Le futur libre-échange avec la Chine inquiète l'industrie de l'acier au Canada

Publié le 27/01/2017 à 06:00

Le futur libre-échange avec la Chine inquiète l'industrie de l'acier au Canada

Publié le 27/01/2017 à 06:00

Par François Normand

Alors qu'Ottawa s'apprête à lancer des pourparlers de libre-échange avec la Chine, l'industrie canadienne de l'acier émet de sérieuses réserves face à cette entente qui faciliterait à terme les exportations d'aciers chinois au Canada.

«Il y a de l'inquiétude dans l'industrie», confie Hellen Christodoulou, directrice régionale-Québec de l'Institut canadien de la construction en acier (ICCA), en entretien avec Les Affaires.

Une première rencontre de pourparlers entre les négociateurs chinois et canadiens est prévue dans la semaine du 20 février. Ces négociations de libre-échange s'étaleront sur plusieurs années, disent les analystes. Et rien ne garantit du reste qu'elles donnent des résultats.

Malgré tout, l'industrie de l'acier au pays -des producteurs aux monteurs de bâtiments- ne voit pas d'un bon oeil une augmentation potentielle des exportations chinoises d'aciers au Canada, selon Hellen Christodoulou.

La Chine est le plus important producteur et consommateur de métal au monde. Sa production annuelle d'aciers avoisine les 803 millions de tonnes, ce qui représente la moitié de la production mondiale en 2015, estime la World Steel Association. De ce nombre, 112 millions ont été exportés aux quatre coins du monde, selon la China Iron and Steel Association.

En théorie, les entreprises canadiennes peuvent exporter de l'acier en Chine, où la demande progresse constamment, selon Hellen Christodoulou. «Mais en pratique, c'est pratiquement impossible d'exporter en Chine», ajoute-t-elle du même souffle.

Là-bas, les producteurs d'acier ont non seulement des coûts de main-d'oeuvre très bas, mais ils sont, en plus, largement subventionnés par le gouvernement chinois, affirme l'ICCA.

Ces subventions permettent aux producteurs d'acier de réduire leurs coûts de production, selon le Financial Times de Londres.

Résultats? Les Chinois peuvent vendre au Canada leur acier à un prix bien plus bas que celui des producteurs canadiens.

Les soumissions chinoises sont très basses

Il est difficile de trouver des chiffres précis à ce sujet.

De son côté, l'ICCA estime que les aciéristes chinois peuvent soumissionner au Canada à un prix généralement inférieur à environ 30% de l'ensemble des soumissionnaires canadiens.

C'est pourquoi le futur accord de libre-échange inquiète tant l'industrie, car il abolirait les tarifs douaniers sur les exportations chinoises au Canada.

À court terme, l'industrie canadienne propose diverses mesures pour atténuer l'impact de cette concurrence jugée déloyale.

 L' ICCA estime d'abord qu'Ottawa et les provinces devraient garantir des seuils minimaux de contenus canadiens dans les projets d'infrastructures, par exemple, avec la construction du nouveau pont Champlain, à Montréal. «Ce projet est ouvert à tout le monde!», souligne Hellen Christodoulou.

Pour l'instant, l'industrie canadienne n'est pas en faveur de l'imposition au pays de mesures du type Buy Canadian ou Buy Canada, comme c'est le cas aux États-Unis, avec les fameuses mesures Buy American (achats de biens et services du gouvernement fédéral) et Buy America (investissements du gouvernement dans le transport public)

Par contre, l'ICCA souhaite que le Canada exige la réciprocité à la Chine en matière d'accès à leur marché respectif, et ce, en tenant compte subventions accordées aux aciéristes chinois.

Et si le gouvernement chinois refuse, ICCA estime que le Canada serait justifié de porter plainte contre la Chine devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), comme viennent de le faire les États-Unis dans le cas de l'aluminium chinois.

Le 12 janvier, l'ex-administration Obama a déposé une plainte formelle à l'OMC contre le gouvernement chinois qu'elle accuse de subventionner ses grandes alumineries.

 

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