L'Europe qui fait peur en trois graphiques

Publié le 03/10/2016 à 16:05

L'Europe qui fait peur en trois graphiques

Publié le 03/10/2016 à 16:05

Par François Normand

«Euroscepticisme», Brexit, populisme... L'Union européenne vit sa pire crise politique depuis sa fondation, une crise caractérisée par un rejet croissant de l'intégration et des institutions européennes.

Dans une récente analyse, Ian Bremmer, président d'Eurasia Group, une firme américaine spécialisée dans le risque politique, écrit que la crise identitaire en Europe s'inscrit dans un phénomène plus large: le déclin de l'ordre mondial qui prévalait depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

En Europe, écrit-il dans «After the G-Zero: Overcoming fragmentation», cette situation se traduit par «une radicalisation et une atomatisation» du pouvoir politique, comme l'illustre la carte suivante.

On y constate que les partis populistes de droite et de gauche - qui sont la plupart du temps contre la construction européenne - sont devenus des forces politiques importantes sur le continent.

Ces partis sont même au pouvoir dans trois pays de l'UE, la Grèce, la Hongrie et la Pologne. Et l'extrême droite participe au gouvernement en Suisse, qui n'est toutefois pas membre de l'UE.

Cette montée de l'euroscepticisme - accentuée par la crise des migrants - s'est traduite par la victoire des partisans d'une sortie du Royaume-Uni de l'UE, le 23 juin, lors d'un référendum.

Et ceux et celles qui croient que le Brexit est une exception pourraient bien déchanter, selon Eurasia Group.

Car les partisans de la tenue d'un référendum sur l'appartenance de leur pays à l'Union européenne sont devenus majoritaires ou près de l'être dans plusieurs États clés, comme la France ou l'Allemagne, les deux moteurs historiques de la construction européenne.

Deux mises au point s'imposent.

D'une part, désirer la tenue d'un référendum ne signifie pas nécessairement qu'on soit en faveur d'une sortie de l'UE.

D'autre part, à moins d'une surprise de taille, il serait très surprenant que les partis traditionnels de centre gauche ou de centre droit en Europe décident d'organiser un tel référendum. Cela dit, ce sont les conservateurs au pouvoir au Royaume-Uni qui ont organisé le vote sur le Brexit.

Selon plusieurs analystes, cette stratégie de l'ancien premier ministre David Cameron - qui a démissionné par la suite - visait à couper l'herbe sous le pieds aux eurosceptiques du pays. Un autre dirigeant européen pourrait-t-il faire la même chose?

Enfin, une autre tendance n'augure rien de bon pour l'intégration européenne: le lien qui semble de plus en plus évident entre le nombre de migrants qui entrent en Europe et la désaffection des électeurs envers les partis traditionnels - et la nouvelle popularité des partis populistes anti-immigration.

Le cas de l'Allemagne est éloquent, comme on peut le constater sur ce graphique.

On voit qu'il y a une corrélation entre le nombre de demandes de demandeurs d'asile en Allemagne et la chute de popularité de la chancelière Angela Merkel, qui était la championne de l'accueil des migrants en Europe en 2015.

Or, la politicienne est en train d'en payer le prix politique.

Son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de centre droit, a d'abord subi une cuisante défaite lors des élections législatives régionales en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale (son Land d'origine), le 4 septembre.

Le Parti social-démocrate (SPD) est arrivé en tête avec 30,6% des voix. Par contre, l'AfD (Alternative für Deutschland, un parti d'extrême droite et anti-immigration) a terminé deuxième avec 20,8% du vote. Il a ainsi fait mieux que la CDU d'Angela Merkel, qui a fini troisième avec seulement 19% des voix.

Le 18 septembre, l'AfD a aussi fait des gains dans la ville-Land de Berlin.

Malgré tout, l'extrême droite a terminé en cinquième position avec 14,2% des voix, et ce, après les sociaux-démocrates (21,6%), le parti d'Angela Merkel (17,6%), l'extrême gauche (15,7%) et les écologistes (15,1%).

Toutefois, la performance de l'AfD inquiète plusieurs politologues, car il s'agit d'une progression importante dans les intentions de vote au sein d'une métropole cosmopolite comme Berlin.

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