Entrevue: Harold Crooks, cinéaste montréalais

Publié le 25/12/2012 à 00:00, mis à jour le 04/07/2014 à 15:14

Entrevue: Harold Crooks, cinéaste montréalais

Publié le 25/12/2012 à 00:00, mis à jour le 04/07/2014 à 15:14

Par Diane Bérard

D.B. - Pourquoi Monsieur Tout-le-Monde irait-il voir un documentaire portant sur les paradis fiscaux. N'est-ce pas un peu pointu ?

H.C - Pas du tout. Ce documentaire nous concerne tous. En fait, il raconte notre histoire à vous et moi. Il faut bien que quelqu'un compense tout cet impôt qui n'est pas payé. Alors que de plus en plus d'actifs financiers sont déplacés vers des paradis fiscaux, on se tourne vers les contribuables pour remplir les coffres du gouvernement.

D.B. - Votre documentaire mènera-t-il à un soulèvement populaire et à la chute du gouvernement ?

H.C - Ce n'est pas ce que nous souhaitons. Nous ne voulons pas provoquer de la colère, mais bien informer et éveiller les consciences. Et puis, renverser le gouvernement serait inutile. Dans le dossier des paradis fiscaux, le parti au pouvoir à Washington ou à Ottawa n'a aucune importance. Même si le NPD dirigeait le Canada demain matin, il aurait les mains liées. Partout dans le monde, les États ont perdu le contrôle de la situation. Les paradis fiscaux sont devenus des «États dans l'État». Des fictions légales qui dépassent la réalité. Nous sommes au 21e siècle, mais notre système fiscal, lui, date du 19e siècle.

D.B. - Les films et les livres sur l'économie n'ont jamais été aussi nombreux ni aussi populaires. Pourtant, cette récession n'est pas la première que nous traversons.

H.C - C'est vrai. Mais cette fois, Monsieur et Madame Tout-le-Monde ont la désagréable impression qu'il ne s'agit pas d'une crise cyclique qui disparaîtra dans quelques mois. Elle n'a rien à voir avec les récessions habituelles. Nous voyons la crise économique se transformer en crise politique et sociale, et nous sentons que quelque chose nous a échappé toutes ces années. Même le Québec, pourtant épargné par rapport à d'autres, n'échappe pas à la vague d'agitation sociale. Pour comprendre ce qui est passé sous nos radars - la financiarisation de l'économie - nous nous tournons vers les films et les livres.

D.B. - En 2003, vous avez collaboré au film The Corporation, tiré du livre du même nom. On y trouvait, dites-vous, tous les ingrédients de la crise de 2008. Expliquez-nous ce que vous entendez.

H.C - La thèse centrale du film tient au fait que l'entreprise constitue désormais l'institution la plus puissante de la société. Elle a supplanté toutes les autres - l'État, l'Église, etc. Celles-ci y sont désormais soumises. Ce pouvoir a débuté en 1886, lorsque la Cour suprême des États-Unis a déclaré que les entreprises jouiraient désormais des mêmes droits et protections accordés aux individus. Au fil des décennies, de ce groupe tout-puissant des entreprises a émergé un sous-groupe encore plus influent : les sociétés du secteur financier. La déréglementation aidant, ces sociétés sont devenues le moteur de l'économie. Vous connaissez la suite, vous la vivez présentement.

Selon vous, le documentaire Surviving Progress constitue une suite à The Corporation. En quoi ?

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