endroit où elles peuvent avoir le plus grand impact, plaide Karel Mayrand, président-directeur général de la Fondation du Grand Montréal (FGM).

Près de 92 milliards $ sont gérés pour le compte de fondations canadiennes. Ces sommes pourraient avoir un plus grand impact environnemental et social si elles étaient investies selon des critères ESG. « Un énorme levier qu’on a, c’est celui de nos actifs financiers », souligne M. Mayrand lors d’une conférence dans le cadre de la Journée nationale de la philanthropie, organisée par l’Association des professionnels en philanthropie (AFP), lundi.

Il est temps que les fondations se questionnent sur l’impact de leurs placements, croit l’écologiste qui était directeur général pour le Québec de Fondation David Suzuki pendant près d’une décennie avant de joindre la Fondation du Grand Montréal l’an denier. « Sinon, on risque de tenter de faire quelque chose de la main droite pendant que la main gauche fait l’inverse », ajoute-t-il en entrevue.

Les enjeux environnementaux auront un impact sur toutes les causes, même celles qui ne semblent pas directement liées. Le dirigeant donne en exemple l’itinérance. Les vagues de chaleur représentent un risque important pour la santé des plus démunis et les organismes du secteur n’auront pas le choix d’adapter leurs interventions pour leur venir en aide. Les fondations devront donc se demander si leurs placements ne contribuent pas aux problématiques qu’ils cherchent à résoudre.

En raison de leur taille, les fonds de dotation peuvent avoir un impact considérable. Les fondations privées doivent verser au minimum 3,5% de leurs actifs financiers dans les causes qu’elles soutiennent. Le reste peut fructifier pour assurer la pérennité de leur mission dans les prochaines années.

La Fondation du Grand Montréal dispose d’un actif financier d’environ 400 millions $ tandis qu’elle verse «entre 16 et 20 millions $» chaque année, explique M. Mayrand. «On ne peut pas se dire: “les 400 millions $ on s’en occupe pas et on ne fait que générer des rendements et on essaie de changer le monde avec le 16 millions $. Il faut qu’on mette cet argent au travail pour soutenir les valeurs de notre organisation.»

La fondation qui gère plus de 700 fonds financés par des donateurs pour améliorer le bien-être des Montréalais s’est donné l’objectif de réduire l’empreinte carbone de son portefeuille de 45% d’ici 2030 et d’atteindre la carboneutralité en 2050.

 

Méthodologie ESG

Il reste encore des efforts à faire afin de standardiser les critères d’investissement ESG, reconnaît M. Mayrand, mais d’importants progrès sont en cours. Montréal sera d’ailleurs une plaque tournante dans cet effort tandis que l’International Sustainability Standards Board (ISSB) ouvrira un de ses principaux bureaux à Montréal. La nouvelle organisation internationale sera responsable d’établir des normes environnementales pour les entreprises à l’échelle mondiale.

Même si elles ne sont pas parfaites, les méthodologies actuelles permettent tout de même de vérifier si un portefeuille de placements est sur la bonne voie en matière d’intensité carbone, selon lui. «Ce qu’on veut, c’est de mesurer la tendance. Est-ce qu’on augmente ou est-ce qu’on réduit notre empreinte carbone? Quand les méthodologies vont être plus avancées, on va pouvoir les intégrer.»

Le principal défi pour les fondations qui veulent réduire leur empreinte environnementale est de se plier à la «vitesse à laquelle la société évolue».

«C’est difficile de voir si on peut aller plus loin. Peu importe où l’on investit dans l’économie, il y a une consommation d’énergie fossile et des gaz à effet de serre. C’est très difficile de tomber à zéro. On pousse le plus loin qu’on peut, pis là on espère que pendant les cinq ou dix prochaines années la société continue d’évoluer pour qu’on soit capable de faire encore plus durant les cinq années suivantes», poursuit-il.

 

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